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ALSACAT:

ALSACAT est mon catalogue exhaustif à terme des affaires d'OVNIS en Alsace, qu'elles soient "expliquées" ou "inexpliquées".

Le catalogue ALSACAT donne pour chaque cas un dossier comprenant un numéro de cas, un résumé, des informations quantitatives (date, lieu, nombre de témoins...), des classifications, l'ensemble des sources mentionnant l'affaire, avec leur références, une discussion du cas dans le but d'une évaluation de ses causes, et un historique des changements apportés au dossier. Un index général et des sous-catalogues thématiques donnent accès à ces dossiers Alsaciens.

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Cas de Bouxwiller, vers 1800:

Numéro de cas:

ALSACAT-1800-00-00-BOUXWILLER-1

Résumé:

Le sociologue français Bertrand Méheust, dans son livre En Soucoupes Volantes - Vers une ethnologie des récits d'enlèvements, en 1992, défendait l'idée d'un rapport entre les récits "modernes" d'enlèvements de personnes par des extraterrestres dans leurs engins volants, et de récits que l'on trouve dans le folklore, le rapport étant une nature imaginaire des deux.

Parmi les exemples issus du folklore qu'il cite à l'appui de cette thèse, se trouve un récit recueilli par le folkloriste alsacien bien connu Auguste Stoeber:

Un promeneur nommé Wendling a vu arriver vers lui, sur la route, un coche grand et lourd, dont l'équipage s'est arrêté à sa hauteur. Dès que le coche s'est en marche, Wendling avait sauté derrière pour se faire porter un peu dans la direction de son village; mais il a senti aussitôt que le coche s'élevait du sol.

Il a crié au cocher qu'il voulait descendre, mais on ne lui a pas répondu. Il est alors resté comme cloué sur place et a perdu connaissance. Quand il est revenu à lui il se trouvait, les vêtements déchirés et couverts de boue, au milieu de la forêt de Bewald, à huit lieues de l'endroit où il avait vu le coche.

L'histoire avait déjà été compilée dans un article faisant le rapprochement entre folklore et ufologie, en mars 1984, par Frédéric Dumerchat dans le magazine d'ufologie Lumières Dans La Nuit N° 237-238.

Données:

Données temporelles:

Date: ~1800
Heure: Soir.
Durée: ?
Date du premier rapport connu: 1851
Délai de rapport: Décennies.

Données géographiques:

Département: Bas-Rhin
Commune: Bouxwiller
Lieu: Au bord d'un chemin.
Latitude: 48.814
Longitude: 7.449
Rayon d'incertitude: 3 km

Données concernant les témoins:

Nombre de témoins allégués: 1
Nombre de témoins connus: 1
Nombre de témoins nommés: 1
Ages des témoins: Adulte ou âgé.
Types de témoins: Ancien maire.

Données ufologiques:

Témoignage apporté via: Tradition orale recueillie par Auguste Stoeber.
Type de lieu: Bord de chemin.
Conditions d'éclairage: Nuit ou soirée.
OVNI observé: ?
Arrivée OVNI observée: Oui
Départ OVNI observé: Non
Entité(s): Non
Photographies: Non.
Dessins par témoins: Non.
Dessins approuvé par témoins: Non.
Sentiments des témoins: ?
Interprétations des témoins: ?

Classifications:

Hynek: RR3 RR4
ALSACAT: Sans rapport avec les OVNIS.

Sources:

[Ref. ldl1:] MAGAZINE D'UFOLOGIE "LUMIERES DANS LA NUIT":

Scan.

Un ancien maire, nommé Wendling, revenait un soir, à pied, du marché de Bouxwiller (Bas-Rhin) (83). Fatigué, il s'assit. Un grande voiture s'arrêta devant lui, elle semblait pleine de monde. Quand elle repartit, il sauta derrière. Elle s'enleva du sol, il cria qu'il voulait descendre mais n'obtint pas de réponse, "il resta comme cloué à sa place et perdit conscience." Quand il revint à lui, il se trouvait au millieu [sic] d'une forêt, à huit lieues (environ trente-deux km) du point où il était parti. Ceci fut raconté par un de ses amis (84).

La note (83) est donnée comme "Chef-lieu de canton."

La note (84) est donnée comme "V riot, t.III, p. 327-328.

[Ref. ope1:] MAGAZINE D'UFOLOGIE "OVNI PRESENCE":

Dans ce magazine, Frédéric Dumerchat indique que l'on peut trouver des récits anciens de "rapts aériens" attribués à des carrosses volants en Alsace aux 18e et 19e siècles, relatés comme des histoires réelles par Auguste Stöber au 19e siècle.

L'un de ceux qu'il donne est qu'un ancien maire nommé Wendling revenait un soir à pied du marché de Bouxwiller dans le Bas-Rhin. Fatigué, il s'assit. Une grande voiture s'arrêta devant lui, qui semblait pleine de monde. Quand elle repartit, il sauta derrière.

Elle s'éleva, il cria qu'il voulait descendre mais n'obtint pas de réponse. "Il resta comme cloué sur place et perdit conscience". Quand il revient à lui, il se trouvait au milieu d'une forêt à environ 32 km d'où il était parti. Ceci fut raconté par un de ses amis.

Il donne comme source son article [ldl1].

[Ref. bmt1:] BERTRAND MEHEUST:

Une foule d'objets divers peuvent encore servir de vecteurs: cercueils de verre, bâtons et boîtes magiques, chariots ou vaisseaux volants. C'est évidemment cette dernière variante qui opère la jonction avec la thématique moderne. Une légende alsacienne raconte ainsi la mésaventure d'un promeneur qui voit arriver vers lui, sur la route, un coche grand et lourd, dont l'équipage s'arrête à sa hauteur: .Dès que le coche se remit en marche, Wendling sauta derrière et voulut se faire porter un peu dans la direction de son village; mais il sentit aussitôt que le coche s'élevait du sol. Il cria au cocher qu'il voulait descendre, mais on ne lui répondit pas; alors il resta comme cloué sur place et perdit connaissance. Quand il revint à lui, il se trouvait, les vêtements déchirés et couverts de boue, au milieu de la forêt de Bewald, à huit lieues de l'endroit où il avait vu le coche.

Il indique que sa source est Contes et Légendes Populaires d'Alsace, France Empire, pages 296-297, et qu'il s'agit d'un des récits de "transports" recueillis par Emile Stoeber.

[Ref. cvn1:] CHRISTIAN VALENTIN:

Dans son 1er chapitre consacré aux légendes et prodiges célestes d'avant l'ère des soucoupes volantes en Alsace, Christian Valentin signale que l'on trouve des histoires du folklore alsacien du milieu du 19e siècle recueillies et publiées par le folkloriste Auguste Stoeber, concernant des "diligences fantômes" et "coches volants", avec ou sans cocher, avec quelques variantes, à Kirrwiller, Bouxwiller, Ribeauvillé, Grussenheim et Biesheim.

Ces coches s'élèvent dans les airs et causent grande frayeur aux passagers, et lorsque ceux-ci ne réussissent pas à sauter avant que le coche ne prenne de la hauteur, ils se retrouvent, soit en un rien de temps à leur destination, soit ils se réveillent des heures plus tard en un lieu inconnu et éloigné.

Il remarque que ces récits à la frontière du monde des vivants et de l'imagination sont souvent teintés de fantasmagories et de visions étranges, qu'ils sont repris de génération en génération. Il remarque qu'il est tentant de faire un parallèle entre ces récits et les récits d'enlèvements par les extraterrestres, et de "missing time", des temps modernes.

Il se demande si les "soucoupes volantes" à venir ne seraient pas une adaptation moderne d'un phénomène plus large et plus complexe, présent à toutes les époques, opinion qui sera développée à la fin des années 1960 par Jacques Vallée dans son livre "chronique des apparitions extraterrestres", Denoël 1972, qui opérait un rapprochement entre les croayances populaires de la tradition orale et le phénomène des soucoupes volantes.

Discussion:

Carte.

Dans son livre, Bertrand Méheust défend une thèse concernant les récits d'enlèvements par des extraterrestres que l'on trouve en ufologie. En schématisant, il argumente que des récits d'enlèvements par des engins volants existent depuis plus longtemps que ceux impliquant des "soucoupes volantes", dans le folklore, et qu'ils sont des versions d'époque équivalents aux récits d'enlèvements d'extraterrestres actuels. Il en déduit que ces derniers sont une construction de l'esprit humain, comme l'étaient les récits du folklore, et que le "thème" de l'enlèvement par des personnages "surnaturels" dans des engins volants est un thème récurrent dans l'histoire humaine.

De ce fait, ce dossier de cas n'est pas en soi un dossier sur une observation d'OVNI. Mais, puisque rapprochement est fait avec les OVNIS, il s'agissait de le citer.

Le récit recueilli par Stoeber est une tradition orale, sans date, que je ne puis que vaguement classer comme de "1800" environ.

Voici le texte original de Stoeber [dsr1] en 1851:

Scan.

Die Gespensterkutsche

Mündlich

Ein ehemaliger Maire von Zöbersdorf, namens Wendling, kam eines Nachts von Buchsweiler Markte zu Fuß zurück und setzte sich, vom Gehen ermüdet, an einem Rebstaden nieder, in geringer Entfernung vom Riegerischen Garten und vor der Stelle, wo sich die Wege von Buchsweiler, Geisweiler, Prinzheim und Bosselshausen kreuzen. Als er eine geraume Zeit dagesessen hatte, kam eine Große, schwerrollende Rutsche die Buchsweiler Straße daher und hielt ihn gegenüber stille. Die schien ganz voller Personen. Sowie sie sich wieder in Bewegung setzte, sprang Wendling hinten auf, in der Meinung eine Strecke weit gehen seinem Dorfe mitzufahren. Allein plötzlich fühlte er, dass die Rutsche vom Boden aufgehoben wurde. Er rief über den Rutscher, das er herabspringen wollte, allein er erhielt kein Antwort, blieb wie festgenagelt auf seinem Sasse und bevor alles Bewusstsein. Als er wieder zu sich kam, lag er mit gerissenen und kothbedeckten Kleidern mitten im Bewald der Bienenwald, acht Stunden von dem Orte entfernt, wo er sich auf die Rutsche gesetzt hatte.

Wendling, setzte der befreundete Erzähler hinzu, war einer des größten Männer der Gegend, und so stark, das er mit jeder Hand ein Viertel Waizen aufheben und eine Zeitlang emporhalten konnte. Es wurde einst eine Glocke im Dorf selbst gegossen, und nachdem mehrere der stärksten Bursche vergebens versuch hatten, dieselbe miteinander in die Höhe zu heben, sagte Wendling: "Weg, Ihr Lecker, Ihr könnt Nichts!" Er nahm sie mit einer Hand am Henkel, nachdem er sich auf das Gerüste gestellt, und schwenkte sie mehrere Male hin und her.

Ma traduction en français:

Le chariot fantôme

par voie orale

Un ancien maire de Zoebersdorf, nommé Wendling, revenait une nuit à pied du marché de Bouxwiller et s'est assis, fatigué de marcher, près d'une vigne à une courte distance des jardins de Riegerischen et devant l'endroit où les chemins de Bouxwiller, Geiswiller, Prinzheim et Bosselshausen se croisent. Après qu'il soit resté longtemps assis là, un grand coche a roulé lourdement le long de la rue de Bouxwiller, et s'est arrêté près de lui. Il semblait plein de gens. Dès qu'il se remit en mouvement, Wendling a sauté à l'arrière, pensant faire un bout de chemin vers son village. Mais soudainement il a senti que le coche a été soulevé du sol. Il a cri au cocher qu'il voulait sauter à terre, mais il n'a pas eu de réponse, est resté cloué sur son siège et sans connaissance. Quand il a repris conscience, il était couché avec des vêtements déchirés et couverts de boue en plein Bewald [*] ou Bienenwald à huit heures de l'endroit où il s'était assis sur le coche.

Wendling, a ajouté l'aimable narrateur, avait été l'un des plus grands hommes de la région, et si fort qu'il pouvait soulever dans chaque main un quart de blé et jusqu'à le soulever pendant un certain temps. Il y avait eu une fois une cloche tombée dans le village lui-même, et après que plusieurs des gars les plus forts aient essayé vainement de soulever ladite chose en l'air, Wendling a dit, "Dégagez, minables, vous n'arrivez à rien!" Il l'a prise par la poignée d'une main après être resté debout sur l'échafaudage et l'a agitée d'avant en arrière plusieurs fois.

[*] "Bewald ou Bienenwald": il s'agit probablement de la forêt disparue dite Bienenwald (soit "Forêt des Abeilles"), lieu d'une bataille en 1792, où est listée une des sources de la région de Bouxwiller.

Mais une autre histoire, ou autre version de la même histoire, dit que l'on voit souvent circuler vers la grande route de Kirleiler à Bouxwiller, entre minuit et une heure du matin, un grand carrosse attelé de deux chevaux noirs. Des bourgeois qui rentraient à Bouxwiller l'avaient rencontré, s'y étaient assis, et le carrosse s'est envolé. Les deux bourgeois ont eu "toutes les peines du monde à sauter à terre," et ils l'ont vu s'élever de plus en plus haut et disparaître tout à fait. Ils auraient aussi entendu une belle musique qui avait continuée bien après la disparition du carrosse.

On voyait aussi des carrosses volants à Gruffenheim, et celui de Biesheim portait des hommes et des femmes en costumes antiques.

Il y a aussi un "veau fantôme" à Ingweiler (maintenant Ingwiller), également une herbe qui, s'y l'on marche dessus, fait oublier où l'on va, un diable qui maudit l'avoine, des fêtes étranges en pleine nuit dans la campagne, un trésor qui s'envole lentement dans les airs quand on approche une fleur, une dame blanche au lavoir d'Oberbronn, et ainsi de suite. En fait, le "coche volant" est une histoire "classique" comme le pense B. Méheust, mais elle n'est qu'un "type" d'histoire parmi des dizaines d'autres types d'histoires qui n'ont de toute évidence aucun rapport même lointain avec la question des OVNIS.

Avec la version intégrale de l'histoire, on pourrait aussi plaider que l'histoire de Wendling soulevant et agitant la lourde cloche est la version ancienne dans le folklore des "superhéros" modernes.

Ce "choix" sélectif (et par portions) des seuls récits "ressemblant" aux "enlèvements extraterrestres" dans le folklore, comme ceux des coches volants, est selon moi une erreur de type "post-hoc", et "effet tiroir". La même erreur que celle qui consiste à choisir dans la Science-Fiction d'avant l'ère des "soucoupes volantes" seulement les illustrations montrant des engins en forme de "soucoupes volantes" alors qu'il y en a tant avec des formes tellement différentes (la plupart ressemblaient à des fusées, non des soucoupes ou disques).

Il est évident dans mon opinion qu'une "thématique" dites des enlèvements extraterrestres existe, apparue dans l'ère moderne des OVNIS, peu à peu. Pour moi, sa cause n'a rien à voir avec l'ancien folklore, alsacien ou non. Cela a à voir avec le fait que des affaires d'enlèvement rapportés et largement médiatisé (les Hill, Hickson et Parker, Travis Walton...), qui pourraient être réels, ont d'une part peu à peu été "investigué" par l'hypnose, ce qui génère facilement des faux souvenirs d'enlèvements, stéréotypés, ou ramènent au conscient des épisodes d'hallucinations hypnagogiques mettant en jeu des rêves d'enlèvements extraterrestres depuis que ceux-ci sont connus d'un large public.

Dans de telles affaires, que je connais, l'idée d'une "inspiration" venant du folklore ancien est totalement inutile. Ce sont les récits initiaux médiatisés des Hill, Walton, et autres qui fournissent les bases d'une "inspiration" tant pour la fiction (séries, cinéma) qui s'en inspirent que pour des hallucinations hypnagogiques, et évidemment également pour de pures inventions.

En somme, l'idée de la "culture" comme "influence" de récits d'enlèvement extraterrestre, pour moi, ne doit ni être totalement évacuée, ni être affirmé être la cause unique de tous ces récits. Je pense que seule un approche au cas par cas permet d'évaluer la situation et de dégager la part des canulars, hallucinations hypnagogique, méprises, mauvaises interprétations volontaires ou involontaires de textes anciens par des ufologues, problèmes psychologiques ou même psychiatriques, et éventuellement réels enlèvements extraterrestres.

Cet approche au cas par cas est celle que je pratique avec mon catalogue des RR3, et c'est elle qui fonde mes idées données ci-dessus.

Je dois encore aborder le fait que de tels récits de "coche volants" sont parfois interprétés différemment de l'interprétation qu'en fait B. Méheust.

Une des autres interprétations est pour certains ufologues, occasionnellement ou presque systématiquement, que de réels enlèvements extraterrestres sont racontés là, mais dans le "langage" et avec les "images" de l'époque. Le "coche volant" serait bien un engin extraterrestre, mais comme cette notion n'existait pas dans l'esprit des témoins, la description n'est tout simplement pas "moderne". Là encore, je pense que seul un examen au cas par cas peut justifier ou faire rejeter cette interprétation. Toutefois, je considère l'idée de la difficulté de description est à retenir. Si des extraterrestres sont impliqués, alors, pour moi, il va de soi que le ou les témoins ne peuvent qu'avoir toutes les peines du monde à percevoir correctement, comprendre, et rendre compte correctement, de l'événement. (Lire les récits de rencontres entre civilisations humaines pourtant "peu différentes" pour en établir le constat).

En somme, comme souvent, les arguments sont réversibles: les uns disent que puisque les récits d'enlèvements en soucoupe existaient sous forme d'enlèvement en coche volant dans le folklore, les deux sont folklore; les autres disent que puisque les enlèvements en soucoupes existaient dans le passé comme enlèvements en coche volants, les coches volants étaient des soucoupes volantes, la science-fiction n'ayant pu exercer la moindre influence là.

Une autre interprétation encore est qu'il y a là un "phénomène" non pas extraterrestre, mais autre (John Keel parlait "d'ultraterrestres". Les créatures et leurs engins seraient "réels" mais venu d'on ne sait trop quel "autre monde" coexistant "quelque part" à côté du nôtre. Ces "ultraterrestres" se livreraient depuis la nuit des temps à une "manipulation" en faisant voir des choses qui ne seraient pas ce qu'elles sont réellement, dans je ne sais quel but. Outre que lé encore, je défends non seulement que seul un examen au cas par cas peut permettre de discuter de cette thèse-là, mais également que c'est une thèse bien moins "économique" que celle de visiteurs extraterrestres. Un autre variante est que des "extraterrestres" nous feraient voir des choses "absurdes" pour se camoufler ainsi par l'absurde, ou nous "influencer" dans quelque but rarement précisé.

En aucun cas je ne pense qu'un mécanisme "d'inspiration", qu'il soit d'origine folklorique ou venant des récits modernes d'enlèvement extraterrestres, ne peut réellement prouver que tout récit de type enlèvement extraterrestre serait forcément dans fondement réellement "extraterrestre". Mais en aucun cas je ne pense qu'aucun récit moderne ne proviendrait pas d'une "inspiration", au contraire, je pense que c'est le cas la plupart du temps.

Il y a bien des récits dans le folklore qui "ressemblent" plus ou moins à des récits d'enlèvements extraterrestres "modernes".

Les ressemblances sont, au moins pour ce qui concerne l'Alsace, trop superficielles pour que l'on puisse considérer que ces récits anciens sont ceux d'enlèvement extraterrestres.

Les ressemblances sont également trop superficielles pour que l'on puisse énoncer que tous les récits d'enlèvements extraterrestres s'expliquent comme un folklore dû à l'imagination pure, dans une version modernisée. Si un récit du type "enlèvement extraterrestre" n'a que peu de chances d'être expliqué par une "méprise", il n'en demeure pas moins d'autres explications triviales. Par exemple, les hallucinations hypnagogiques, ou des souvenirs en fait illusoires induits par l'usage de l'hypnose dans un but d'enquête ufologique. Il reste encore les canulars purs, et, très exceptionnellement, des affaires pour lesquelles aucune de ces explication n'est entièrement convaincante, voir peu convaincante.

En somme, presque toujours, je trouve bien plus à dire, au cas par cas, sur de telles affaires, qu'un simple énoncé d'une simple nature de "folklore modernisé" ou n'importe quelle autre théorie généralisée.

Alors voyons cette affaire "au cas par cas" comme je plaide qu'il convient de le faire. Pour moi, les faits sont:

Imaginons que ce récit ait une base réelle. C'est parfaitement possible, les lieux correspondent au récit, et la ferme Wendling à Zoeberdorf est classée monument historique. Contrairement à d'autres "traditions orales", le témoin est identifié, c'est quelqu'un de bien connu localement, l'ancien maire de Zoebersorf. Mais ce n'est pas un récit d'enlèvement. Wendling saute à l'arrière du coche volontairement. Il parle au cocher. Il n'est pas effrayé du tout, et voit qu'il a affaire à un coche ordinaire avec un cocher ordinaire. Seul le "décollage" ultérieur du coche semble alors "extraordinaire".

Je peux parfaitement proposer que l'origine du récit est que Wendling est bien monté à l'arrière du coche pour rentrer chez lui (au maximum à 8 km) plus confortablement qu'à pied, qu'il a crié au cocher de le prendre, mais qu'il est tombé et a perdu connaissance. Peut-être a-t-il alors inventé l'histoire du coche quittant le sol, peut-être a-t-il rêvé cela, peut-être est-il tombé parce que le coche a rebondi dans une ornière, son "envol" n'étant qu'un fort soubresaut. Peut-être avait-il crié au cocher qu'il voulait descendre à cause des cahots et de l'inconfort résultat, et a fini par tomber. J'imagine fort aisément qu'il avait beaucoup bu au marché... Ne s'était-il pas assis longtemps, lui, un homme si costaud, après avoir peu marché en sortant de Bouxwiller? L'histoire sent le vin d'Alsace à plein nez...

Peut-être, arrivé en sale état à Zoebersdorf, où il était ancien maire, une personnalité, avec la force de Superman, a-t-il été vu avec ses vêtements déchirés et crottés. Peut-être a-t-il dû s'expliquer, et a-t-il brodé une histoire un peu plus glorieuse qu'une simple chute du coche due à une ivresse?

La seule étrangeté apparente mentionnée est qu'il se retrouve ainsi "à huit lieues" de l'endroit où il avait vu le coche. Mais dans l'original de 1851, et la plupart des réeditions de l'époque, je vois qu'il est écrit "huit heures". C'est tardivement (source citée par B. Méheust) que les heures deviennent des lieues. "Lieues" en allemand se dit "Ligen", "Stunden" signifie "Heures" et non "lieues". S'il y simplement eu un soubresaut qui a fait "bondir", "voler" en quelque sorte, le coche, faisant surtout "voler" Wendling dans le fossé, et qu'il était ivre, il a bien pu y rester des heures, et cette étrangeté est alors explicable sinon expliquée. Le changement de lieu ne serait qu'un résultat d'une mauvaise compréhension du récit oral.

Alors, doit-on vraiment tirer des enseignements sur les enlèvements extraterrestres à partir d'une telle histoire?

Il se trouve que des récits de "coches volants" dans le même secteur sont abondants - au moins un autre d'entre eux a fait son entrée en ufologie - ; avec des variantes, mais bien des points communs. L'un des points communs est évidemment qu'il s'agit de contes folkloriques; il n'y a aucun "constat" par quelque autorité, ce sont juste des récits colportés de personne en personne. Cela peut dès lors aussi être du folklore tout simplement, sans aucune réalité, sans qu'il n'y ait la moindre justification à y chercher une histoire vraie au départ. Le seul fait qu'il y ait des récits similaires mais tout de même différents pour ce qui est des lieux et des personnes dans la même région plaide en faveur de cette explication, mais le "réalisme" des lieux, et le peu d'étrangeté réelle des faits, me semble plutôt plaider pour le scénario que je propos plus haut.

Carte.

Suppléments au 28 mai 2021:

L'histoire dont la source primaire est Auguste Stoeber [dsr1], a été reprise dans plusieurs ouvrages de folkloristes, dans une version dont la première est celle de Variot [jvt1] en 1920, cité dans [ldl1]:

Un ancien maire de Zäbersdorf, nommé Wendling, revenait un soir à pied du marché de Bouxwiller. Fatigué, il s'assit au bord d'une route. Après qu'il fut resté là un certain temps, une grande et pesante voiture, venant par la route de Bouxwiller s'arrêta devant lui. Elle semblait pleine de monde. Quand elle se remit en mouvement, Wendling sauta dessus par derrière, pensant faire un bout de chemin du côté de chez lui. Il sentit tout à coup la voiture s'enlever du sol. Il cria au cocher qu'il voulait descendre; mais il 'obtint pas de réponse, "il resta comme cloué à sa place et perdit conscience." Quand il revint à lui, il se trouvait au millieu d'une forêt, à huit lieues (environ trente-deux km) du point où il était parti. Ceci fut raconté par un de ses amis.

On la retrouve dans un livre de Gabriel Gravier [ggr1] en 1984, dans un livre de Christophe Méchin [cmn1] en 2004.

Evaluation:

Sans rapport avec les OVNIS.

Références des sources:

* = Source dont je dispose.
? = Source dont l'existence m'est signalée mais dont je ne dispose pas. Aide appréciée.

Historique du dossier:

Rédaction

Auteur principal: Patrick Gross
Contributeurs: Aucun
Reviewers: Aucun
Editeur: Patrick Gross

Historique des changements

Version: Créé/changé par: Date: Description:
0.1 Patrick Gross 24 février 2018 Création, [dsr1], [bmt1].
1.0 Patrick Gross 24 février 2018 Première publication.
1.1 Patrick Gross 28 mai 2021 Additions [ldl1], [jvt1], [ggr1], [cmn1]. Dans la Discussion, addition de la partie "Suppléments au 28 mai 2021". Dans le Résumé, addition du paragraphe "L'histoire avait déjà été compilée..."
1.2 Patrick Gross 13 juin 2021 Addition [ope1].
1.3 Patrick Gross 26 février 2023 Addition [cvn1].

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Cette page a été mise à jour le 26 février 2023.