ALSACAT-1990-11-05-WITTENHEIM-1
Le 5 novembre 1990, vers 19:01 à 19:02, des débris d'une fusée russe sont passés dans le ciel de France, y compris au-dessus de l'Alsace. Des décennies plus tard, il y a encore de nombreux ufologues appelant cela une "vague d'OVNIS", comme si chaque témoignage était celui d'un OVNI différent.
Parmi les personnes qui avaient observé et identifié correctement ce qui se passait, il y a eu Daniel Karcher, astronome amateur de Wittenheim et correspondant de Pierre Neirinck, autre astronome amateur spécialisé justement dans le suivi de satellites et les rentrées dans l'atmosphère de débris spatiaux artificiels et naturels.
Daniel Karcher a fait son observation à Wittenheim semble-t-il, à 19:01. Il indique une direction allant de l'Ouest-Sud-Ouest à l'Est-Nord-Est, une inclinaison orbitale entre 51° et 65°, avec culmination à environ 60° au Nord-Ouest,
Il indique le passage près de l'étoile polaire à 19:01:15 à une élévation de 48° +- 2°. Il l'a vu d'abord à l'azimut 280° à plus ou moins 10+ près, et l'a perdu de vue à l'azimut 65 à plus ou moins 10 degrés et une élévation de 25°.
Il donne la vitesse angulaire comme 5 degrés par secondes.
Son rapport comporte presque toutes les précisions que l'on peut attendre d'un observateur versé en astronomie, et qui sont presque systématiquement et bien naturellement absentes des témoignages des gens "ordinaires".
Il avait faxé ses informations à son ami Pierre Neirinck le soir même, et ce dernier avait transmis cela par fax également au SEPRA, le "Service d'Etude des Phénomènes de Rentrées Atmosphérique" du CNES, le Centre National d'Etude Spatial, avec l'explication correcte, celle d'une rentrée dans l'atmosphère de débris spatiaux, et non pas un météore, qui aurait été beaucoup plus rapide. Il faudra cependant quelques jours encore avant que le SEPRA ne donne la bonne explication via les médias. Ce regrettable délai fera par la suite couler beaucoup d'encre.
L'observation ci-dessus est donc ce que l'on désigne en ufologie comme un cas "négatif", c'est-à-dire que le témoin lui-même avait de suite trouvé une explication triviale correcte à son observation. Faut-il s'étonner que les tenants de la "vague d'OVNI du 5 novembre 1990" n'en fassent aucunement état?
Date: | 5 novembre 1990 |
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Heure: | 19:01 |
Durée: | ? |
Date du premier rapport connu: | 5 novembre 1990 |
Délai de rapport: | Minutes, heures. |
Département: | Haut-Rhin |
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Commune: | Wittenheim |
Lieu: | Wittenheim, phénomène dans le ciel. |
Latitude: | 47.810 |
Longitude: | 7.337 |
Rayon d'incertitude: | 2 km |
Nombre de témoins allégués: | 1 |
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Nombre de témoins connus: | 1 |
Nombre de témoins nommés: | 1 |
Ages des témoins: | Adulte. |
Types de témoins: | Astronome amateur. |
Témoignage apporté via: | Fax à expert en rentrée de débris spatiaux Pierre Neirinck. |
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Type de lieu: | Phénomène dans le ciel. |
Conditions d'éclairage: | Nuit |
OVNI observé: | N/A |
Arrivée OVNI observée: | ? |
Départ OVNI observé: | Oui |
Entité(s): | Non |
Photographies: | Non. |
Dessins par témoins: | Oui. |
Dessins approuvé par témoins: | Oui. |
Sentiments des témoins: | ? |
Interprétations des témoins: | Rentrée de satellite. |
Hynek: | LN |
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ALSACAT: | Rentrée de débris spatiaux. |
[Ref. pnk1:] PIERRE NEIRINCK - DANIEL KARCHER:
SATTRACK
Pierre NEIRINCK
117, Digue de Mer
Malo-les-Bains
TELECOPIE
28291103
5/6 Nov 1990
L'intrigante procession de lumières multicolores observée à 19 h au-dessus de l'Europe occidentale était caractéristique de la désintégration d'un satellite artificiel.
Mon collègue Daniel Karcher de Wittenheim l'a observée et m'a aussitôt télécopié le rapport suivant.
+2=Eclat de la Polaire
-1=1ère grandeur en Véga
-3=Presque aussi brillante que Vénus
Magnitude +1
Traînée brillante bien définie
5+
-5
jaune
Sens WSW -> ENE
Inclinaison orbitale entre 51° et 65°
=plus brillant que Jupiter
Culmination à environ 60° au NW
Passe près de l'étoile polaire à 180115.21
(10h01"15s heure Fr.
Hauteur 48° +- 2°
Vu Azimut 280 +-10
Culmine avant le Nord
Perdu Az 65° +- 10 hauteur 25°
Il confirme que la vitesse angulaire était voisine de celle que j'ai observée lors de la dizaine de désintégrations suivies depuis 1960, soit 5 degrés par seconde.
Il est facile de différencier un satellite en désintégration d'un bolide: le satellite traverse le ciel en un peu plus d'une minute, le bolide ne met que de 2 à 20 sec et a rarement une trajectoire complète.
Les diverses couleurs observées par le public s'expliquent par la variété des matériaux dont est composé le satellite.
Le satellite était à environ 110 km d'altitude au SW de la France et 80 km sur l'Allemagne.
Prière de télécopier tout rapport qui serait presque aussi précis que celui ci-dessus, en vue de l'identification et des calculs d'altitude.
Pierre Neirinck
(membre du Comité de Tracking de la Royal Society
Directeur honoraire du Satellite Orbits Group)
[Ref. dna2:] JOURNAL "DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE":
Insolite
Mais que s'est-il donc passé dans le ciel de l'Alsace ce lundi soir? Un grosse météorite s'est-elle désintégrée en rentrant dans l'atmosphère au-dessus de la France? Un satellite est-il retombé sur Terre? Ou un morceau de fusée? De station spatiale? Ou... ou les extraterrestres (s'ils existent - et nous n'en avons pas encore la preuve) ont-ils voulu épater les terriens par un "show" lumineux exceptionnel? Restons sérieux. Et gardons les pieds sur Terre.
Toujours est-il que l'ovni de lundi soir, qui a été observé dans le ciel alsacien et dans plusieurs pays européens, donne du fil à retordre aux scientifiques. si certains expert présentent des explications a priori plausibles, d'autres sont moins affirmatifs et hésitent à trancher en faveur d'une hypothèse. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les témoignages alsaciens que nous avons recueillis toute la journée au DNA sont plutôt déroutants...
L'ovni de lundi soir était une météorite qui a explosé en rentrant dans l'atmosphère, a expliqué hier un porte-parole de l'Observatoire populaire de Munich. L'objet s'est déplacé d'ouest en est et était suivi d'une traînée de fumée. Les scientifiques attendent des renseignements plus détaillés sur le phénomène lumineux grâce à 25 caméras automatiques installées en Allemagne du Sud pour surveiller les apparitions de météores. D'ici quelques jours, les experts espèrent pouvoir déterminer la trajectoire exacte de l'objet et localiser l'endroit de l'impact où l'on trouvera éventuellement quelques débris de la météorite de lundi. Voici l'explication bien logique et apparemment bien plausible du phénomène étrange de l'autre soir.
Et l'observation d'un pilote sur la ligne Bruxelles-Francfort confirmerait "l'hypothèse allemande". Il affirme en effet [que] peu après 19 heures son avion a été "doublé par une étoile filante" qui a éclaté en une quinzaine de morceaux dont certains avaient l'éclat de la pleine lune.
Mais voilà. La rentrée d'une météorite dans l'atmosphère est un phénomène rapide qui dure tout au plus quelques secondes. Et tous les témoignages que nous avons recueilli hier aux "Dernières Nouvelles d'Alsace" - et il y en avait bien une vingtaine - font état d'un phénomène lent qui a duré pour certains une vingtaine de secondes, pour d'autres jusqu'à deux-trois minutes.
"J'ai observé l'apparition pendant 15 à 30 secondes", raconte M. Jean-Paul Blind de Valff. "J'ai vu les lumières au-dessus du Mont Sainte-Odile se diriger vers Strasbourg. C'était comme deux grands phares blancs suivis d'une grosse traînée et flanquée de 8 à 10 lumières rougeâtres ressemblant à des feux de positions."
"L'apparition a duré 30 à 40 secondes, raconte Jean-Marie Keller de Batzendorf qui a vu le phénomène "se déplacer du sud-ouest vers le nord-ouest en direction de l'Allemagne. La vitesse de l'objet était contrôlée, il n'a pas fait le moindre bruit. Les lumières dont une était plus grande étaient blanches. à l'arrière il y avait un autre phare qui s'allumait et d'éteignait périodiquement. Et j'ai vu encore une dizaine d'autres lumières..."
"C'étaient trois objets en forme de V qui venaient de Saverne et se dirigeaient vers l'Allemagne", explique M. Ferry de Hochfelden. "Derrière il y avait une quatrième lumière" et la forme de losange était "suivie d'au moins 9 autres points lumineux. L'objet a survolé le ciel pendant trois minutes avant de disparaître."
Encore plus fantastique, le témoignage de Mme Clouet, de Neufgrange qui a observé lundi soir vers 19 h 05 une "grosse sphère sombre suspendue dans le ciel, couverte de nombreux hublots carrés éclairés comme des fenêtres. Alors que la sphère était immobile, 6 à 7 boules lumineuses suivies d'une traînée se déplaçaient à distance dans le ciel. J'étais très impressionnée, tout comme mon fils Michaël de 7 ans, qui m'accompagnait, mais je n'avais pas peur..."
Pour Pierre Neirinck de Dunkerque, membre du Comité de Tracking de la Royal society britannique, le mystère s'explique: "L'intrigante procession de lumières multicolores observées au-dessus de l'Europe occidentale était caractéristique de la désintégration d'un satellite artificiel." L'observation de M. Karcher de Wittenheim (cf. DNA d'hier) "confirme la dizaine de désintégrations suivies depuis 1960. Il est facile de différencier un satellite d'un bolide: le satellite traverse le ciel en un peu plus d'une minute, le bolide met 2 à 20 secondes..." Après analyse de plusieurs témoignages, la chute d'un satellite ou d'une fusée reste pour M. Karcher l'explication la plus plausible du phénomène.
D'autres hypothèses sont avancées comme le survol de la France par une patrouille des fameux avions invisibles F 117 qui auraient été à l'origine des ovnis de Belgique en avril dernier...
Mme Acker, directrice du planétarium de Strasbourg, s'en tient, pour l'instant, aux explications scientifiques, tout en admettant que la lenteur du phénomène est intrigante. Même constatation chez M. Christian Morgenthaler de l'association "Lumières dans la nuit" (délégation ovnis Nord-Alsace) qui se propose de rassembler un maximum de témoignages sur ce phénomène étrange, en coopération avec le SEPRA (Service d'étude des phénomènes de rentrée atmosphérique) d Centre national d'études spatiales (*).
Le CNES a d'ailleurs annoncé, hier soir, l'ouverture d'une enquête sur le phénomène lumineux qui paraît pour le moins bizarre. Au stade actuel, il n'est pas possible de se prononcer sur l'origine exacte de cet événement, précise un communiqué du CNES. Le ciel garde encore son mystère. Pour combien de temps?
Willy BODENMULLER
(*) Christian Morgenthaler, 3, rue des Pierres, 67520 Odratzheim, tél 88 50 64 26.
[Ref. dna3:] JOURNAL "DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE":
Espace
Le mystère des "boules de feu" éclairci
Une centaine de témoignages écrits et environ autant de coups de téléphone - tel est le bilan de notre "Opération ovni" à la suite du phénomène lumineux observé par de nombreuses personnes dans la soirée du 5 novembre dans le ciel d'Alsace. De Mulhouse à Wissembourg nos lecteurs se sont mobilisés. Témoins de cette apparition insolite, ils ont joué aux reporters en relatant, parfois avec une étonnante précision, leurs observations souvent accompagnées de croquis et de dessins.
Nous les en remercions. L'ensemble de ces documents constitue une mine de renseignements exceptionnels que nous transmettons au Centre national d'études spatiales (CNES). Au Service d'expertises pour les phénomènes de rentrées atmosphériques (SEPRA) à Toulouse, ces "enquêtes" de nos lecteurs permettront de mieux cerner ce phénomène qui était dû à la chute d'un morceau de fusée soviétique (cf. DNA du 10-11-90)*)
De toute évidence, les Martiens n'ont pas atterri en cette soirée du 5 novembre et les extraterrestres ne nous ont pas encore rattaché à l'empire galactique - n'en déplaise à Raël, "le messager des extraterrestres", qui a participé mardi soir à TF1 à une émission consacrée à l'ovni du 5 novembre et dont le mouvement a tenu une conférence vendredi soir à la faculté de lettres de Strasbourg pour "faire part d'un message capital pour l'humanité".
De toute évidence, le phénomène n'était pas non plus provoqué par la chute et l'éclatement dans l'atmosphère terrestre d'une météorite. L'hypothèse avancée quelques heures après l'événement par des astronomes allemands de Munich était donc eronnée. Notons ici que ce n'étaient pas des astronomes professionnels qui soutenaient cette thèse, mais le porte-parole de l'observatoire populaire qui regroupe essentiellement des amateurs et des curieux du ciel.
En revanche, M. Daniel Karcher, de Wittenheim, qui informe régulièrement nos lecteurs sur les périodes de visibilité des satellites et des stations spatiales, avait vu juste en affirmant dès le 5 novembre que le phénomène était dû à la chute d'un satellite ou de l'étage d'une fusée récemment lancée. En l'absence d'informations précises de la part des autorités ou des centres spatiaux, il y avait cependant un certain flottement - et beaucoup d'interrogations.
Le vendredi 9 novembre, le CNES publiait un communiqué précisant que "l'objet immatriculé 20925/1990/094 C, le troisième étage d'un lanceur soviétique, se trouvant sur une orbite d'attente est redescendu le 5 novembre à 19 h" et a traversé la France, dans sa phase finale, sur une ligne Pau-Strasbourg. Le même jour, le quotidien "Bild" fournit la même explication en citant des sources américaines. Pour les experts US, le phénomène a eu lieu à 19 h 06, or il a été observé au-dessus de l'Alsace à 19 h 01...
D'où vient cet écart? Selon M. Karcher, qui a calculé la trajectoire de rentrée de l'objet, 19 h 06 correspond au moment de l'impact, l'instant où les derniers débris (s'il en restait) ont touché le sol. Le 3e étage aurait en effet survolé le Golfe de Gascogne à une altitude de 110 km pour se diriger ensuite vers Royan et Nevers. A 19 h 01, l'objet se trouve à la verticale de Saint-Dié, quelques secondes plus tard il survole Geispolsheim au sud de Strasbourg à une altitude de 83 km, une minute plus tard Nuremberg (le phénomène a été bien observé en Bavière du Nord). A 19 h 03, il passe au sud de Prague, à 19 h 05 au nord de Kiev pour atteindre à 19 h 06 une région située 450 km au sud de Moscou.
L'objet, de la taille d'un autobus, était le 3e étage d'une fusée Proton qui devait mettre sur orbite, le 3 novembre dernier, le satellite de télécommunication Gorizont 21. "L'objet était un cylindre long de 10 à 15 mètres avec un diamètre de 3 à 4 mètres pesant quelques tonnes", nous a expliqué l'autre jour M. Daniel Metzlé, le chef du service de presse du CNES en marge du colloque sur la politique spatiale française à la Sorbonne. "Imaginez que depuis les temps du Spoutnik il y a maintenant 7500 objets qui gravitent autour de la Terre, dont 1500 sont "actifs". Pas étonnant que de temps en temps ils nous surprennent par un feu d'artifice céleste - boules de lumières multicolores, étincelles, traînées lumineuses etc, en se désintégrant dans l'atmosphère comme en cette soirée du 5 novembre.
D'abord "nous avons vu une lumière blanche", écrit Mr. L. W. de Wahlenheim, qui distingue, quelques instants plus tard "deux autres points lumineux des deux côtés de la lumière blanche. Ces deux lumières sont moins intense en virant l'une vers le bleuté, l'autre vers l'orange... Puis suivent d'autres lumières blanches (beaucoup plus petites que les trois autres) avec des traînées." Lorsque le phénomène s'éloigne en direction de Haguenau, donc vers le nord-est, "nous apercevons des traînées derrière les trois grosses boules, de teinte plutôt jaune que blanche... L'ensemble se déplaçait sans bruit audible à la vitesse apparente d'un avion en approche de piste."
La plupart de nos lecteurs ont été fascinés par la "beauté féerique et surnaturelle" du spectacle, par le "silence" de ce "feu d'artifice céleste"... Dans très peu de temps, nous assisterons peut-être à nouveau à un tel spectacle lorsqu'en janvier prochain la station soviétique Saliout 7 retombera sur Terre. A condition que la trajectoire passe à ce moment-là par-dessus la France...
Willy BODENMULLER
(*) L'Association "Lumières dans la nuit" (Délégation ovnis - Nord Alsace, M. Christian Morgenthaler, Odratzheim, tél 88 50 64 26) nous a également communiqué le bilan de ses enquêtes.
Saliout 7 au-dessus de l'AlsaceLa station Saliout 7 inoccupée gravite actuellement à 310 km d'altitude autour de la Terre. Elle s'approcher progressivement de notre planète: sa chute dans l'atmosphère est attendue pour fin janvier. Ces jours-ci, la station est visible comme une étoile brillante dans le ciel alsacien. M. Karcher vient de nous communiquer les heures de passages suivantes: dimanche 18/11. 17 h 51 à 43° au-dessus de l'horizon nord; 19 18 h 06, 43° N; 20, 18 h 21, 53° N; 21, 18 h 36 au zénith; 22, 16 h 15, 48° N; 23, 18 h 48, 30° ouest. |
[Ref. dna1:] JOURNAL "LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE":
Une centaine de témoignages écrits et environ autant de coups de téléphone - tel est le bilan de notre "Opération ovni" à la suite du phénomène lumineux observé par de nombreuses personnes dans la soirée du 5 novembre dans le ciel de l'Alsace. De Mulhouse à Wissembourg, nos lecteurs se sont mobilisés. Témoins de cette apparition insolite, ils ont joué aux reporters en relatant, parfois avec une étonnante précision, leurs observations souvent accompagnées de croquis et de dessins.
Nous les en remercions. L'ensemble de ces documents constitue une mine de renseignements exceptionnels que nous transmettons au Centre national d'études spatiales (CNES). Au Service d'expertise pour les phénomènes de rentrées atmosphériques (SEPRA) à Toulouse, ces "enquêtes" de nos lecteurs permettront de mieux cerner ce phénomène qui était dû à la chute d'un morceau de fusée soviétique (cf. DNA du 10-11-90)*).
De toute évidence, les Martiens n'ont pas atterri en cette soirée du 5 novembre et les extraterrestres ne nous ont pas encore rattaché à l'empire galactique - n'en déplaise à Raël, "le messager" des extraterrestres, qui a participé mardi soit à TF1 à une émission consacrée à l'ovni du 5 novembre et dont le mouvement a tenu une conférence vendredi soir à la faculté des lettres de Strasbourg pour "faire part d'un message capital pour l'humanité".
De toute évidence, le phénomène n'était pas non plus provoqué par la chute et l'éclatement dans l'atmosphère terrestre d'une météorite. L'hypothèse avancée quelques heures après l'événement par des astronomes allemands de Munich était donc erronée. Notons ici que ce n'étaient pas des astronomes professionnels qui soutenaient cette thèse, mais le porte-parole de l'observatoire populaire qui regroupe essentiellement des amateurs et des curieux du ciel.
En revanche, M. Daniel Karcher, de Wittenheim, qui informe régulièrement nos lecteurs sur les périodes de visibilité des satellites et des stations spatiales avait vu juste en affirmant dès le 5 novembre que le phénomène était dû à la chute d'un satellite ou de l'étage d'une fusée récemment lancée. En l'absence d'informations précises de la part des autorités ou des centres spatiaux, il y avait cependant un certain flottement - et beaucoup d'interrogations.
Le vendredi 9 novembre le CNES publie un communiqué précisant que "l'objet immatriculé 20925/1990/094C. le troisième étage d'un lanceur soviétique, se trouvant sur une trajectoire d'attente est redescendu le 5 novembre à 19 h" et a traversé la France, dans sa phase finale, sur une ligne Pau-Strasbourg. Le même jour, le qootidien allemand "Bild" fournit la même explication en citant des sources américaines. Pour les experts US, le phénomène a eu lieu à 19 h 06, or il a été observé au-dessus de l'Alsace à 19 h 01...
D'où vient cet écart? Selon M. Karcher, qui a calculé la trajectoire de rentrée de l'objet, 19 h 06 correspond au moment de l'impact, l'instant où les derniers débris (s'il en restait) ont touché le sol. Le 3e étage aurait en effet survolé le golfe de Gascogne à une altitude de 110 km pour se diriger ensuite vers Royan et Nevers. A 19 h 01, l'objet se trouve à la verticale de St-Dié, quelques secondes plus tard il survole Geispolsheim au sud de Strasbourg à une altitude de 83 km, une minute plus tard Nuremberg (le phénomène a été bien observé en Bavière du Nord). A 19 h 03, il passe au sud de Prague. à 19 h 05 au nord de Kiev pour atteindre à 19 h 06 une région située 450 km au sud de Moscou.
L'objet, de la taille d'un autobus, était le 3e étage d'une fusée Proton qui devait mettre sur orbite, le 3 novembre dernier, le satellite de télécommunications Gorizont 21. "L'objet était un cylindre long de 10 à 15 mètres avec un diamètre de 3 à 4 mètres pesant quelques tonnes", nous a expliqué l'autre jour M. Daniel Metzlé, le chef du service de presse du CNES en charge du colloque sur la politique spatiale française à la Sorbonne. "Imaginez que depuis les temps du Spoutnik il [y] a maintenant 7 500 objets qui gravitent autour de la Terre, dont 1 500 sont "actifs". Pas étonnant que de temps en temps ils nous surprennent par un feu d'artifice céleste - boules de lumière multicolores, étincelles, traînées lumineuses, etc., en se désintégrant en rentrant dans l'atmosphère comme en cette soirée du 5 novembre.
D'abord, "nous avons vu une forte lumière blanche", écrit M. L.W. de Wahlenheim, qui distingue quelques instants plus tard "deux autres points lumineux des deux côtés de la lumière blanche. Ces deux lumières sont moins intenses en virant l'une vers le bleuté, l'autre vers l'orange... Puis suivent d'autres lumières blanches (beaucoup plus petites que les trois autres) avec des traînées". Lorsque le phénomène s'éloigne en direction de Haguenau, donc vers le nord-est, "nous apercevons des traînées derrière les trois grosses boules, de teinte plutôt jaune que blanche... L'ensemble se déplaçait sans bruit audible à la vitesse apparente d'un avion en approche de piste..
La plupart de nos lecteurs ont été fascinés par la "beauté féérique et surnaturelle" du spectacle, par le "silence* de ce "feu d'artifice céleste"... Dans très peu de temps, nous assisteront peut-être à nouveau à un tel spectacle, lorsqu'en janvier prochain la station soviétique Saliout 7 retombera sur Terre. A condition que la trajectoire passe à ce moment-là par-dessus la France...
Willy BODENMULLER
(*) L'Association "Lumières dans la nuit" (Délégation ovnis - Nord Alsace, M. Christian Morgenthaler, Odratzheim, tél. 88 50 64 26) nous a également communiqué le bilan de ses enquêtes.
La station Saliout 7 inoccupée gravite actuellement à 300 km d'altitude autour de la Terre. Elle s'approchera progressivement de notre planète: sa chute dans l'atmosphère est attendue pour fin janvier. Ces jours-ci, la station est visible comme une étoile brillante dans le ciel alsacien. M. Karcher vient de nous communiquer les heures de passage suivantes: dimanche 18/11, 17 h 51 à 43° au-dessus de l'horizon nord; 19, 18 h 06, 43° N; 20, 18 h 21, 53° N; 21, 18 h 36 au zénith; 22, 16 h 15, 48° N; 23 18 h 48, 30° ouest.
[Ref. zet1:] DAVID ROSSONI, ERIC MAILLOT, ERIC DEGUILLAUME:
Les auteurs s'étonnent que le SEPRA, unique service du CNES, n'ait pas identifié la cause de l'observation du 5 novembre 1990, alors que c'est son attribution, alors que Pierre Neirinck et Daniel Karcher l'avaient identifié sans difficulté.
Ils indiquent que ces deux astronomes avaient envoyé un relevé astronomique précis de l'observation au SEPRA la nuit même.
[Ref. rai1:] ROBERT ALESSANDRI:
Dans un message portant sur l'affaire du 5 novembre 1990, Robert Alessandri indique que l'observation à Wittenheim par Daniel Karcher a été "complètement ignorée des soucoupistes tels Franck Marie... On accepte tous les témoignages, sauf ceux de passionnés d'astronomie qui reconnaissent une rentrée atmosphérique !"
Le 5 novembre 1990, une ou deux minutes après 19:00, se déroule un phénomène tout à fait trivial, expliqué, dépourvu de toute caractéristique d'étrangeté réelle, mais qui suscitera dans une partie de l'ufologie française un véritable délire ovniesque.
Les observations commencent avec une désintégration au-dessus du golfe de Gascogne en France, résultant fragments en combustion vus de loin, généralement et au fur et à mesure de leurs approche, comme un ensemble de trois lumières principales, d'où l'appellation "triangle", de grande dimension angulaire, et suivi de traînées de fumées et flammèches.
Une fois au-dessus du territoire, la chose est vue sous divers angles et à diverses distances par des gens au sol, ce qui donne une gamme de descriptions assez diverses.
La chose traverse la France suivant une ligne à peu près Bordeaux - Strasbourg, en silence, en ligne droite, sans aucune manoeuvre, et en deux à trois minutes, passant Strasbourg à 19:06.
Des observations seront également faire dans le Sud de l'Angleterre, à Londres, en Allemagne, Tchécoslovaquie, Pologne, mais pas au-delà.
Dans la soirée, plusieurs brigades de Gendarmerie contactent le Centre Nationale d'Etudes Spatiales pour signaler ce que des gens leur ont rapporté. Aux brigades d'Angers et de Tulle, des gendarmes ont pu voir le spectacle eux-mêmes. Dans la soirée, le service de presse des armées, le SIRPA, confirme que des pilotes militaires avaient vu quelque chose sans arriver à l'identifier formellement. Près de Paris, aux aéroports d'Orly et de Roissy, le phénomène lumineux est vu depuis les tours de contrôle. Des centaines, voire des milliers de civils rapporteront leurs observations à la gendarmerie, à la presse et aux autres medias.
On parlera à la radio, à la télévision, dans les journaux, d'OVNI, puis de météore, puis enfin la bonne explication sera trouvée, grâce à une information donnée par la NASA: il s'agissait de l'entrée dans l'atmosphère de restes d'une fusée russe Proton lancée depuis le centre spatial de Baïkonour, pour mettre en orbite un satellite Gorizont 21. Les calculs avaient prévu la retombée de débris de la fusée, à sa 36e orbite, traversant la France du Sud-Ouest au Nord-Est le 5 novembre 1990 vers 19:00. Le SEPRA, alors service officiel en charge de ces questions, a fourni cette explications aux agences de presse le 9 novembre 1990.
Dès le 5 novembre 1990, un amateur versé en calculs de trajectoires des satellites et retombées de débris spatial, Pierre Neirinck, avait vu lui-même, et identifié également, indépendamment de la NASA, qu'il s'agissait de débris de la fusée Proton.
Tout ufologue sensé aurait dû dès le début, vu les descriptions, et au moins par la suite, comprendre correctement l'affaire, mais certains n'y voudront rien entendre et parleront de "vague d'OVNIS", de "400 OVNIS", voire de "milliers d'OVNIS", ajoutant souvent à ces observations d'autres, plus ou moins concomitantes, qui n'avaient pas cette explication. Ceci fait que des observations de cette réentrée sont présentées comme des observations d'OVNIS dans la littérature ufologique, et cela comprend des observations faites en Alsace.
Rentrée de débris spatiaux.
* = Source dont je dispose.
? = Source dont l'existence m'est signalée mais dont je ne dispose pas. Aide appréciée.
Auteur principal: | Patrick Gross |
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Contributeurs: | Aucun |
Reviewers: | Aucun |
Editeur: | Patrick Gross |
Version: | Créé/changé par: | Date: | Description: |
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0.1 | Patrick Gross | 23 mai 2015 | Création, [pnk1], [dna2], [dna3], [zet1], [rai1]. |
1.0 | Patrick Gross | 23 mai 2015 | Première publication. |