L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Sud Ouest, France, le 26 mars 1980.
DANS LA NUIT du 11 au 12 mars, un Rochelais voyait son attention attirée par un sifflement prolongé particulièrement bizarre et impossible à localiser.
Le phénomène avait été perçu par plusieurs autres personnes, ainsi que le confirmèrent les nombreux appels téléphoniques reçus le lendemain et les jours suivants de la publication dans nos colonnes des indications fournies par le premier témoin (cf journaux des 13, 14 et 15 mars).
Le mystère n'a toujours pas reçu d'explication. Par contre. il apparaît qu'il n'est aucunement circonscrit à La Rochelle et ses environs. C'est ainsi qu'un lecteur est venu nous conter qu'il avait enregfstré le même sifflement alors qu'il se trouvait dans la région lyonnaise, le 19 février vers 19 h 30. "Cela a duré environ deux minutes. Sur le coup, j'ai cru à un départ de fusée de feu d'artifice. Mais j'ai eu beau scruter le ciel, avec un ami, je n'ai rien vu...".
Et voilà que, maintenant, un confrère nous apprend que, depuis plusieurs années. un bruit mystérieux perturbe le sommeil des habitants de Bristol (Grande-Bretagne).
"Il s'agit d'un lancinant bourdonnement qui se produit régulièrement entre minuit et six heures du matin, éprouvant fortement le système nerveux des dormeurs", explique-il. Les Britanniques étant des humoristes comme chacun sait, toutes les hypothèses ont été soulevées: aussi bien celle du "péril rouge" (ondes courtes provenant de Russie) que celle du "péril vert" (sonorité d'essence extra-terrestre émanant de vaisseaux spatiaux, martiens ou autres), voire le "péril tricolore franco-britannique", en l'occurrence "Concorde"!
Les écologistes sw mobilisent actuellement pour installer des magnétophones en divers points de la ville de Bristol. Notamment, dans la nuit du 14 avril, une équipe de huit hommes tentera d'enregistrer le sifflement en espérant en localiser la source...
Le tambour des sables
Revenons à La Rochelle, où un lecteur, M. Jacques Vialle, se passionne pour les bruits aériens anormaux. Voici ce qu'il nous écrit à ce propos:
"Il existe d'assez nombreux comptes rendus de bruits aériens anormaux: détonations, craquements, grésillements, sifflements ou même notes musicales. De nombreux cas sont rapportés en particulier dans William R. Corliss, "A Handbook of Unusual Phenomena". A dire vrai, la réalité de certains de ces bruits est contestée: il n'est pas prouvé, par exemple, que des grésillements ou des craquements se fassent vraiment entendre lors d'une aurore boréale, ou que le passage d'une grosse météorite (bolide) soit accompagné d'un sifflement. A ma connaissance, il n'existe aucune explication certaine de la cause de ces phénomènes acoustiques. Les rares scientifiques qui se sont penchés sur la question proposent des hypothèses aussi variées que des vols d'insectes, des ondes de pression engendrées par des microséismes, des décharges électriques ou encore des ondes de choc créées par le vol d'une météorite dans notre haute atmosphère... Effectivement, dès lors qu'une variation de pression commence à se produire de façon régulière, il y a naissance d'un bruit qui peut parcourir de longues distances et peut même être amplifié par des mécanismes plus ou moins bien connus. Une branche toute récente de la physique, la physique des solitons étudie la propagation à longue distance, l'entretien et l'amplification éventuelle d'ébranlements mécaniques solitaires.
Les phénomènes aériens acoustiques se reproduisent parfois en un même lieu de façon régulière; on donne en général comme illustration les fameux "canons de Barisal" (Barisal est une ville du delta du Gange) ou les vibrations plus ou moins musicales que l'on entend fréquemment, paraît-il, dans le Parc national Yellowstone aux Etats-Unis. D'autres phénomènes acoustiques n'ont été entendus qu'une seule fois en un lieu donné : ces bruits sont en général comparés à une vibration musicale, au roulement d'un train dans le lointain, au vent jouant dans les fils téléphoniques. Les lieux d'observations sont variés: Antilles, Groenland, Grande-Bretagne etc. Toutefois, à en juger par la littérature que j'ai pu consulter, aucun de ces bruits n'a été entendu pendant un laps de temps aussi long que dans l'observation de La Rochelle. Un seul bruit aérien connu a une durée analogue (ou même plus longue): c'est le "tambour des sables", bien connu des habitués du désert saharien, mais ce bruit n'a rien à voir avec le sifflement qui aurait été entendu dans la région de La Rochelle dans la nuit du 11 au 12 mars".