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Les OVNIS dans la presse quotidienne:

La vague française de 1954 dans la presse:

L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Libération, Paris, France, pages 1 et 6, le 6 octobre 1954.

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Impressionnante pile de soucoupes

Un retraité des mines lançait des étoupes enflammées dans le ciel du Nord... Tandis qu'un astronaute allemand et un astronome africain croit à une invasion d' "Uranides"

La journée d'hier nous a apporté une nouvelle moisson de "soucoupes" et autres "objets volants non identifiés" - ou plutôt d'observations toujours aussi invérifiables - et également une preuve supplémentaire de l'existence... de mystificateurs. Cette fois il ne s'agit pas d'un prétendu témoin qui se rend coupable d'outrage à magistrat en creusant des empreintes de trépied dans le sol, mais d'un facétieux fabricant d'engins aériens qui se voit dresser procès-verbal pour un amusement dangereux.

Dimanche soir, vers 21 h. 30, deux habitants d'Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais) apercevaient une "marmite volante" tournoyant dans le ciel en dégageant une lueur rougeâtre et se déplaçant à vive allure. A la même heure, un "croissant volant" planait dans le ciel de Liévin près de Béthune, quand il se sépara en deux parties, l'une gagnant de la hauteur, l'autre disparaissant vers la terre, entre deux meules de paille.

Cependant, la famille Hennebelle de Sailly (même arrondissement), qui avait vu également un engin lumineux s'éteindre et tomber, s'était précipitée sur les

Jacques DEROGY

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Soucoupes volantes en pile

Suite de la P. 1 - Col. 8

lieux... pour trouver des papiers de réclames et des brins de fil de fer. Le garde champêtre alerta aussitôt le commissaire de police de Beuvry-les-Béthune, qui, après une rapide enquête, devait interroger un mineur retraité, M. Victor Oliveira, 60 ans, grand amateur de farces et attrapes.

"Je suis très étonné que l'on s'occupe de moi, fit le bonhomme. Tout le monde ici sait fort bien que je fabrique des ballons, que je me plais à voir monter toute illuminés. Tenez je vais vous faire voir.

Et le retraité se met devant policiers et journalistes à gonfler une montgolfière ovale de trois mètres de diamètre, dont l'enveloppe était constituée de papier d'emballage et dont la basse comportait un petit réceptacle dans lequel reposait une touffe d'étouppe imbibée d'un liquide inflammable. Il lui suffit d'allumer l'étoupe pour qu'on vit l'engin s'élever et disparaître en zig zag au gré des vents, environné de reflets jaunâtres et orangés. Sous le hangar de M. Oliveira se trouvaient de nombreux prototypes de grandeur et de formes différentes.

- J'en ai lancé comme ça plus d'un millier, conclut le joyeux compère. Mais je regrette de ne plus trouver ces temps-ci ces papiers de soie multicolores qui me permettaient naguère de construire de jolis petits ballons pour les fêtes foraines.

Dans le ciel de Paris

Bien entendu, ce ne sont pas les ballons de M. Oliveira qu'on retrouve dans tous les ciels où les "observations" se multiplient. Hier, une centaine de visiteurs de l'Exposition pommologique de Remiremont (Vosges) ont suivi les évolutions d'un cigare et d'un disque autour du soleil: il est vrai qu'ils étaient sollicités par un concours d' "anomalies" doté de plus de 100.000 francs et qu'après avoir cherché les anomalies des éventaires de la foire, ils tournaient naturellement le regard vers le ciel.

Soucoupes, tonneaux, cigares, croissants et autres objets ménagers sont d'ailleurs signalés dans l'Est de la France, de Champigneulles à Besançon, ainsi qu'en des points aussi dispersés que de Deauville, Aurec-sur-Loire (Haute-Loire) où l'on vit un gros phare traverser le ciel du nord au sud, Epinac-les-Mines (Saône-et-Loire), à Angoulême, Clermont-Ferrand, Nîmes, dans l'Ain, l'Isère et même à Paris. Oui, à Paris: Vers 16 h. 30, M. Pierre Allouis, représentant en cartonnage, arrêté devant un feu rouge à la porte Dorée, entendit un sifflement strident et vit un engin monter à la verticale dans un panache de fumée, tandis que MM. Gilbert Bacon et Paul Julien, peintres en bâtiment, apercevaient "distinctement" une aile volante affectant la forme d'un triangle aux bords arrondis.

En somme, une impressionnante pile de soucoupe.

Visiteurs de la Terre

Si impressionnante que deux savants considérés jusqu'à ces dernières années comme tels, le spécialiste allemand des fusées et de l'astronautique Hermann Oberth et le vice-président de l'Association astronomique du Kenya Duncan Flechter [sic, Fletcher] viennent d'abonder dans la fiction des romanciers d'anticipation. Le premier a affirmé, au cours d'une conférence prononcée à Hambourg, l'existence de soucoupes volantes d'origine extra-terrestre, contenant des équipages de créatures semblables aux humains, mais ayant plusieurs milliers d'années d'avance sur notre époque et qu'il propose d'appeler des "uranides" (pourquoi pas après tout). Le second allant plus loin dans cette voie royale, prétend que des géographes d'un autre monde observent la terre en tout point afin d'en dresser la carte, exactement comme nous procéderions avant d'aborder Vénus, par exemple.

Mais, comme le déclarait hier soir le fondateur de la Société internationale d'astronautique, A. Ananoff, justement titulaire du Prix Hermann Oberth, si ces hypothétiques visiteurs avaient tant d'avance sur nous et à supposer que l'évolution se soit manifestée de la même façon sur une autre planète ils seraient depuis belle lurette sur Terre, puisqu'aussi bien nous serons capables d'envoyer des engins dans la lune avant la fin de ce siècle.

- Dans la crainte d'apprendre un jour que ces mystérieuses soucoupes sont d'origine soviétique, les américains préfèrent encore se jeter dans les bras des Martiens, a-t-il conclu en souriant.

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Cette page a été mise à jour le 26 juin 2025.