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Les OVNIS dans la presse quotidienne:

La vague française de 1954 dans la presse:

L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Est Républicain, France, page 1, le 5 octobre 1954.

Une vague "d'objets" étranges déferle sur la France

Des Martiens amateurs d'obscurité jouent les passe-murailles.

Mais tous ceux qui ont vu des "soucoupes" ne sont pas des rêveurs.

Une invasion de "soucoupes volantes" et autres engins mystérieux déferle sur l'Europe, et le nombre des témoignages enregistrés montre que la France semble être particulièrement visée. Il n'est guère de jours, depuis des semaines, que plusieurs de ces manifestations ne soient signalées de la Vendée à la Moselle et du Quiévrain à la Bidassoa.

Dans le Limousin, notamment, où un cultivateur fut embrassé, le 10 septembre, par un inconnu pourtant bien pacifique, la terreur s'est installée, surtout dans la région de Roches (Creuse), où les enfants n'osent plus aller seuls à l'école et où les bergères ne veulent plus garder leurs troupeaux depuis qu'une ombre inquiétante a été signalée se cachant dans les fourrées. On redoute que le Martien aimable ne se soit rembarqué en laissant sur la terre un de ses compagnons.

A Diges (Yonne), deux femmes ont vu, chacune de leur côté, un cigare posé dans une prairie et son pilote penché, peut-être sur son moteur. L'"être" était de taille normale, vêtu de kaki et coiffé d'un calot, mais elles eurent si peur que, par un réflexe identique, elles s'enfuirent et s'enfermèrent.

Eisenhower et Malenkov se serrant la main autour d'une "soucoupe"

Un pseudo-littérateur, au contraire, tout heureux que ces êtres fantastiques viennent rejoindre ses divagations philosophiques, assimile, les "anti soucoupistes" à des trublions et des fauteurs de guerre. Il écrit sans sourire: "Ces cigares et soucoupes pourraient bien nous mettre tous d'accord. C'est peut-être pour cela que d'aucuns n'en veulent pas entendre parler. Pensez-donc! Eisenhover et Malenkov se donnant la main autour d'une soucoupe! A-t-on idée!"

Que faut-il penser de cette nouvelle poussée de fièvre? Devons-nous suivre dans leur réprobation dédaigneuse ceux qui estiment sans vérification, qu'il s'agit d'hallucinations - parfois collectives - ou croire avec les autres à la visite d'engins réels issus du génie humain ou plus romantiquement venus d'un autre monde?

Sans doute vaut-il mieux examiner les choses de plus près. L'affaire prend maintenant un tour trop sérieux pour qu'on la traite en baliverne ou qu'on admette tous les romans. Il est temps de reprendre le problème et de raisonner sainement sur la somme d'éléments accumulés depuis plus de sept ans.

La première victime...

Car c'est le 24 juin 1947 que les premières "soucoupes" furent signalées dans les formes décrites des milliers de fois depuis.

C'est un homme d'affaires américain, Kenneth Arnold, qui aperçut ce jour là "neuf disques lumineux en formation de vol à très haute altitude" alors qu'il venait de décoller lui-même de Chehalis (Washington) sur un avion personnel. Il put constater que ces "engins" étaient "plats comme des poêles à frire ou des soucoupes" avant leur disparition et, si l'affaire ne fit guère de bruit, le terme "flying saucers" (soucoupes volantes) étaient déjà lancé.

Il fallut attendre six mois pour qu'une nouvelle apparition fut signalée à nouveau en Amérique, mais celle-là devait se terminer dans le drame, commençant à inquiéter l'opinion publique. C'est le 7 janvier 1948 que la police de Fort Knox (Kentucky) avertit l'aérodrome militaire de Godman qu'"un énorme objet ardent, environné d'une lueur rougeâtre" volait dans sa direction. Trois pilotes de chasse réservistes étaient précisément en vol, à ce moment, sur des "Mustang" à l'hélice, et la tour de contrôle les alerta. Le capitaine Mantell, leader de l'escadrille, aperçut aussitôt l'"objet" et mettant les gaz, se lança à sa poursuite bien que ses deux camarades et lui-même, partis pour un vol à basse altitude, fussent démunis d'inhalateurs. Les deux équipiers ne dépassèrent pas 4.000 mètres. Seul Mantell monta jusqu'à près de 7.000 mètres avant de confier à la radio, dans un souffle:

- C'est effrayant...

Ces paroles furent les dernières et nul ne sut jamais ce qu'elles signifiaient. L'avion se brisa en vol et le corps du malheureux pilote fut retrouvé affreusement désarticulé. La première réaction des amis de Mantell fut naturellement de penser qu'il avait été "descendu" par l'engin mystérieux. Son exclamation parut signifier que ce qu'il avait vu était affreux et que des monstres avaient tirés sur lui.

C'est cette première victime - ce premier - "martyr" - qui marque tragiquement la véritable arrivée "des soucoupes" sur la terre.

Une commission d'enquête fut nommée, mais son travail fut long et difficile à cette époque où les phénomènes de compressibilité à grande vitesse étaient encore mal connus. Lorsqu'elle remit son rapport sur l'accident, elle expliquait enfin que le pilote était monté trop haut, sans doute à la poursuite d'un phénomène atmosphérique. Privé d'oxygène, il avait probablement poussé l'exclamation en constatant qu'il perdait connaissance. L'avion, livré à lui-même, s'était vraisemblablement disloqué en piquant à une vitesse proche du "mur du son".

Mais la psychose faisait déjà son chemin. Que peuvent les suppositions honnêtement prudentes des techniciens contre le goût du merveilleux et du surnaturel?

...et le premier "canular"

Il est en tout cas étrange de constater que les apparitions de "soucoupes volantes" se multiplièrent aussitôt en Amérique où 1.192 cas furent signalés, par vagues, de 1947 à 1952. Et il n'est pas moins étonnant d'observer que, petit à petit, des vagues parallèles se manifestèrent en France avec trois à cinq semaines de retard sur celles enregistrées aux U.S.A.

Bien sûr, les "pro-soucoupistes" interprètent cette régularité à leur avantage: - Nous faisons partie de la même humanité que les Américains et les "soucoupes" n'ont aucune raison de nous dédaigner lorsqu'elles visitent la terre. Leurs pilotes d'où qu'ils viennent peuvent s'intéresser autant à la France qu'aux Etats-Unis et si nous en voyons moins, c'est que notre territoire est dix-sept fois plus petit que celui des U.S.A.

C'est assurément flatteur pour notre orgueil national. Mais les "anti-soucoupistes" plus cartésiens que sentimentaux, s'inquiètent de ce décalage régulier:

Juste le temps nécessaire aux journaux pour vous communiquer le virus, répliquent-ils. Après l'accident de Mantell en tout cas; l'Amérique fut si bien en proie à la peur des soucoupes meurtrières qu'elle accepta toutes les fables.

L'histoire la plus sensationnelle fut publiée par un certain Franck Scully de Denver, qui raconta dans un hebdomadaire, puis dans un livre comment un engin circulaire, venu d'une autre planète, s'était écrasé aux Etats-Unis, décrivit l'autopsie par un célèbre praticien, des seize petits êtres trouvés à bord et affirma qu'un débris métallique de la machine, chauffé à 10.000 degrés, n'avait pas fondu. Cette "soucoupe" enfin palpable et ces petits hommes aux vêtements de toile bleue firent tant de bruit qu'une commission d'enquête - encore une - s'en mêla. Franck Scully, interrogé, dut avouer le "canular". Son morceau de métal fondit à 637 degrés et l'affaire se termina par deux condamnations pour escroquerie.

Mais une fois de plus, l'explication arrivait trop tard. Le livre s'était magnifiquement vendu et l'auteur avait gagné beaucoup de dollars.

1953 n'a pas été une année à "soucoupes".

En France, la première "soucoupe" connue fut signalée à Antibes, en août 1949, mais les suivantes vinrent par vagues parallèles, répétons-le, aux crises américaines. On note une poussée de fièvre en 1950, deux en 1951 et une autre particulièrement importante en 1952. Cette année-là, on compte chez nous, onze apparitions en mai, seize en juin, six en juillet, deux en août et deux autres en septembre, huit enfin en octobre.

C'est précisément l'époque où l'Amérique voit aussi le plus d'"objets volants" et nous fait connaître son anxiété. Nous verrons comment le calme revint ensuite Outre-Atlantique. Chez nous, l'année 1953 fut également calme. Les soucoupes disparurent de notre ciel jusqu'au mois d'août dernier où une nouvelle vague s'amorça discrètement en Norvège avec la rencontre d'un hélicoptère par deux jeunes qui cueillaient des myrtilles.

Cette fois l'Europe avait l'exclusivité. L'affaire grossit lentement, rappelant le monstre du Loch Ness qui revenait naguère au coeur de l'été meubler les trous de l'actualité. Mais le serpent écossais était prisonnier de son lac alors que les "soucoupes" ne connaissent de frontières ni aux pays ni aux rêves et les faits réels sont maintenant mêlés aux dérèglement.

Hallucinations éveillées

Il nous faut bien rejeter dès l'abord cinq témoignages récents - les plus sensationnels hélas! - vraiment trop sujets à caution.

A Vernon, le jeune témoin jouit d'une solide imagination bien connue dans la région.

A Quarouble, près de Valenciennes, le garde-barrière qui vit des "petits êtres" a été victime, il y a un an, d'un traumatisme crânien et est sujet, depuis, à des troubles nerveux. Des marques apparaissent, sur les traverses de la voie de chemin de fer, mais elles peuvent donner lieu à une infinité d'interprétations.

Près d'Amiens, quatre farceurs ont dû avouer qu'ils avaient voulu se moquer de leur amis. A Bugeat (Corrèze), M. Mazaud a sans doute été embrassé par quelqu'un mais la police de l'air croit surtout à un avion léger venu, en cet endroit désert et à la tombée de la nuit, au rendez-vous d'un contrebandier.

A Craintilleux, enfin, près de St-Etienne, le géant, sosie de Hitler, à double face, (l'une grimaçante devant et l'autre, joviale, derrière) montant dans sa soucoupe sans ouvrir de porte, à la façon des fantômes passemurailles, semble vraiment d'un merveilleux trop enfantin. Les témoins, comédiens et auteurs, ont sans doute l'esprit romantique qui convient à ce genre d'apparition. Et le Martien qu'ils crurent voir aura au moins l'avantage de leur fournir un sujet de sketch ou de roman.

La médecine connaît bien ces hallucinations éveillées auxquelles peuvent être sujets des hommes tout à fait normaux. Qui n'a vu dans l'obscurité, des ombres bouger là où il n'y avait rien? Il faut bien noter à cette occasion que la quasi totalité des atterrissages de "soucoupes" signalés ont eu lieu la nuit et que personne n'a encore aperçu en plein jour des Martiens ayant une forme sensiblement différente de la notre.

Doit-on en conclure que tous les témoignages enregistrés sont le fait d'imaginations débridées?

Certainement pas.

Kenneth Arnold et Mantell n'étaient pas des rêveurs. La plupart des témoins français non plus.

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Cette page a été mise à jour le 23 novembre 2016.