L'article ci-dessous est paru dans le quotidien France Soir, Paris, France, page 9, le 16 octobre 1954.
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Une enquête d'André FONTAIN et Jacques Bergéal
Quelques jours plus tard, le ciel de l'Europe septentrionale est envahi par les "soucoupes"
Les soucoupes volantes sont devenues le problème du jour. Des témoignages de plus en plus nombreux sont produits par des gens qui, de bonne foi, affirment avoir observé des engins mystérieux. Réalité encore inexpliquée ou fiction collective, les soucoupes volantes sont l'inconnue de cette fin 1954.
"France-soir" ouvre le dossier. Nous ne prétendons pas apporter de réponse certaine à la question. Nous nous proposons de vous raconter comment ces engins mystérieux on apparu dans notre univers, comment, à partir de la stupeur d'un pilote américain, il y a plus de sept ans, le nombre des témoignages s'est accru de mois en mois jusqu'à cette vague de fond qui, aujourd'hui, paraît submerger notre pays. Aux U.S.A., sur 375 cas officiellement étudiés, 34 restent inexpliqués.
L'ANNEE 1952, pour les Etats-Unis, et celle des soucoupes volantes. C'est en 1952 qu'elles se sont mis à proliférer sur tout le territoire américain.
Dans notre précédent article, nous avons rapporté les circonstances dans lesquelles le radar - radar au sol ou radar en vol - avait détecté ces engins mystérieux et leur avait donné ce caractère d'authenticité scientifique, et avait ainsi levé les derniers doutes dans l'esprit de l'homme de la rue.
Bien entendu, et comme c'est le cas aujourd'hui en France, le nombre des témoignages s'accrut rapidement.
Ce sont surtout les pilotes qui voient ces "objets volants non identifiables". Les pilotes, ce sont des gens sérieux, expérimentés, bien équilibrés et peu enclin à se laisser berner par un mirage ou une hallucination. D'autant moins que la plupart 'dentre eux comptent plusieurs milliers d'heures de vol.
La concordance de leurs témoignages, pour le public, est la preuve de leur vérité. Les objets observés, en effet, se présentent tous comme des objets lumineux orangés, frangés d'une flamme bleue. Ils sont animés d'un mouvement rotatif, paraissent indépendant de la force d'attraction terrestre et capable de vitesses et d'accélération qu'aucun être humain ne pourrait supporter...
Les récits des pilotes emplissent maintenant les colonnes des journaux: "disques", "cigares" mènent dans le ciel une sarabande vertigineuse et, circonstance inquiétante, paraissent accuser une nette prédilection pour les territoires secrets, ceux des bases militaires ou des recherches atomiques. En sorte que la crainte du public se popularise maintenant.
- Ces engins nous sont envoyés par une puissance étrangère. Ils ont la mission de surprendre nos secrets, et ils y parviennent d'autant mieux que nous ne pouvons rien contre eux.
Il n'est jusqu'au pilotes mexicains qui, à leur tour, prennent une soucoupe en chasse.
Quatre d'entre eux affirment qu'ils ont réussi à poursuivre et même à rapprocher un de ces engins.
Ils sont quatre pilotes et inspecteurs de l'aéronautique civile. Il se trouvent à 6.000 mètres lorsqu'il voient, évoluant à 10.000 mètres environ, un objet qui peut avoir trente mètres de diamètre. Il est fabriqué d'un matériau opaque. Des étincelles sortent d'une espèce de tuyau d'échappement...
L'engin, pensent les quatre hommes, "voit" leur appareil, paraît vouloir se laisser approcher, et enfin, démarre vertigineusement et se perd dans les nuages...
La "U.S. Air Force", bien entendu, recueille tous ces récits. Soudain, cependant, elle paraît ralentir sa vigilance ou éteindre sa curiosité:
- Cette étude ne fait plus l'objet d'un programme spécial annonce-t-on.
On précise que, dans la plupart des cas, les enquêtes ont démontré que les objets aperçus n'était autres que des ballons de météorologie ou des phénomènes naturels.
Cependant, dit-on officiellement, "il reste toutefois un certain nombre d'observations qui n'ont pu être expliquées de cette façon"...
Va-t-on en rester là? Que non pas. Comme on doit s'y attendre ces engins new-look passent l'Atlantique. Ont-ils achevé leur mission sur le nouveau monde? On ne sait. Mais, sur l'Europe, les soucoupes volantes font une apparition fracassante.
C'est un communiqué officiel qui l'annonce. L'auteur du communiqué est le dernier de qui l'on puisse attendre des fantaisies: c'est la R.A.F., l'aviation militaire britannique.
Et l'engin a commis une regrettable et menaçante incongruité: il a participé, hôte indésirable, à une énorme opération aérienne, la manœuvre "Grande Vergue".
Au matin du 20 septembre 1952, un rapport est transmis au ministère de l'Air par le service de protection aérienne des côtes et eaux britanniques: la [le] Costal Command.
Six aviateurs, la plupart officiers, sont les témoins. Ils appartiennent à la base de Topcliffe, dans le Yorkshire. Deux quadrimoteurs Shacketon [sic, Shackleton] viennent de se poser sur le terrain où l'on doit faire le plein d'essence. C'est le 19 septembre. Il est 10 h. 53.
Les pilotes, au sol, lève le nez de thérapie moteurs à réaction, un météore, qui, à 5000 mètre d'altitude, s'approche du terrain.
Derrière le Meteor et, autant qu'on puisse en juger, à 5 kilomètres de lui, un disque brillant le suit, paraissant évoluer à la même allure. Il l'accompagne dans toutes ses évolutions et, lorsque le Meteor amorce sa descente, puis un virage, l' "objet" amorce sa descente, puis le même virage.
Lorsque, enfin, le Meteor reprend son dernier virage avant de se poser, le disque se met à tourner sur lui-même et s'éloigne enfin, à une vitesse qui laisse les observateurs confondus.
La scène a duré vingt secondes. Vingt secondes qui font que, au ministère de l'Air, on ouvre un dossier "Soucoupes volantes: découverte et mouvements"...
Et, comme aux Etats-Unis, après les premières apparitions d' "objet non identifiés" les autorités avancent une explication positive des phénomènes: Il pourrait s'agir d'un anneau de fumée provoqué par un réacteur qui, après un arrêt temporaire aurait recommencer soudainement à fonctionner. Cet anneau, transporté par le vent et étincelant au soleil a pu faire penser à une soucoupe volante. Ont dit encore, au ministère de l'Air qui peut s'agir de l'un des ballons météorologiques lâchés quotidiennement de plusieurs points de la Grande-Bretagne.
Ces explications, qui apparaissent comme trop rationnelles, ne satisfont pas les amateurs européens de mystère, qui, comme les Américains, veulent les tenir pour destinées à rassurer le public contre un danger inconnu ou pis encore, à masquer l'ignorance des techniciens de l'air...
L'Europe, cette fois, entre allègrement dans le circuit, et même son prolongement d'Afrique du Nord.
Quatre jours après l'opération "Grande Vergue", un pilote, M. Grèze, qui survole l'aérodrome de Titmellil-Casablanca, aperçoit sous son appareil un objet inconnu. Le surlendemain, en lui assure qu'il s'était agi d'un aérolithe.
Goteborg, en Suède, est visitée dans la nuit du 27 au 28 septembre par un objet deux fois plus lumineux qu'une étoile et qui évolue laissant derrière lui une gerbes d'étincelles.
L'Allemagne, le lendemain, a attiré mystérieux visiteurs. Une boule brillante se déplace, suivi d'un appendice flamboyant, de Hambourg à Neumünster et Kiel.
Au même instant, un objet du même type survol Jaegersborg, au nord de Copenhague. Mais on précise qu'ici la boule est plutôt un cigare fluorescent. Un port sur la Baltique observe le même engin [le même météore].
Tout le ciel d'Europe septentrionale, ce soir-là, paraît être le terrain de manoeuvre des soucoupes. Le Seeland, le Jutland sont survolés.
A la base militaire de Ljungbyhed on tranche dans le vif: l'engin est d'origine russe. Il s'est dirigé vers la Prusse orientale, ayant accompli sa mission.
La vague européenne déferle maintenant sur tout le continent. Dans la masse des récits et témoignages, on essaie d'écarter ce qui paraît de l'invention, de la mystification ou de l'hallucination manifeste.
Mais la R.A.F., encore une fois, produit une histoire de soucoupes volantes.
C'est le ministère de la Guerre britannique qui révèle que, le 3 novembre dernier, le poste radar d'une unité de réserve à capté l'écho d'un objet mystérieux, stationnaire dans le ciel a près de 18.000 mètres d'altitude.
Observation confirmée par deux officiers qui, pilotant un "Vampire" à 6.000 mètres, ont aperçu un objet circulaire se déplaçant à grande vitesse et émettant une lumière aveuglante.
Dès lors, un échange d'informations s'établit entre les aviations anglaise et américaines. Les canadiens créent une base de détection spécialement équipée pour étudier les mouvements des "objets volants non identifiés".
Et la France, ont sans doute bien n'est pas épargnée. La soucoupe volante apparaît enfin chez nous.
Prochain article:
Soucoupes sur la France