L'article ci-dessous est paru dans le quotidien France Soir, Paris, France, pages 1 et 7, le 15 octobre 1954.
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Les soucoupes volantes sont devenues le problème du jour. Les témoignages de plus en plus nombreux sont produits par des gens qui, de bonne foi, affirment avoir observé des engins mystérieux. Réalité encore inexpliquée ou fiction collective, les soucoupes volantes sont l'inconnue de cette fin 1954.
"France-soir" ouvre le dossier. Nous ne prétendons pas apporter de réponse certaine à la question. Nous nous proposons de vous raconter comment ces engins mystérieux on apparu dans notre univers, comment, à partir de la stupeur d'un pilote américain, il y a plus de sept ans, le nombre des témoignages s'est accru de mois en mois jusqu'à cette vague de fond qui, aujourd'hui, paraît submerger notre pays. Aux U.S.A., sur 375 cas officiellement étudiés, 34 restent inexpliqués.
C'est en Amérique que sont apparues les premières soucoupes volantes, ou plutôt, pour s'en tenir à la réserve officielle, les premiers "objets volants non identifiables". Ils provoquent bientôt quelque chose comme une véritable panique de l'opinion
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Cependant, leur observation, pendant cinq ans, a un caractère empirique: on les a suivis des yeux. Des pilotes entraînés, hommes de bon sens et de bonne foi, ont publié des récit détaillés de ce qu'ils ont vu. L'américain de la rue ne met pas leurs déclarations en doute. Mais il manque à ces observations un contexte scientifique: le plus ignorant des hommes se sent impressionnés lorsque intervient, dans une histoire douteuse, un facteur technique. L'auteur d'ouvrages de science-fiction le sait bien, qui truffe son oeuvre d'imagination de données scientifiques connues.
Il faut être un savant averti pour faire le départ, dans ce genre de roman, entre ce qui est progrès technique acquis et imagination pure. Ce qui fait le succès de ces ouvrages, c'est que la trame est vraisemblable, et c'est à partir de cette trame positive que commence l'invention de l'auteur. Le caractère invraisemblable est estompé, dans l'esprit du lecteur, par une base technique est simple et familière.
Que l'observation des "objets non identifiables" soit assortie, cautionnée par un engin ultra-scientifique, et l'inexplicable devient non seulement vraisemblable, mais en quelque sorte homologué, authentifié par un appareil à sa mesure: le mystérieux radar.
Le radar a "intercepté" des soucoupes volantes et, dès lors, le dernier doute est levé.
C'est dans la nuit du 19 au 20 juillet 1952, à Washington. Exactement au centre de contrôle aérien de l'aéroport de Washington. C'est, à quelques centaines de mètres de la tour de contrôle, un lourd bâtiment sans fenêtres, où veillent, cette nuit-là, huit hommes de garde devant des écrans de radars.
Il ne se trouve qu'un avion isolé, dont "l'écho" apparaît sur le verre dépoli. Tout est normal, et un calme de routinière quiétude régne dans la salle de contrôle.
Ce calme est troublé, à minuit quarante, par un événement stupéfiant: sept points s'inscrivent sur l'écran. Sept points ets, précis, qui n'y étaient pas dans la seconde qui a précédé. S'il s'agit d'avions, il faut que ces appareils se soient approchés à une vitesse prodigieuse. L'homme de garde appelle. Le contrôleur en chef de accourt, et les autres hommes de garde derrière lui. Ils sont stupéfaits. Les radars secondaires accusent la même extraordinaire apparition.
On interroge dans l'angoisse la tour de contrôle. La tour a déjà vu:
- Nous avons également sept points sur le radar.
L'homme ajoute, au bord de l'hystérie:
- Je vois un engin volant. Je ne sais pas ce que c'est. Il est entouré d'une lueur orange. Je n'ai jamais vu ça!
On alerte la défense et, devant leurs écrans dépolis, les hommes assistent plus étrange des carroussels aériens.
Les engins se propulsent au-dessus des zones les plus farouchement interdite, La Maison Blanche, le Capitole...
Pour le coup, la défense aérienne s'émeut. Elle va envoyer des appareils d'interception. Le capitaine Pierman a pris son vol, à bord d'un appareil "Capital". On lui donne, par radio, la position de l'un des objets. Pierman répond:
- Je l'ai vu, mais il a filé, il a disparu...
Sur les radars, on a "encadré" Pierman [sic] et son "objet". Mais l'objet a disparu de l'écran, comme gommé.
Il faut, pensent les techniciens, que l'engin mystérieux ait pu, en quelques secondes, accélérer sa vitesse de 200 à 800 km à l'heure, ce qui est déjà confondant, et ce qu'aucun appareil connu ne peut faire. La stupeur s'accroît encore quand le radar révèle un virage à 90°. Dès lors, les observateurs, le regard accroché à leurs écrans, sont éperdus d'angoisse et de curiosité.
Les engins évoluent à des allures que l'on ne peut plus apprécier: 11.000, 12,000 km. à l'heure!
Cette ronde folle dure deux haures, tenant en alerte tout ce qui, à Washington, touche à la défense aérienne.
On les revoit à l'aube du 20 juillet. C'est, cette fois, un ingénieur de la radio, M. E.W. Chambers. A 5 heures, M. Chambers voit cinq disques, qui lui paraissent de taille colossale. Les disques s'élèvent à la verticale, et disparaissent dans le ciel...
Les journaux paraissent, avec d'énormes titres, et Washington est pris d'hystérie. L'U.S. Air Force est obligée de répondre à des milliers de questions pressantes. On télégraphie, on téléphone au Pentagone.
Les autorités demeurent discrètes, démentent mollement, parlent d'incident technique survenu au radar. Les rapports s'accumulent. Les services spéciaux de l'Air Technical Intelligence Center demeurent muet, mais quelqu'un lâche un jour:
- Ces engins, en tout cas, ne sont pas d'origine américaine.
Ce qui ne rassure personne, on s'en doute...
Mais il y a autre chose, et cette fois le radar n'est pas celui de Washington, mais celui d'un avion en vol.
C'est à la fin de la nuit du 5 au 6 décembre 1952.
Un B 29, gros bombardier, rentre à sa base après un exercice de nuit. Il survole la Floride, à plus de 5.000 mètres d'altitude. A bord, le capitaine John Harter et le lieutenant Sid Coleman.
A 5 h. 25, Sid Coleman s'installe devant son radar.
Deux taches apparaissent sur l'écran. Coleman n'en croit pas ses yeux. Elles correspondent à des engins qui se déplaceraient à 8.700 kilomètres à l'heure!
Coleman va parler, mais un troisième trait apparaît, et, cette fois, l'objet fonce sur le bombardier.
Alors Coleman appelle le pilote, mais le trait s'écarte. Il n'y aura pas de collision. Le capitaine John Harter n'est pas convaincu:
- Réglez votre radar, conseille-t-il à ses équipiers.
Il n'a pas achevé que le navigateur annonce qu'il les voit, lui aussi, sur son écran, et John Harter, qui écarquille les yeux, annonce à son tour:
- J'aperçois quatre engins...
Les trois radars du B 29 se confirment maintenant l'un l'autre. Le capitaine lance alors par radio:
- Objet inconnu à 3 heures à droite.
Les hommes du B 29 se collent au hublot.
Et les trois radars s'affolent encore. Des engins paraissent se ruer sur l'avion à 8.000 kilomètre à l'heure, disparaissent...
Cela dure six minutes et, quand ces visions sont disparues, les hommes du B 29, trempés de sueur, se regardent.
La sarabande infernale recommence. Cinq "objets", cette fois derrière le bombardier, foncent sur lui. Ils vont l'atteindre, mais filent de côté. Et voici le plus extraordinaire:
Les cinq "objets" se précipitent vers un énorme engin, paraissent s'absorber en lui, et tout disparaît...
Cette fois, c'est terminé. Quand le B 29 atterri à sa base, les hommes sont interrogés séparément. Leurs récits sont identiques. On les note scrupuleusement. Ils vont enrichir le dossier déjà extra-lourd des "objets volants non identifiables".
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L'EUROPE ENTRE DANS LE CIRCUIT