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La vague Belge:

Un article sur les observations en Belgique par Christian Nault, provenant du site ufologique disparu "Chucara".

L'ufologie face à l'analyse scientifique

Par Christian Nault

De plus en plus nous possédons des appareils très "sophistiqués" de détection, de mesure, et d'observation (satellites, radars, sonars, etc.) qui nous permettent de scruter tout ce qui bouge, qui émet des radiations ou même des perturbations électromagnétiques... du moins dans l'atmosphère terrestre.

C'est l'apparition de ces nouvelles technologies qui explique la place de plus en plus importante que prennent les données numériques dans les rapports d'observations ufologiques. Ces données numériques, quantifiées, peuvent dans bien des cas valider ou, à l'inverse, réfuter une observation d'OVNI. Par exemple, dans l'ouvrage du scientifique français Jean-Pierre Petit, Enquête sur des extraterrestres qui sont déjà parmi nous, on retrouve les allégations d'un contacté au sujet d'une planète où la gravité serait si intense que ses habitants ressembleraient à des papillons. Ce corps céleste, apprend-t-on de la même source, effectuerait une rotation complète en une heure seulement. (1) Sur ces seules données il serait aisé de démontrer que la force d'inertie engendrée par la vitesse de rotation de la planète - en tenant compte de sa masse - serait plus importante que la force de gravité. Dans de telles conditions cette planète n'aurait pu exister. Elle aurait explosé!

Cette introduction m'amène à vous commenter une analyse réalisée à partir de données extraites du bulletin d'information AQUARIUS de septembre '92.

Dans un article consacré à la vague récente d'observations survenues au-dessus de la Belgique, l'ufologue montréalais Stéphane Woods rapportait les données techniques associées à la détection radar d'un OVNI par un avion F-16 de l'armée belge. Woods écrivait notamment: " Techniquement parlant les données enregistrées par le radar du F-16 restent tout à fait stupéfiantes. On y voit une cible inexpliquée qui plonge de 3000 à 1700 mètres en moins d'une seconde. Durant cette brève manoeuvre l'objet accélère de 280 à 1800 km/h, une accélération apparente de quelque 30 ou 40 g."

1. Les données: vitesse initiale: Vo=280 km/h=77.8 m/s vitesse finale: V =1800 km/h=500 m/s
Le tout en (1) seconde: t=1 s
2. Schéma:

Sketch

3. Équations du mouvement: si l'accélération est constante ; a = cst
    3a. S=So+Vo*t+½*a*t2
    3b. V2=Vo2+2*a*(S-So)
    3c. V=Vo+a*t

Malheureusement la trajectoire exacte par laquelle l'OVNI a "chuté" de 3000 à 1700 mètres en une seconde demeure imprécise (représentée en pointillés sur notre schéma). Les trajectoires sont bien sûr infinies et la distance réelle (exprimée en mètres) entre le point initial (So) et le point final (S) est inconnue. Par conséquent, l'utilisation des deux premières équations (3a et 3b) sont très discutables pour appuyer les 30 ou 40 g invoqués par Stéphane Woods. Cependant la trajectoire la plus probable reste le mouvement curviligne (représenté par un trait continu) puisque l'engin avait déjà une vitesse initiale au moment de sa détection. Si l'objet était parti d'une vitesse nulle (Vo=0) l'évaluation de sa trajectoire aurait été moins ambiguë. N'oublions pas que le tout s'est déroulé en une seconde seulement ! Mais là encore la trajectoire exacte reste incertaine.

Alors la seule équation valable est celle rapportée en 3e puisque toutes les données sont connues pour trouver l'accélération apparente. Ici j'estime qu'il est raisonnable de croire que l'accélération s'est faite de manière constante puisque les vitesses enregistrées l'ont été en une seconde seulement. Si on supposait le contraire, à savoir une accélération sporadique et saccadée, ou encore que la trajectoire effectuée ait été plutôt celle illustrée par les lignes pointillées sur notre schéma - en tenant toujours compte de notre fourchette temporelle d'une seconde - cela impliquerait alors des pointes d'accélération supérieures à celles calculée pour une accélération constante.

4. Calcul de l'accélération apparente


    3c. V=Vo+a*t
    -->a*t=V-Vo
    -->a+(V-VO)/t
    -->a=(500-77.8)/1
    -->a=422.2 m/s2
    -->a=43g puisque g=9,81 m/s2

A la lumière de cette gymnastique intellectuelle, plusieurs déductions s'imposent d'elles-mêmes:

a) Les valeurs de 30 ou 40g abondamment rapportées par les médias ne sont nullement exagérées. En fait, considérant les équations illustrées ci-dessus, on pourrait même les qualifier de conservatrices!

b) En supposant que le temps d'accélération de l'objet ait été légèrement sous-estimé par l'armée belge, la force de l'accélération (la célèbre force " g ") serait par conséquent inexacte. En regardant le tableau qui suit, nous constatons toutefois que même en révisant à la hausse (de 1 à 5 secondes) le temps d'accélération prêté à l'OVNI, les valeurs en " g " demeurent considérables.

t
a(m/s2)
a(g)
1s
422.20
43.0
2s
211.11
21.5
3s
140.73
14.3
4s
105.55
10.8
5s
84.44
8.6

Il faut également réaliser qu'un bond de 1 à 5 secondes représente une erreur de l'ordre de 500%. Est-ce que le radar du F-16 aurait pu être à ce point imprécis ? C'est peu probable ! Alors nous revoilà de retour à la case départ. Actuellement aucune technologie " terrestre " ou " humaine " ne serait en mesure de produire des accélérations de 30 ou 40g. Des performances énormes.

Nous savons qu'aux commandes de leur appareil les pilotes de F-16 supportent des accélérations moyennes de 7 ou 8g. Au-delà, c'est le voile noir: la perte de connaissance. Même l'utilisation d'une combinaison spéciale destinée à augmenter la résistance des pilotes s'est révélée inefficace au-delà des 9g. (3) Ce qui finalement nous place loin derrière les 30 ou 40g invoqués plus haut.

c) Sachant que Mach 1 est égal à environ 340 m/s (mètres/seconde) et que l'engin capté par le radar de l'armée belge a exprimé des vitesses avoisinant les 500 m/s, celui-ci aurait dû produire la caractéristique "bang" supersonique. Or, comme c'est d'ailleurs souvent le cas lorsqu'il s'agit d'OVNI, toutes les observations faites durant la " vague " belge, incluant celles des F-16 de l'armée. (4) Incidemment, il est intéressant de constater que cette absence de "bang", qui encore hier apparaissait comme utopie aux yeux des chercheurs, est de plus en plus remise en question par certains scientifiques. (5)

Enfin, considérant la crédibilité du magazine AQUARIUS et vérification faite des prétendues accélérations de l'OVNI capté par le F-16 de l'armée belge (selon les lois de la cinématique et de la dynamique), il est en conclusion peu probable que cette observation ait été un canular.

Malheureusement c'est à peu près tout ce que l'ont peut dire sur cette controversée affaire de détection radar. Il est vrai qu'en matière d'ufologie le discours se résume souvent à des " probabilités scientifiques ". Et je m'explique.

" On estime aujourd'hui à ½ million le nombre des observations d'OVNIs qui ont été rapportées officiellement depuis 1947. [...] Il n'en reste pas moins 50,000 observations qui résistent toujours à l'analyse". (6) Ce sont elles qui méritent l'attention des scientifiques. Lors d'une présentation sur la très controversée affaire UMMO, j'avais déclaré que l'étude des OVNIs, du moins par les groupements civils d'investigations, se limitait principalement à des études de contenu d'enquêtes et de regroupement de cas(7). Une méthode simple qui est à la portée de tout enquêteur. La banque de données ainsi produite l'est à partir d'observations accumulées au fil du temps ; les cas no 1, 2. 3,... x. Les similitudes extraites de cette manière brute composée de cas hétéroclites permettent dans une certaines mesure de donner du crédit à certaines de ces observations. Ces similitudes deviennent en quelque sorte un gage en faveur de la réalité tangible du phénomène. Du point de vue scientifique cependant cette méthode "classique " ne nous apprend rien sur l'origine du phénomène. On pourrait certes court-circuiter ce processus en exhibant une soucoupe volante que tous pourraient voir et toucher ; en présentant au monde entier un extraterrestre qui accepterait de répondre aux questions d'une humanité abasourdie. Mais la veille d'un tel événement n'est apparemment pas pour demain. Par conséquent nous ne pouvons aborder l'origine du phénomène qu'en termes de probabilités, d'hypothèses, et de pseudo-théories.

Pour ma part j'estime qu'il existe une autre avenue pour étudier les cas d'observations et tirer des conclusions tout aussi valables que celles obtenues par l'approche dites classique. Celle-ci, beaucoup plus complexe que sa rivale, nécessite toutefois la participation essentielle de professionnels appartenant à diverses disciplines scientifiques.

L'apport scientifique:

A la base il y a toujours l'accumulation des cas d'observations, lesquels recèlent parfois des données scientifiques quantifiables. Malheureusement, neuf fois sur dix, celles-ci restent invisibles aux yeux du néophyte. De ces données mathématiques, physiques, sociologiques ou encore biologiques, des scientifiques aux connaissances multidisciplinaires pourraient éventuellement émettre des théories menant à une (ou à des) hypothèse(s) de travail. De celle(s)-ci pourrait éventuellement découler une découverte scientifique aux applications immédiates. Dans la perspective où ces dernières donneraient des résultats concrets, force nous d'admettre alors que les données de base émanent d'un phénomène réel et tangible. Bref, un exercice intellectuel qui confirmerait en quelque sorte l'utilité d'une étude scientifique du phénomène OVNI.

Dans l'éditorial du premier numéro d'AQUARIUS (septembre 1992), Christian Robert Page, directeur provincial de MUFON Québec, écrivait: " Nous savons maintenant que derrière ces extraordinaires manifestations de lumières célestes apparemment inexplicables se cache un phénomène réel et fort complexe. Certes nous ignorons toujours quelle est l'origine du phénomène, mais sa signature nous est de plus en plus familière."

C'est bien ce que j'aurais voulu dire moi-même.

Références:

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Cette page a été mise à jour le 21 mai 2001.