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Ceci est la postface du Général De Brouwer (alors Colonel, chef d'état-major adjoint de la Force Aérienne belge) publiée dans le rapport de la SOBEPS concernant la vague d'OVNIS belge.
Je dois avouer que j'ai quelque peu hésité lorsque la SOBEPS m'a demandé d'apporter ma contribution à cet ouvrage. En effet, je ne suis pas spécialiste ès OVNIS et, en outre, il est assez délicat pour quelqu'un qui occupe une fonction officielle de mettre sur papier ses vues personnelles sur un sujet si controversé. Cependant, j'estime que je n'aurais pas été loyal envers la SOBEPS si j'avais refusé. La Force aérienne a toujours joué cartes sur table à ce propos et je considère cette postface comme un élément complémentaire du dossier exceptionnel rédigé par les gens de la SOBEPS. Je suis en effet plein d'admiration devant l'engagement énorme dont ont fait preuve tous ceux qui furent impliqués dans l'étude d'innombrables témoignages et dans l'analyse de toutes les données techniques disponibles. Ce fut un véritable travail de bénédictin, ingrat parfois, car ceux qui ont pris cette affaire au sérieux n'ont pas été épargnés par les critiques. Cette postface représente la vision de quelqu'un qui, de par sa fonction, fut concerné de très près par la problématique des OVNI en Belgique. Cette vision est fondée sur un nombre de constatations faites par la Force aérienne. Comme je n'ai pas pu omettre des réflexions complémentaires et que j'ai souvent dévié de l'aspect purement militaire et technique, je souhaite attirer l'attention sur le caractère personnel de ma contribution qui ne reflète pas nécessairement le point de vue officiel de la Défense.
Rares sont ceux qui peuvent approcher la problématique des OVNI de manière objective. Peu de sujets provoquent effectivement autant de réactions controversées, allant de l'indifférence absolue à l'intérêt passionné en passant par la plaisanterie ironique. Ce fut aussi le cas pour l'implication de la Force aérienne dans certaines observations de type OVNI décrites dans ce dossier. Certains milieux étaient étonnés et incrédules de voir une instance officielle s'occuper d'une affaire qui, à première vue, semblait absurde. D'autres, comme les médias internationaux, y montraient un profond intérêt. La diversité des réactions s'explique par les préjugés innés d'une grande partie de la population face à ce sujet. Des préjugés que l'on retrouve également chez certains journalistes qui, par conséquent, donnent une couleur personnelle à leurs reportages et n'omettent pas d'y ajouter ci et là une plaisanterie ironique. Comme il est déjà établi dans la première contribution du professeur Meessen(1), cette attitude se révélera très importante dans le déroulement de l'enquête. La peur du ridicule est réelle. Bien des sociologues ont sans doute déjà étudié le problème à fond; toutefois, une approche pragmatique de cet aspect par quelqu'un qui n'est ni sociologue ni spécialiste en matière d'OVNI garde toute son utilité. En me basant sur les multiples contacts que j'ai eus avec diverses personnes, je diviserais l'attitude du citoyen moyen envers la problématique des OVNI en quatre catégories:
J'ai estimé utile de décrire brièvement ci-dessus le contexte social avant d'en venir à l'implication de la Force aérienne dans le débat sur les OVNI. Lorsqu'on me demanda d'assister en tant que Chef des Opérations de l'état-major de la Force aérienne à la conférence de presse de la SOBEPS le 18 décembre 1989, j'appartenais au groupe des incrédules quant à l'existence des OVNI. Cela dit, je m'étais promis d'approcher le problème sans préjugés, autant que possible, et de l'étudier de manière objective. Deux éléments me sont apparus lors de cette conférence de presse. Premièrement, les témoignages étaient remarquables. Ils n'étaient pas tombés du ciel et étaient présentés de façon naturelle et plutôt modeste: aucune trace de sensationnalisme ni de médiatisation exagérée. Deuxièmement, l'approche de la SOBEPS était sobre, objective et fondée sur des bases scientifiques. Les témoignages qui pouvaient être liés à des phénomènes naturels furent écartés immédiatement. Autre élément important: certains journalistes avaient l'Armée en point de mire, et surtout la Force aérienne. Les phénomènes observés auraient été des appareils expérimentaux, dont la présence devait rester cachée au public. Certains y voyaient un lien avec le F-117 et profitaient de l'occasion pour critiquer "l'impérialisme" américain. La prétendue servilité des autorités belges qui avaient permis sciemment ou non de telles expérimentations était aussi dénoncée. En outre, des bruits faisaient état d'observations de certains OVNI effectuées par des radars militaires et dont aucune information ne pouvait être divulguée. Au premier abord, la Force aérienne se voyait obligée de démentir l'hypothèse de vols d'essai expérimentaux. Ceci fut assez simple et le contexte en est largement décrit dans les chapitres précédents. La Force aérienne peut en effet jouer cartes sur table pour la bonne et simple raison qu'il n'y avait rien à cacher et qu'il était impossible du point de vue technique qu'on eût affaire à un F-117. D'un autre côté, le sérieux des témoignages et le professionnalisme de la SOBEPS étaient des éléments qui poussèrent la Force aérienne à conclure à la nécessité d'une enquête plus approfondie. C'est la raison pour laquelle il avait été décidé avant la tenue de la conférence de presse de tenter d'identifier la nature et l'origine de certains phénomènes observés. La grande question était, cependant, avec quels moyens?
Tout vol dans l'espace aérien belge effectué entre le coucher et le lever du soleil par n'importe quel appareil doit faire l'objet d'une demande officielle et doit recevoir l'autorisation des autorités de l'aviation civile et/ou militaire. Ces deux instances se chargent de coordonner tous les mouvements aériens durant la nuit si bien que l'on connaît l'identité de tous les aéronefs en vol ainsi que leurs intentions, le but étant, bien sûr, d'assurer la sécurité de la circulation. Dans le cas des observations d'OVNI, il s'agissait donc de vérifier si aucun vol non réglementaire n'avait été effectué. Si nous constations que tel état bien le cas, il va de soi que nous nous devions de tenter d'identifier ces appareils. Un des moyens les plus évidents pour détecter les intrus est le radar. En plus des radars d'approche des différents aérodromes, la Force aérienne dispose de deux puissants radars de détection intégrés au système de défense de l'OTAN et opérationnels 24 heures sur 24. Le rayon de détection de ces radars dépasse les 300 kilomètres. Les avions peuvent être détectés jusqu'à une hauteur d'environ 30 kilomètres tandis que l'altitude minimale dépend de leur position et de la distance qui les séparent de la station. Cela va de soi si l'on sait que les ondes radar ne voient pas derrière les coins et que chaque cible cachée derrière la ligne de l'horizon ou derrière un obstacle (une colline, par exemple) ne peut , en principe, être découverte. Dans les circonstances normale, le contrôleur radar ne voit que les appareils qui ont déjà subi une procédure de sélection. En effet, un ordinateur analyse les ondes renvoyées et rejettera tous les échos qui ne répondent pas aux normes préprogrammées (par ex. l'enveloppe de vol d'un avion). Le contrôleur ne voit donc que l'image synthétisée des échos radar qui représentent très probablement des avions. De cette manière, les faux signaux sont écartés. Ces derniers, mieux connus des contrôleurs sous le nom de "engels" ou "anges" (voir la contribution du professeur Meessen3), peuvent être causés par des perturbations atmosphériques, par exemple une couche d'inversion qui fait dévier les ondes du radar qui, à leur tour, sont reflétées entre autres par des objets en mouvement au sol. Le contrôleur peut désactiver le filtrage par l'ordinateur de sorte qu'il puisse observer sur écran tous les échos y compris les "anges" (le mode dit "raw video"). Il faut ajouter immédiatement que les opérateurs radar possèdent peu d'expérience de cette manière de travailler et que nombreux sont les échos dont l'origine est inconnue. Dans le cas des observations d'OVNI, les contrôleurs radar étaient priés de porter une attention particulière aux échos (même sur "raw video") qui apparaissaient aux environs des observations visuelles au sol. Ainsi, un certain nombre d'échos radar furent relevés dont on ne savait avec certitude s'il s'agissait "d'anges" ou de véritables appareils en vol. D'où l'attitude plutôt prudente de la Force aérienne surtout au début de la période d'observation et la critique résultante selon laquelle certaines informations ne pouvaient être divulguées. A part ces stations radar, la Force aérienne dispose aussi d'un Wing d'interception équipé d'avions de combat F-16 à Beauvechain, à environ 30 kilomètres au sud-est de Bruxelles. Deux de ces F-16 sont en permanence prêts à décoller dans les cinq minutes après l'ordre d'exécution d'un officier en charge au sein du système de défense de 1'OTAN. Le contrôleur radar de service peut, le cas échéant, obtenir une telle autorisation dans les plus brefs délais. La condition en est qu'une observation radar concrète et d'origine inconnue se produise et qu'il demande de faire exécuter une identification visuelle sur place au moyen des deux F-16 prêts au décollage. Cette procédure fait l'objet d'exercices réguliers: les pilotes sont de temps en temps envoyés dans les airs pour identifier de présumés intrus, fictifs ou non. Le but est de répéter toutes les procédures en profondeur de sorte que, en cas de besoin, une intervention urgente se passe sans problème. Après la première vague d'observations du 29 novembre 1989, la Force aérienne a ordonné aussi bien aux contrôleurs radar qu'aux pilotes de combat d'être vigilants et d'éventuellement passer à une procédure d'identification. A cette fin, seuls les moyens existants, c'est-à-dire deux radars au sol et les F-16, devaient être employés. Le but était de vérifier si les OVNI étaient réels ou non. Après confirmation, on passerait au deuxième stade, identifier, et déterminer si la sécurité du trafic aérien était menacée.
La coordination entre les observations au sol et le centre de contrôle radar de Glons posait, à ce propos, le plus grand problème. La Gendarmerie est l'organisme auquel on pensa immédiatement pour la réaliser. A cet effet, le numéro de téléphone de la station radar de Glons a été communiqué aux brigades de gendarmerie concernées afin que celles-ci puissent informer les contrôleurs quant aux positions géographiques de certains engins observés. Le nombre des maillons de la chaîne de communication entre les observateurs au sol et les pilotes devant identifier les éventuels engins en vol représentait un handicap important (coup de téléphone aux gendarmes, patrouille sur place, lien radio avec la brigade, appel à la centrale de Glons, coup de téléphone au contrôleur et lien radio avec les pilotes en vol). Tout comme la Force aérienne, la Gendarmerie ne pouvait mettre aucun moyen supplémentaire en oeuvre pour accomplir sa mission. En toute logique, priorité fut accordée aux tâches traditionnelles assignées aux quelques gendarmes en service le soir et la nuit, entraînant une perte de temps non sans importance puisqu'il était impossible de réagir promptement à des appels déterminés à un moment déterminé. La Force aérienne a entrepris un certain nombre d'actions concrètes. Lors d'une première intervention le soir du 2 décembre, deux F-16 ont été envoyés dans les environs de Liège où une éventuelle observation avait eu lieu. Un coup de téléphone de la Gendarmerie informe le contrôleur en service d'une observation au sol; ce dernier remarque à l'endroit indiqué un écho radar (sur "raw video") qui confirme peut-être l'observation visuelle. Les F-16 s'y sont rendus, n'ont rien vu et s'en sont retournés à leur base. D'après le contrôleur radar, l'écho disparut lorsque les F-16 s'approchèrent de l'endroit et réapparut après leur retour à la base. Le mystère reste entier. Deux avions furent envoyés une deuxième fois dans les airs après d'innombrables appels téléphoniques des environs de Hasselt. Les radars au sol n'avaient rien remarqué et les F-16 purent identifier l'origine du phénomène comme étant des projections laser sur une couche nuageuse. L'analyse des faits a montré que ces observations étaient complètement différentes de celles effectuées précédemment en province de Liège. Après cet incident, ordre fut donné de ne plus faire décoller d'avions sans observations radar antérieures et sans confirmation formelle des observations au sol par la Gendarmerie. Puis, il y eut l'action de la nuit du 30 au 31 mars 1990 décrite dans ce livre2. Dans ce cas-ci, la Force aérienne n'a réagi qu'après confirmation téléphonique de la part de la Gendarmerie d'un certain nombre d'observations dans la région de Wavre et après une observation simultanée par deux radars au sol. Les F-16 ont effectué plusieurs interceptions aidés par les directives du contrôleur radar en service. Certaines données furent enregistrées par les radars de bord des F-16; leur analyse technique est décrite dans la contribution du professeur Meessen dans ce même ouvrage3. La Force aérienne elle-même approche l'affaire avec la plus grande prudence. Des interférences électro-magnétiques pouvant mener à des conclusions trompeuses ne sont pas inhabituelles aussi bien pour les radars de bord que les radars au sol. Les interférences sur les radars de bord sont pourtant généralement causées par les conditions au sol alors que les enregistrements du 30-31 mars ont été réalisés à environ 3 kilomètres d'altitude. En outre, on constate à certains moments une corrélation entre les données provenant des deux radars de bord et d'au moins un radar au sol. L'enregistrement de données identiques par trois systèmes différents à des moments donnés nous pousse à ne pas exclure qu'un ou plusieurs appareils non identifiés aient effectivement évolué dans l'espace aérien belge. Il faut préciser immédiatement que ce fut la première fois qu'on analysa en profondeur des données qui sortent complètement du domaine des performances connues en matière d'aéronautique. S'agissait-il vraiment d'appareils ou avions-nous affaire à une interférence électro-magnétique exceptionnelle? Les pilotes eux-mêmes n'ont pas eu de contacts visuels concrets, en effet très difficiles à obtenir si l'on tient compte du nombre incalculable de points lumineux visibles la nuit au-dessus de la Belgique par ciel sans nuage et bonne visibilité. Pourtant, lorsqu'un pilote verrouille son radar (lock-on) sur une cible éventuelle, une indication du lieu où elle devrait se trouver s'affiche sur son viseur. Rien n'y a été relevé par les pilotes lors des divers lock-on accomplis. Si ces cibles avaient été illuminées, c'eût certainement été le cas. Est-ce la preuve qu'il n'y avait rien en l'air et qu'il s'agissait de perturbations électro-magnétiques? Sûrement pas: les témoins oculaires à Petit-Rosière ont déclaré que les points lumineux qu'ils observaient ont, à un moment donné, perdu de leur intensité alors que les F-16 approchaient, pour même s'éteindre complètement. Pourquoi n'a-t-on pas trouvé de corrélation définitive entre les observations au sol de Ramillies et les enregistrements des radars de bord des F-16? Selon les témoins oculaires, les objets lumineux se déplaçaient parfois en mouvements saccadés pour se stabiliser ensuite dans une position géométrique déterminée. Mais, dans sa fonction d'interception, le radar d'un F-16 ne peut pas détecter d'objet statique pour la bonne et simple raison que le système rejette tous les échos d'objets qui se déplacent à une vitesse relative de moins de + /- 100 km/h. Ce filtrage a été incorporé au système peur éviter que le radar de bord ne repère toutes les voitures ou autres objets au sol et que l'écran ne soit donc brouillé par un trop grand nombre d'échos. Le pilote ne s'intéresse qu'aux avions et aux hélicoptères qui se déplacent à une vitesse supérieure. Finalement, ces dernières cibles seront les seules à être projetées sur l'écran permettant au pilote de visualiser le profil du vol et d'effectuer éventuellement une interception. Du point de vue technique, il était donc impossible de détecter des objets lumineux avec le radar de bord dans le cas où ceux-ci restaient immobiles ou se déplaçaient à faibles vitesses. En tout cas, la Force aérienne en est arrivée à la conclusion qu'un certain nombre de phénomènes anormaux se sont produits dans l'espace aérien belge. Les innombrables témoignages d'observations au sol rassemblés dans ce livre, renforcés par les relevés de la nuit du 30 au 31 mars, nous ont amené à envisager l'hypothèse qu'un certain nombre d'activités aériennes non autorisées ont bien eu lieu. Jusqu'à présent, aucune trace d'agressivité n'a été signalée; le trafic aérien militaire ou civil n'a été ni perturbé ni menacé. On peut donc avancer que les activités présumées ne constituaient aucune menace concrète. Puisque les forces armées ne réagissent que lors d'une menace potentielle, il fut décidé de ne pas utiliser de moyens ou de personnel supplémentaire en dehors des systèmes de défense aérienne existants et disponibles. Je crois qu'en ce qui concerne les observations au sol, la Gendarmerie est arrivée à une conclusion identique.
Dès les premières observations d'OVNI les responsables de la SOBEPS ont officiellement demandé d'avoir accès aux données de la Force aérienne en la matière. Se basant sur le fait que les autorités nationales n'avaient rien à cacher, la Défense a donné l'autorisation de divulguer les données disponibles afin de permettre une enquête scientifique. Cette attitude a suscité quelque étonnement dans certains milieux nationaux et internationaux. En effet, c'était apparemment la première fois depuis la naissance de la problématique des OVNI que les autorités militaires ont décidé de collaborer avec une association de spécialistes dans le domaine des OVNI. Il est clair que, sur le plan international, aucune volonté de porter officiellement attention aux phénomènes OVNI n'est encore apparue. Cette attitude se comprend, et ce pour plusieurs raisons. Une d'entre elles est que le problème des OVNI se situe tout à fait en dehors de la routine des responsabilités traditionnelles de la défense. Un système de défense est élaboré pour faire face à une menace potentielle telle qu'elle est évaluée par les experts militaires et, pour l'instant, les arguments concrets font défaut pour formellement ajouter une hypothétique invasion extraterrestre à cette menace potentielle. En effet, élaborer un système de défense spécifique, plus précisément des moyens de détection et de protection, basé uniquement sur cette hypothèse, serait absolument déraisonnable. Et comme nous avons affaire à un phénomène très particulier, aucune structure ni militaire ni politique n'existe pour traiter cette problématique. Au sein de la Force aérienne par exemple, ce dossier a été mis dans les mains d'officiers déjà fort occupés par leurs tâches habituelles et qui n'ont pas assez de temps à consacrer à l'étude et à l'analyse de toutes les données. Pour le personnel d'état-major, cette charge supplémentaire est estimable. Par exemple, répondre à tous les appels téléphoniques et à toutes les lettres à ce sujet justifierait déjà la création d'un bureau spécial composé de spécialistes. Un problème semblable se pose au niveau des Cabinets ministériels qui devraient éventuellement se prononcer sur l'importance de ce problème. De hauts fonctionnaires ont déjà beaucoup à faire avec leurs responsabilités respectives et manquent de temps pour porter toute leur attention sur la mystique du problème des OVNI. Une autre raison pour laquelle personne ne veut s'exprimer à ce propos au plus haut niveau, aussi bien sur le plan national qu'international, est la crainte du ridicule. Les instances officielles n'ont pas envie de faire l'objet de moqueries ou de "blagues belges." En résumé, les raisons essentielles pour lesquelles tout progrès dans une approche objective du problème est très difficile sont le manque de temps et la peur du ridicule. Cependant, elles sont toutes deux liées l'une à l'autre: conclure que l'affaire des OVNI n'est pas du tout ridicule n'est possible que si l'on peut trouver le temps de l'analyser en profondeur. Les autorités de la Force aérienne ont estimé qu'il n'y avait rien de ridicule dans le fait que des milliers de gens aient observé certains phénomènes. Il n'était donc pas ridicule non plus de tenter de découvrir la cause de ces observations et l'origine des phénomènes. Même en partant de la thèse populaire des plaisantins, leur identification serait toujours utile. De ce point de vue, nous avons opté pour une enquête limitée et prudente avec les moyens existants et disponibles. Comme les experts de la Force aérienne ne pouvaient pas se concentrer complètement sur une analyse profonde de toutes les données vu leurs autres activités professionnelles, toutes les informations ont été remises à la SOBEPS. Cette décision s'appuyait sur la preuve qu'avait apporté cette organisation d'être capable d'une approche objective et scientifique.
La Force aérienne aurait-elle pu faire plus? Sans doute, mais uniquement à condition d'un effort particulier et de l'engagement de plus de moyens et de personnel. N'oublions pas que le phénomène OVNI surgit à des endroits et dans des conditions imprévisibles. La mise en oeuvre d'un réseau étanche d'observateurs, de lunettes optiques spéciales, de caméras infrarouge, de moyens de communication, d'hélicoptères et d'avions aurait exigé un effort financier énorme. Un tel effort ne peut être justifié sans la preuve qu'il s'agit effectivement d'objets volants qui pourraient constituer une menace éventuelle pour la population et pour le trafic aérien ou qui soient vraiment d'origine extraterrestre. Le dilemme est le suivant: comment peut-on identifier ces OVNI sans l'engagement de moyens supplémentaires alors qu'une telle identification est la condition sine qua non pour justifier leur engagement. Le jour viendra sans doute où le phénomène sera observé avec des moyens technologiques de détection et d'enregistrement qui ne laisseront aucun doute quant à son origine. Ceci devrait lever une partie du voile qui couvre le mystère depuis longtemps. Un mystère qui reste donc entier. Mais il existe, il est réel, et c'est déjà une conclusion importante.