Avant de réagir au texte qui suit, et/ou pour en savoir plus, veuillez vous reporter à la page principale de cette section.
«Canular ou manipulation à l'échelle planétaire, les textes d'Ummo sont une énigme sans précédent dans le dossier OVNI.»
“Nous nous trouvons effectivement dans une situation sans précédent.”
Certains partisans de la thèse selon laquelle les lettres des Ummites seraient en réalité écrites par des êtres extraterrestres venus de la planète Ummo prétendent que ce cas est sans précédent.
Voilà la réalité. Tout ceci est parfaitement connu depuis longtemps par la majorité des ufologues, ce qui suit n'est qu'un rappel résumé.
“Bien qu'il soit difficile de trouver des preuves physiques concrètes de l'existence de cet ancien continent, de nombreuses personnes “savent” qu'elles ont un lien fort avec la Lémurie.”
Aux USA dans les années 1940, l'éditeur Ray Palmer publiait un magazine de science-fiction, Amazing Stories. Le magazine était en théorie un magazine de «fiction», mais en 1943 Palmer reçut une lettre d'un lecteur de Barto, en Pennsylvanie, qui venait prétendument de la ville d'Atlantis, capitale de la Lémurie, alias Mu, un continent perdu sous les inondations. Ce lecteur avait en fait élaboré à partir de livres tels que le livre de 1904 de William Scott-Elliot, «The Story of Atlantis and The Lost Lemuria.»
La lettre venait d'un certain Richard Shaver, avait un alphabet original, des rébus, des symboles et les fameux «soncepts» dont Jean Pollion prétendit bien plus tard qu'il s'agissait de quelque chose qui n'existait que dans les lettres ummites. Palmer a publié cet alphabet dans le numéro de janvier 1944 de son magazine et a commencé à correspondre régulièrement avec Shaver, lui demandant «plus de matériel«.
Richard Shaver était en fait un farfelu peu fiable qui avait des problèmes avec les forces de l'ordre. Palmer et Shaver ont rassemblé ces éléments dans un court roman de 1945, «I Remember Lemuria« («Je me souviens de la Lémurie»), et les lecteurs du magazine, la majorité étant des adolescents avides de mystères, ont commencé à penser qu'il s'agissait d'une histoire vraie. Certains lecteurs ont commencé à écrire au magazine, pour témoigner qu'ils étaient eux-mêmes en contact avec les descendants des Lémuriens qui avaient quitté notre planète il y a longtemps mais étaient revenus nous rendre visite à bord des soucoupes volantes dont on commençait à parler à cette époque.
Ci-dessus: Richard Shaver dans son atelier. Tout autour de lui, ses peintures dont il dit qu'elles sont peintes dans des tunnels souterrains menant au monde mystérieux des Deros.
D'autres prétendaient être des Lémuriens réincarnés. D'autres documents ont été écrits, dans lesquels des Lémuriens «malveillants» sont devenus des robots, les «Deros», ennemis de l'humanité vivant sous terre tandis que les «bons» Lémuriens qui s'étaient échappés vers d'autres planètes sont revenus en tant qu'amis de l'humanité, pour nous sauver de l'influence maléfique des méchants Deros, etc.
Shaver a beaucoup ajouté aux histoires, affirmant qu'il recevait depuis des années des ordres des Lémuriens par le biais de son poste de soudure électrique! L'histoire a évolué davantage lorsqu'il a raconté qu'une Lémurienne du nom de Nydia s'est téléportée dans sa cellule de prison et l'a aidé à s'échapper, et est devenue son amante.
Ci-dessus: le poiste à soudure Hobart de Richard Shaver.
Lorsque la question des OVNI aux Etats-Unis a commencé à être prise au sérieux par certains scientifiques, par des membres de l'U.S. Air Force, par des organisations civiles qui ont lancé des enquêtes sur le terrain à la suite de ces observations, toute cette bêtise a disparu dans l'oubli au profit d'une approche plus rationnelle du problème des soucoupes volantes. La science-fiction elle-même est entrée dans une ère où des armées d'auteurs ont inventé des civilisations extraterrestres avec leur système philosophique, leur technologie, leur langage, leur alphabet, mais tout cela était clairement compris comme de la fiction basée sur des spéculations scientifiques et non comme de "vraies histoires", à l'exception d'une frange marginale de lecteurs déséquilibrés.
De nombreux lecteurs d'Amazing Stories ont en fait écrit des lettres de protestation, estimant que promouvoir les fictions évidentes de Deros comme des «faits» était inacceptable. Beaucopup de lecteurs de la revue étaient d'avis que la science-fiction, comme la question des soucoupes volantes, méritaient un traitement réservé aux adultes et ils étaient dégo甦楣捲;tés par les fantasmes délirants de Palmer et Shaver. Ceux-ci allèrent si loin et le mauvais accueil fut si évident qu'en 1948, le groupe Ziff-Davis qui finançait la revue décida de mettre un terme à la publication des histoires de Palmer et Shaver sur Lemuria, l'Altantide et autres Deros. Palmer quitta le groupe Ziff-Davis et reprit plus tard la publication de ces histoires, rééditant les exploits de Shaver dans sa propre revue The Hidden World en 1961.
Jorge Luis Borgès, écrivain, poète et penseur de nationalité argentine, prolifique constructeur de labyrinthes littéraires, a entendu de ses amis une histoire étrange: il existe une certaine édition de l'Encyclopédie Britannica qui mentionne un pays mystérieux nommé Uqbar.
Borgès écrit alors, en 1944, “Tlon Uqbar Orbis Tertius”, un roman concernant le pays d'Uqbar sur une planète imaginaire de la “troisième orbite”, une sorte de monde parallèle, qui peut être considéré comme une métaphore de la Terre, dont les habitants ont un langage basé sur un système de termes symboliques, Borgès proposant une mini encyclopédie publiée au fur et à mesure.
Ci-dessus: «Tlon Uqbar Orbis Tertius», de Jorge Luis Borgès.
Le narrateur fictif de l'histoire «entre même en possession d'un fragment de métal provenant de Tlon», et l'on peut se perdre complètement dans le texte de Borgès puisqu'il brouille suffisamment les pistes pour que le lecteur puisse se demander si Tlon existe vraiment.
Borgès invente aussi une physique spéculative tlonienne inspirée des spéculations des physiciens de l'époque, sur les couches du continuum espace-temps comme on le retrouvera plus tard dans la saga Ummo. Avec un peu d'imagination, le lecteur peut penser que la physique de Tlon précède en fait les théories des cordes modernes, mais bien s甦楣捲;r l'embryon de théories des cordes existait ailleurs avant l'écriture de Borgès. De plus, les Tloniens utilisent un système de numération duodécimal, tout comme les Ummites l'utiliseront plus tard.
Ci-dessus: Une des nombreuses cartes de Tlon.
En 1964, l'écrivain français Robert Charroux, qui écrivait des articles et des livres défendant l'idée que notre civilisation est sous l'influence d'extraterrestres que nous prenons aujourd'hui pour les dieux du passé, a reçu des lettres, tapées à la machine à écrire, d'un certain MY, qui prétend qu'elles proviennent d'êtres extraterrestres de la planète Baavi.
Les lettres décrivent la civilisation de Baavi comme organisée selon un modèle quasi-communiste ressemblant à celui de la Chine de Mao-Tse-Toung, avec une seule nation à l'échelle planétaire, un gouvernement planétaire totalitaire, une seule langue à la saveur définitivement sumérienne. Baavi est censé être en orbite autour de Proxima du Centaure et avoir la taille de Mars.
Les Baaviens ont bien sûr des bases souterraines sur Terre, entre autres sur l'île des Maldives, tout comme les prétendus Ummites. Ils ont colonisé Mars il y a 15.000 ans, et bien s甦楣捲;r ils ont créé une race hybride martienne/baavienne et ont accompli bien d'autres exploits.
Ces extraterrestres viennent nous voir dans des soucoupes volantes appelées vaidorges, ayant des dômes et des armes laser pour désintégrer les météorites, comme les Umiites plus tard. Leur grammaire, leur chimie, leur système de mesure et leur physique sont également décrits, comprenant des idées de variation de la vitesse de la lumière dans le temps, d'univers jumeaux dont l'un d'eux a une direction d'écoulement du temps inversée, tous éléments qui se retrouveront dans un état presque identique dans les futures lettres d'Ummo.
Ci-dessous: Certains reçoivent des lettres d'Ummo, quant à moi, j'ai reçu ce message de Baavi par courrier électronique en janvier 2003:
vaîdorge-bââle-c=17x-ring titanium in helium---liquid -alpha ? (1971 No-Mé)
geo coordinates go Lat--- -- - --lon---- - -- - -
bââvi- keywords >=?
IT IS YOU WHO MUST ANSWER NOW
“J'ai la preuve, hélas, que le bon homme (paix à son âme, car il est décédé l'année dernière) s'est laissé quelque peu emporter par sa conviction et une forme d'indifférence à l'égard des données réelles.”
En 1965, à Madrid, en Espagne, existe une «Société des Amis des Visiteurs de l'Espace» (Sociedad de Amigos de los Visitantes del Espacio). Ce sont eux qui vont lancer l’affaire Ummo, mais il y aura d’abord une véritable «ébauche d’Ummo» créée par ces gens. Ces gens étaient par exemple le «professeur» Fernando Sesma Manzano, leur chef, qui n’était pas du tout professeur mais technicien en télégraphie et se prétendait professeur de cartographie et de cryptologie sans en avoir la moindre notion, un certain Villagrasa qui était ingénieur en construction, le policier Garrido, une jeune femme Araujo qui travaillait à l’ambassade des Etats-Unis, d’où l'on a suggéré des liens supposés avec la CIA, et un grand groupe d’excentriques qui se réunissaient dans le café «la Baleine Joyeuse» à Madrid pour discuter de gnosticisme, de philosophie, de science, d'extraterrestres et de tous autres sujets passionnants, pour «brasser du Gurdjeff», comme on disait à l'époque. Sesma publie des textes ésotériques et diffuse l'évangile de George Adamski qu'il considère comme un authentique contacté des extraterrestres
Ci-dessus : Le café Leon à Madrid. C'est parce que le mur portait cette peinture d'une baleine joyeuse que l'endroit a été surnommé «Ballena Alegre», la Baleine Joyeuse.
Ainsi, en 1965, Sesma a fait savoir qu'il était en contact avec les habitants extraterrestres de la planète Auco, en orbite autour d'Alpha du Centaure. Auco est une planète de civilisation pacifique, une véritable utopie. Sesma prétend avoir assisté à l'atterrissage d'un vaisseau spatial de la planète Auco en 1961. Puis, un certain Saliano, en 1962 à la «Baleine joyeuse», lui aurait montré des lettres écrites par les extraterrestres d'Auco, et tout le groupe crédule s'émerveille du système philosophique idyllique d'Auco. Les lettres des Ummites prétendirent plus tard que Saliano n'était qu'un personnage fictif inventé par Sesma, en réalité Saliano était une invention reconnue par un astrologue qui se moquait de la crédulité du «professeur» Sesma et de sa cour d'admirateurs.
En tout cas, tout cela est très réussi et le Madrid artistique et intellectuel vient écouter le «professeur Sesma» et ses amis à la Baleine Joyeuse. Il montre même maintenant une «pierre de l'espace» extraterrestre avec des hiéroglyphes extraordinaires, pour montrer aux incrédules une «preuve tangible» de l'existence des extraterrestres: la pierre lui a été offerte par un certain San Martin, ambulancier dans un hôpital psychiatrique, qui à son tour l'a reçue d'un être extraterrestre qui, bien entendu, est descendu d'une soucoupe volante, en 1954.
Ci-dessus: la Pierre de l'Espace d'Alberto San Martin. Sesma a réussi à «traduire» ces neuf symboles en “Nous venons des royaumes célestes supérieurs vers votre monde divisé. Bientôt la courbe céleste sera liée à la ligne droite de la terre. Mais, pour éviter le choc, il y aura un temps de contacts préliminaires. La rencontre sera heureuse. Vous vous appuierez sur nous et votre croix sera moins lourde à porter. Vous surmonterez vos instincts fondamentaux lorsque nous nous abriterons tous sous le même toit. Et vous connaîtrez enfin la paix.”
Mais en 1966, sur la planète Auco, la “pierre de l'espace” est devenue une sorte de “preuve” plus qu'embarrassante de la nature délirante du groupe de Sesma plutôt que la preuve de l'existence de la planète Auco, et le groupe oublia rapidement tout cela. Sesma détruisit les lettres de la planète Auco, qui n'étaient plus assez sophistiquées pour convaincre quiconque, sauf certains de ses fidèles. Puis arriva Jordan Pena, et simultanément la planète Ummo, des appels téléphoniques et des lettres à Sesma, qui écrivit «Ummo: une autre planète habitée», l'article fondateur d'une nouvelle histoire plus à la mode du jour...
Ci-dessus: «Ummo, un autre planète habitée»,
par Fernando Sesma.
Ci-dessus: Une des cartes d’Ummo de Jordan Pena.
En réalité, les histoires de lettres écrites par les extraterrestres qui nous visitent sont nombreuses. Il y a pléthore de cas de ce genre depuis au moins 1904. Il y a les extraterrestres d’Alcyones dans les Pléiades, il y a ceux d’Eduardo Meier, il y a les contacts de Raphael Chacon en Arizona avec les extraterrestres de la planète Zeti, il y a les Rigéliens qui confient leurs plans techniques à un indien Cherokee de Caroline du Nord, il y a Bob Renaud qui transmet la connaissance de la planète Korendor, «Cordwainer Smith» et sa tonne d'écrits dictés par une inspiration inépuisable, au point qu'il eut besoin d'une psychiatrie pour arrêter le flot de milliers de pages, et ainsi de suite.
Si l'on met l'affaire Ummo en perspective, elle ne semble pas du tout «sans précédent» mais elle n'est clairement qu'une variante parmi d'autres, l'une des plus récentes et donc logiquement les plus raffinées, d'un type de canular souvent pratiqué, dans lequel des personnes peu crédibles prétendent être en relation particulière avec les habitants d'une certaine planète. Des lettres, des objets, sont souvent présentés comme des «preuves» de la véracité de ce type d'histoires. Il s'agit d'alphabets ou de langages extraterrestres, de données prétendument scientifiques, de schémas techniques, de prédictions, de recettes de cuisine, de mille détails, d'indications sur le mode de vie de ces extraterrestres, généralement aux saveurs résolument utopiques. «Ummo» n'est pas du tout quelque chose d'unique ou sans précédent, comme veulent nous le faire croire certains défenseurs de la thèse selon laquelle les Ummites sont en réellement des extraterrestres. Au contraire, le même groupe de personnes qui a annoncé l’existence des extraterrestres d’Ummo s’était déjà livré à ce genre d’exercice auparavant, la planète Auco étant une ébauche de la planète Ummo. D’autres raisons de conclure que l’affaire Ummo est un canular sont présentées ailleurs dans ce dossier.