Ce rapport est paru dans la revue d'ufologie "Phénomènes Spatiaux", du groupe d'ufologie GEPA, dans le numéro 16, de juin 1968.
Il a paru en traduction anglaise dans la fameuse Flying Saucer Review (FSR), Volume 14, N° 5, pp 7-9, de septembre 1968 avec le titre "Encounters With 'Devils' - A Strange Account From The Cussac Plateau In France" ("Rencontre avec des 'Diables' - Un Etrange Récit venu du Plateau de Cussac en France".
Ce rapport d'enquête de Joël Mesnard et Claude Pavy sur le cas de Cussac est paru également en traduction allemande de Heinrich Ragaz, dans la revue UFO Nachrichten de Karl Veit, d'octobre 1972.
Il a également été republié intégralement et au mot près, y compris les dessins, sans aucune mention de source, dans le livre "Le Mystère des O.V.N.I" de R. Jack Perrin (pseudonym of Roger-Paul Perrinjaquet), pp 14-18, J'ai Lu éditeur, France, 1976.
par Joël MESNARD et Claude PAVY
29 août 1967 - Sur les plateaux du Cantal, dans un décor de pâturages séparés par de petits murs de pierre et des rideaux d'arbres un minuscule village sur une colline: Cussac, à 20 km à l'O.-S.-O. de Saint-Flour. Il est 10 h 30. Dans un pré situé en bordure de la départementale 57, une dizaine de vaches paissent sous la garde de François [X], 13 ans et demi, et de sa soeur Anne-Marie, 9 ans, accompagnés de leur petit chien Médor. Le temps est beau, le ciel clair, un léger vent souffle de l'ouest.
Les vaches s'apprêtant à franchir un muret, François se lève pour les faire revenir, se retourne et aperçoit, de l'autre côté de la route, ce qu'il croit tout d'abord être quatre enfants, derrière une haie, à une quarantaine de mètres. Il escalade quelques pierres pour mieux distinguer ces enfants qu'il ne reconnaît pas. Ils sont étranges: tout noirs de vêtement et de visage. François et Anne-Marie distinguent près d'eux, à moitié cachée par la haie, une grosse sphère extrêmement brillante, pénible à regarder tant elle étincelle.
L'un des petits êtres est baissé et paraît s'affairer à terre, tandis qu'un autre tenant d'une main un objet reflétant le soleil et que François compare à un miroir, agite ses mains semblant faire des
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signes à ses compagnons.
François s'écrie alors "Vous venez jouer avec nous?" A ce moment, les petits êtres qui ne paraissaient pas s'intéresser aux enfants, prennent conscience qu'ils sont observés.
Le premier (voir dessins) s'envole à la verticale et plonge, la tête la première, dans le haut de la sphère. Le second le suit de la même manière et le troisième, après s'être relevé, fait de même. Quant au quatrième, il s'élève mais, avant de plonger dans l'appareil, il redescend et paraît ramasser quelque chose (son "miroir", pense François), puis s'envole de nouveau et rattrape la sphère qui, pendant ce temps, avait commencé à monter en décrivant de petits cercles et se trouvait déjà à une quinzaine de mètres de hauteur. Il disparaît alors à l'intérieur de la même manière que ses prédécesseurs.
En s'élevant, la sphère émettait un sifflement doux et assez aigu, mêlé au bruit d'un souffle qu'aucun des enfants n'a ressenti.
Elle décrit encore quelques cercles, en s'élevant toujours, tandis que l'intensité de la lumière qu'elle irradie s'accroît fortement. Puis, le bruit disparaît et la sphère s'éloigne à toute allure en direction du nord-ouest.
En même temps, une odeur de soufre se répand et vient jusqu'aux enfants. Les vaches se mettent à beugler et à s'agiter. Vingt-cinq vaches, situées dans un pré voisin, à environ trois cents mètres de là, beuglent aussi et viennent se rassembler près de celles de François et d'Anne-Marie. Le chien Médor aboie après l'objet et voudrait le suivre.
Les enfants ne voient pas l'objet disparaître, car ils sont obligés de s'occuper des vaches, qui sont très agitées et qu'ils rentrent une demi-heure avant l'heure normale.
Les détails concernant l'objet sont pauvres. C'est une sphère parfaite, de deux mètres de diamètre environ, d'une couleur argent lumineux très brillant, éblouissant. François, qui porte des lunettes et doit avoir les yeux fragiles, aura les yeux larmoyants pendant le quart d'heure qui suivra l'appa-rition, et le matin, au réveil, pendant plusieurs jours de suite. Sa soeur, qui ne porte pas de lunettes, ne ressentira rien.
Sur cette sphère, aucun détail n'a été remarqué. Elle est parfaitement lisse, aucune inscription, aucune ouverture: les petite êtres paraissent passer au travers de la paroi. Le seul détail remarqué, c'est l'un des deux points par lesquels les récits des enfants diffèrent, l'a été par Anne-Marie: elle dit avoir vu sous l'engin un train d'atterrissage composé de 3 ou 4 béquilles droites munies de patins circulaires de 10 cm de diamètre. François ne les a pas vues. Elles n'étaient plus visibles sous l'appareil en vol. Anne-Marie ne les a pas vues rentrer dans l'engin. A un moment, elles étaient là, le moment d'après, elles n'y étaient plus. On peut penser que, l'appa
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[Légende du dessin 1:]
Topographie des lieux
[Sur le dessin, la distance entre les témoins et la haie en suivant la route est donnée comme étant de 50 mètres environ.]
[Légende du dessin 2:]
EMBARQUEMENT DANS LA SPHERE
(1) Le premier personnage s'élève, bascule et entre, la tête la première, dans la sphère, imité (2) par le second ; le troisième se redresse (3) et en fait autant; le quatrième s'élève puis redescend (4).
[Légende du dessin 3:]
DEPART DE LA SPHERE
(5) La sphère monte en spirale ; le quatrième personnage la dépasse lors de son ascension (5 bis) et pénètre à l'intérieur en basculant; la sphère disparaît en direction du Plomb du Cantal (6).
reil s'élevant et l'intensité de sa lumière s'accroissant jusqu'à devenir insoutenable, les détails visibles de l'objet se sont noyés dans cette lumière violente, ce qui expliquerait que, déjà au départ, François, avec ses yeux fragiles, n'ait pu observer les béquilles, l'engin étant, dès ce moment, très lumineux.
L'odeur de soufre s'est répandue lorsque l'objet a commencé à monter en spirale ou, plus exactement, en hélice. Le léger vent d'ouest correspondait à la direction objets-enfants. Les vaches se sont mises à beugler dès le départ de l'appareil. On notera qu'à une concentration suffisante, l'ozone présente une odeur pouvant être confondue avec celle du soufre - c'est à dire du gaz sulfureux - et qu'une odeur d'ozone a déjà été signalée dans quelques cas d'atterrissages.
Les détails concernant les petits êtres sont plus nombreux et intéressants. Ces êtres mesurent approximativement de 1 m à 1,20 m de haut. Ils n'ont pas tous la même taille. Le premier et le second (voir dessins) sont les plus petits, et le plus grand est le quatrième, celui qui tient un "miroir" en main. Ils sont "tout noirs", mais d'un aspect brillant que François compare à celui de la soie. Les enfants ne peuvent préciser si la couleur est celle de la peau des personnages ou celle d'une combinaison quelconque, car il n'y a aucune ligne de démarcation visible entre un vêtement possible et la tête des personnages, tête qui est nue. S'il s'agit d'une combinaison, celle-ci est parfaitement moulante.
Les proportions des membres ne s'accordent pas tout à fait avec les normes de notre espèce. Les bras sont un peu trop longs et fins (voir dessins). Les enfants n'ont pu distinguer ce qui aurait pu servir de mains. Les jambes sont courtes et fines. A l'encontre de ce qui s'est passé pour les "mains", les enfants ont pu observer les pieds du quatrième personnage, lorsqu'il a rattrapé la sphère qui commençait à s'élever. Selon l'expression des enfants, ils étaient "palmés" (voir dessin). Peut-être cet aspect était-il dû à la présence d'une chaussure quelconque.
Relativement au corps, la tête paraît de proportions normales, mais le crâne est pointu et le menton est également très accentué. Le nez aussi est pointu, et c'est Je second point sur lequel les récits diffèrent. Anne-Marie est la seule à avoir vu ce nez, lorsque le quatrième personnage s'est envolé pour rattraper la sphère et s'est alors montré de profil. On peut penser que ce fut assez fugitif et que c'est la ra1son pour laquelle François ne l'a pas remarqué.
Le dernier point, très intéressant, est la "barbe" que, selon les enfants, portent ces personnages. Elle se trouve située de chaque côté de la tête et il y a aussi une petite touffe sous le menton. Les enfants n'ont pu distinguer d'yeux dans les visages de ces petits êtres et ne leur ont pas vu d'oreilles.
Bien que ne paraissant avoir avcun appareil sur le dos, les personnages s'envolent néanmoins très facilement et rapidement. On peut penser qu'ils sont munis d'appareils similaires à ceux qu'évoque M. Jean Goupil dans son article sur les champs répulsifs ("Phénomènes Spatiaux" No 11, p. 22), et miniaturisés, ou que ces phénomènes sont produits par l'appareil lumineux, sur un signal quelconque, ou encore par l'intermédiaire d'un cinquième comparse situé dans l'engin.
Nous sommes arrivés sur place pour enquêter sans avoir prévenu qui que ce soit. Les enfants ne nous attendaient donc pas et il est hors de question qu'ils aient pu réviser leur histoire. Nous nous sommes d'abord présentés à la gendarmerie, où l'on nous a courtoisement reçus et où on nous a confirmé ce que nous savions primitivement de cette affaire. C'est à dire ce que nous en avions appris par "Radio-Luxembourg" - qui nous avait très obligeamment remis l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre l'un de ses reporters et le père des enfants, au lendemain de l'incident -, et par l'article paru dans "Paris-Jour" du 2-3.9.67. En nous confirmant les grandes lignes de cette observation, dont nous avions eu connaissance par ces sources, les gendarmes nous ont précisé que les enquêteurs qui s'étaient rendus sur place le jour même vers 16 h avaient constaté l'existence d'une odeur de soufre. En outre, la gendarmerie et ses enquêteurs avaient, à l'époque, considéré l'affaire comme relativement sérieuse.
Nous nous sommes ensuite rendus à Cussac où nous avons trouvé la petite Anne-Marie, en compagnie de sa mère et d'un petit frère, André, qui nous ont très aimablement accueillis.
Nous avons interrogé Anne-Marie pendant une heure environ. Nous étions deux et nous posions des questions à tour de rôle, à jet continu, en revenant périodiquement sur les mêmes points mais avec des formulations différentes, de manière à essayer de faire l'enfant se couper. Il s'agit d'une enfant assez timide et, cependant, elle ne s'est jamais coupée.
Après cet interrogatoire, elle nous emmena chercher son frère François qui travaillait aux champs avec son autre frère Raymond.
Nous revînmes avec François jusqu'au domicile de ses parents, en l'interrogeant comme nous avions interrogé sa soeur. Lui non plus ne s'est jamais coupé.
D'autre part, en les interrogeant ensemble, aussi bien sur les lieux de l'incident qu'au domicile de leurs parents, et en leur demandant de plus en plus de précisions,
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nous n'avons pu remarquer aucun regard de connivence entre eux. Jamais ils ne parurent embarrassés par nos questions: ou ils avaient vu le détail demandé ou ils ne l'avaient pas vu. Par exemple, François nous a dit: "Depuis le premier jour, Anne-Marie dit qu'elle a vu des béquilles sous l'objet, mais moi je ne les ai pas vues, alors je ne peux rien vous dire!" A ce propos, d'ailleurs, il pense qu'elle a pris des branches des buissons de la haie pour des béquilles.
D'autre part, nous avons su par les parents qu'Anne-Marie n'avait pu dormir les deux premières nuits qui suivirent l'observation et qu'ils avaient dû la prendre avec eux; que François n'avait pu, lui non plus, dormir la première nuit; et que M. [X], un habitant de Cussac qui était en train de remuer du foin dans son grenier, avait entendu le sifflement émis par la sphère en s'élevant. Nous avons su également par eux que les enfants étaient en pleurs quand ils sont rentrés avec les vaches; ce que les petits peut-être par fierté - ne nous avaient pas dit.
Tout cela, il faut en convenir, plaide en leur faveur. D'autre part, s'ils avaient inventé cette histoire de toutes pièces, elle cadre si bien - mise à part cette odeur de soufre qui, à notre connaissance, est un fait nouveau dans l'histoire des soucoupes volantes - avec la structure générale du phénomène "soucoupe volante", avec ce que tant de gens disent avoir vu, qu'on pourrait presque la qualifier d'observation-type, et qu'il faudrait supposer que François et Anne-Marie avaient lu les publications spécialisées consacrées au sujet. Certes, nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser à ces questions, mais la diffusion des revues qui en traitent reste très faible et nous doutons fort que les enfants d'un cultivateur du Cantal, de l'une des régions les moins peuplées de la France, aient pu avoir connaissance, par la voie d'une de ces revues, de tous les détails qu'ils nous ont fournis et qui nous étaient déjà plus ou moins connus.
Les parents ont indiqué que François est en quatrième et que c'est un enfant travailleur. Interrogé sur ses lectures il nous donne des titres "Trésors de la poésie française", "Georges Sand", "Chateaubriand", qui doivent correspondre à son programme d'études. D'autre part, il ne nous paraît pas avoir le genre d'imagination qui le porterait à inventer une pareille histoire et - mise à part la peur qu'il a ressentie sur le moment - il ne semble pas avoir saisi l'importance de tout ce qu'il a vu ni tout ce que cela peut impliquer. De toute manière, il resterait à expliquer le sifflement entendu par M. [X], et la persistante odeur de soufre constatée par les gendarmes.
Tout ce qui précède n'a fait que nous confirmer dans l'impression, que nous avons eue tout au long de l'enquête, de nous trouver devant un cas passionnant et des plus sérieux, dont nous ne saurions trop souligner la signification et l'importance. Nous nous sommes rarement trouvés devant un témoignage dans lequel tant d'indications majeures se trouvent rassemblées et qui nous pose tant de problèmes. Des problèmes qui, pour la plupart, sont déjà connus, mais au sujet desquels nous ne pouvons hélas! que nous perdre en conjectures.
On retrouve ici: le refus systématique du contact, même avec des enfants; le mystère de la propulsion des engins - encore que, sur ce point, les articles de Jean Goupil, publiés dans les numéros 11, 12
[Légende de la photo:] Claude Pavy et les enfants sur les lieux de l'atterrissage.
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et 14 de "Phénomènes Spatiaux", nous apportent peut-être un commencement de clarté; l'apparence humanoïde et plutôt troublante des personnages. Les questions concernant l'origine et les intentions de ces personnages restent, ici encore, sans réponse.
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