L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Libération, Paris, France, pages 1 et 5, le 7 octobre 1954.
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Pareil à l'artificier du délicieux film américain d'avant-guerre "Vous ne l'emporterez pas avec vous", le retraité des mines de Beuvry-les-Béthune (Pas-de-Calais), Victor Oliveira, a lancé dans le ciel plus d'un millier de "soucoupes volantes", en confectionnant, ainsi que nous l'avons dit hier, des montgolfières de trois mètres de diamètre, avec du papier d'emballage, en y accrochant une étoupe enflammée. Las! Un de ces engins qui intriguait les populations "chtimies", a failli mettre le feu à une meule de paille. Et l'ancien mineur a dû renoncer à son amusement favori.
(Lire nous inform. page 5.)
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Il manquait quelque chose aux apparition des "Martiens" sur notre territoire: la prise de contact avec leurs hôtes. Cette lacune est allègrement comblée depuis hier. Les visiteurs, jusqu'ici timides ou timorés, en tout cas fort discrets, se sont enfin départis de leur mutisme pour tenter d'engager la conversation avec les personnes qu'ils ont eu la bonne fortune de rencontrer.
Vers 4 heures du matin, un mitron de Loctudy (Finistère), M. Pierre Lucas, était en train de puiser de l'eau dans la cour de la boulangerie quand il aperçut dans l'obscurité une soucoupe de 2 m. 50 à 3 m. de diamètre (environ). Il en vit sortir un nain mesurant à peu près 1 m. 20, qui s'approcha de lui, lui tapa familièrement sur l'épaule et articula quelques sons parfaitement inintelligibles. Gardant tout son sang-froid, l'ouvrier conduisit l'être inconnu au fournil, à la lumière duquel il put dévisager son interlocuteur: un visage ovale, hirsute, très laid, avec des yeux de la grosseur d'un oeuf de corbeau. Le jeune homme appela son patron, mais quand le boulanger arriva, l'étrange pilote avait disparu avec son mystérieux engin, sans laisser de traces.
Pendant ce temps, un marchand de bière de Concarneau voyait deux disques fondre dans le ciel, après avoir lancé une fusée.
Mais le mitron de Loctudy est largement distancé par un habitant de Chaleix (Dordogne), M. Garreau, qui passe pour un homme calme, pondéré et dépourvu du sens de l'humour. D'une "soupière volante" grosse comme un tombereau qui venait de se poser dans son champ sans crier (ci-)gare, il a de ses yeux vu deux individus sortir par une porte à glissière; ils étaient de type européen et vêtus de combinaisons kaki!!!
Après avoir serré la main du témoin, l'un d'eux a demandé avec un fort accent anglo-saxon: "Paris? Nord?"
Surpris par cette question, c'est M. Garreau qui est devenu muet. Dépité les deux individus ont caressé le chien de la ferme avant de disparaître dans leur engin à une vitesse vertigineuse.
A côté de ces deux observations, les autres témoignages de la journée et font bien piètre figure: même si, comme à Poncey-sur-Lignon [sic] (Côte-d'Or) les habitants armés de fusils ont patrouillé toute la nuit à cause des traces de succion disposées en trapèze et laissées par un cigare volant dont un témoin a vu le décollage foudroyant et si, comme à Jouy-sur-Morin (Seine-et-Oise), un membre de la société des ingénieurs civils de France, M. E. Farnier, ancien commissaire de l'Aéro-Club de France, a pu assister aux évolutions d'un disque de 10 mètres de diamètre tournoyant pendant 20 minutes à 400 mètres d'altitude, en laissant échapper des lueurs rouges-violettes et disparaître en sifflant en direction de Coulommiers.
A quand les premières amours avec les "Uranides"?
J. DEROGY.