L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Provençal, France, page 3, le 25 octobre 1949.
Quelque chose est apparu dans notre ciel de Provence, ces jours-ci, sans qu'on soit d'accord sur sa nature.
C'était jeudi, et des personnes, en Avignon, signalèrent le passage d'un bolide, vers 13 h. 30, en faisant cependant des réserves, n'ayant pu préciser s'il s'agissait d'un aérolithe, d'une soucoupe volante ou d'un avion à réaction.
A la même heure, un de nos concitoyens, M. J. de Castellar, observait le même phénomène en direction de Marseille-Veyre.
Depuis la publication de cet événement, dimanche, nous avons reçu plusieurs déclarations de lecteurs, dont l'une particulièrement précise. Voici sa partie principale:
"Au sujet du bolide de jeudi dernier, je confirme les dires de votre correspondant occasionnel, M. Castellar.
"J'étais moi-même en mer par un temps idéal, entre l'île de Riou et la terre ferme.
"A l'heure indiquée, je fut surpris de voir une fumée blanche qui montait avec une rapidité vertigineuse, presque à la verticale. L'on aurait dit une fusée à cannes de nos feux d'artifice.
"Par ma position en mer, cette ascension se produisaient au nord de Saint-Michel-d'Eau-Douce (rochers des Goudes), sans pouvoir préciser le point de départ.
"J'ai fini par apercevoir l'avion, gros comme une libellule.
"Lorsqu'il eut atteint, selon mon jugement, au moins 2 000 mètres d'altitude, il s'est dirigé sur moi horizontalement, m'a passé sur la tête en décrivant un cercle gigantesque. Je l'ai suivi du regard. Il est passé sur le cap Canaille, s'est dirigé vers l'Est, toujours en rond, et je l'ai perdu de vue derrière les collines de Carpiagne.
"J'affirme avoir vu l'avion et avoir perçu le vrombissement du ou des moteurs.
"J'ai contemplé, tout à mon aise et, par ma position, mieux que quiconque, ce cercle immense, pendant au moins une grosse demi-heure."
Mais deux autres lecteurs, MM. Laurent Bernard, habitant l'avenue Benjamin-Delewaert, et Lucien Durocher, habitant le chemin du Roucas-Blanc ont également observé le phénomène. Seulement, le premier à 19 h. 20 et le second à 19 h. 45.
M. Bernard a vu très nettement un corps semblable à une boule de feu, entouré d'un halo de lumière et laissant après lui une traînée égale à une dizaine de fois son diamètre. La marche été horizontale, rectiligne et silencieuse.
Ce correspondant avait aperçu, le même jour, à 13 h. 30, une traînée blanchâtre, alors qu'il était place de Pologne, en compagnie de plusieurs personnes.
M. Durocher se trouvait près des escaliers conduisant à Notre-Dame de la Garde et il vit soudainement apparaître dans le ciel pur d'abord comme une étoile filante très lumineuses qui, dans sa course rapide, laissa à sa suite une traînée ressemblant à un feu d'artifice.
Ces témoignages semblent indiquer que nous nous trouvons en présence de deux événements différents. Le "bolide" aperçu sur à Avignon et ensuite sur Marseille par M. De Castellar et un autre correspondant occasionnel, était, sans doute, un avion à réaction, alors que les observateurs de la soirée se sont trouvés en présence d'un météore.
Mais celui-ci venait de la mer et se dirigeait vers le nord-est, c'est à dire vers l'intérieur des terres. Or on n'a signalé aucune chute d'aérolithe, ce qui ouvre le champ des hypothèses.
Peut-être d'autres correspondants apporteront de nouveaux éléments qui permettront tout au moins de fixer le tracé de la boule de feu.
E.G.