L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Petit Mauricien, Ile Maurice, le 10 mars 2005.
Tombé à Petite-Rivière hier soir
L'Objet Volant Non Identifié (OVNI) de Petite-Rivière est identifié... Les débris visibles par Le Mauricien dans le store du poste de police du quartier, ce matin, indiquent qu'il s'agit d'un grand ballon à air chaud, fait de papier. C'est vers 23h30 hier soir qu'il se serait écrasé dans le champ de cannes voisin, à Bonieux, en portant encore des cylindres de toile carbonisée - qui ont été éteints par la suite -, indiquent les sources policières. Le ballon pourrait avoir été lancé de Maurice-même. Les services météo (qui lancent quotidiennement des ballons-sondes, qui utilisent une autre technique de gonflage) confirmaient ce matin que ce ballon de Petite-Rivière n'est pas un des leurs.
Le CI Chady et ses collègues du poste de police de Petite-Rivière avaient du mal à donner forme à l'"OVNI" en le sortant du store ce matin. Et pour cause : au lieu d'un objet en métal qu'auraient lancé des extraterrestres ou qui serait tombé d'un avion ou encore d'un satellite, il s'agissait d'un énorme morceau de papier blanc et gris déchiré, grand comme une armoire, auquel étaient attachés des morceaux de fil de fer et trois cylindres en toile carbonisée. Manifestement, les restes d'un gros ballon en papier, qui avait été gonflé à l'air chauffé par les cyclindres enflammés.
Les informations obtenues de source policière font état de flammes accrochées sous un ballon pendant que ce dernier approchait de la région de Port-Louis.
Parmi les débris visibles ce matin, se trouve un cercle fait de fil de fer, sur lequel est fixée - tout autour - une partie de la grande feuille de papier. Sous ce cercle, se trouvent des crochets, qui portent les cylindres en toile carnbonisée. Indication d'une construction artisanale du système de "chauffage" du ballon, connu depuis des siècles.
Le principe: faire chauffer de l'air dans un "ballon" fait de matériau léger : l'air chaud s'élève dans l'atmosphère, car il est moins dense que l'air ambiant. Si on fait suffisamment chauffer de l'air ainsi "emprisonné" dans un ballon, ce dernier s'élève, emporté par l'air chauffé qu'il contient.
Si le volume d'air chauffé est suffisant, il peut aussi servir à élever des charges qui sont accrochées au ballon. Une expérience largement mise en pratique depuis les premiers vols de Joseph et Jacques-Etienne Montgolfier en… 1783. Le nom de "montgolfière" désigne depuis les ballons à air chaud, comme ceux, faits de papier et de soie, qu'ils utilisaient déjà à l'époque pour faire des vols humains. De nos jours, de tels vols utilisent des ballons de technologie plus évolués, avec des brûleurs à gaz qui chauffent l'air dans de grands ballons en polymère.
Le polymère est aussi le matériau utilisé dans la fabrication des ballons-sondes météorologiques. Ces derniers sont gonflés avec un gaz léger (hélium ou hydrogène) et s'élèvent dans l'atmosphère en étant "soulevés" par ce gaz, moins dense que l'air. Ils portent des capteurs météorologiques (température, humidité, vent, etc.) qui renvoient leurs données au centre météo pendant qu'ils s'élèvent dans l'atmosphère. Arrivés, à environ 30 000 mètres d'altitude, ils éclatent et retombent en mer.
Si ce ballon ne vient pas des services météo de Maurice, les fabricants de l'"OVNI" de Petite-Rivière, qui répètent les expériences des Montgolfier, restent à identifier.
Pas d'OVNI non plus en haute atmosphère hier vers 18h. Les longues traces blanches qui s'étiraient progressivement du Sud au Nord, dans le ciel de Maurice, seraient dues au phénomène tout à fait normal de transformation en cristaux, des gaz émis par des avions. Les conditions du ciel - libre de nuages - étaient favorables à la visibilité de ce phénomène.
Les moteurs à réaction des avions rejettent des gaz (dont de la vapeur d'eau). Quand ils volent très haut, là où les températures sont bien inférieures à 0°C, ces gaz se transforment immédiatement en minuscules cristaux de glace. Derrière les moteurs de l'avion se forme donc un sillage de cristaux, qui peut être visible depuis le sol dans certaines conditions. Tel était le cas hier après-midi, pendant le passage d'un avion très haut dans le ciel mauricien, avion qui ne faisait pas escale à Maurice mais qui passait, comme tant d'autres, juste au-dessus de l'île en suivant la route des "checkpoints" du contrôle aérien.