L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Méridional, France, page 20, le 24 septembre 1986.
Hier matin à Paris, Bruxelles et Amsterdam, les passants levés de bonne heure, ont pu apercevoir de curieux objets lumineux non-identifiés. Débris de vieux satellites ou authentiques extra-terrestres?
Mardi matin. Un petit-déjeuner vite avalé, le chemin du bureau parisien, le centre de Paris, le Chatelet. Et puis le regard qui traîne, s'envole vers le ciel brumeux avant de jouer avec une guirlande de lumières. Mais que font ces lucioles "vert à bleu émeraude" dans ce coin de ciel bleu.
Vers 7 heures 30 du matin (5h30 gmt), hier, ce sont des centaines d'Européens qui ont vu, comme Jean-Luc Durant et Suzanne Blangis à Paris, "dix à quinze points lumineux, ou une "boule de feu", comme aux Pays-Bas, ou une "fusée lumineuse" en Belgique.
Objet volant non identifié (OVNI), la formation lumineuse restait mystérieuse après consultation des observatoires, des responsables du contrôle de l'espace aérien des pays traversés. Du côté de l'aviation civile et des militaires, aucun indice les radars étaient restés aveugles et à Paris, aucun survol en formation de la ville n'était prévu.
UN OBJET TRES HAUT ECHAPPANT AUX RADARS. - Et puis un objet simultanément aperçu à Amsterdam et à Paris, si c'était le même, devait être bien haut, au-dessus de la zone balayée par les radars destinés aux avions: entre 80 et 120 km selon un spécialiste du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES).
"Superbe" selon certains témoignages, suivi de "flammes vertes ou de "sillages argentés et se dirigeant du nord-est vers le sud-ouest selon le témoignage le plus précis, le cortège lumineux, volant "à la vitesse d'un avion lors d'un défilé aérien", garde son mystère.
Le premier indice est venu de l'espace. Parmi les 6.000 objets divers qui orbitent dans la banlieue de la Terre, du boulon aux morceaux entiers de fusées, la plupart finissent en effet par retomber un jour ou l'autre. Selon les prévisions du NORAD, l'organisme militaire qui surveille le nord du continent américain et les objets en orbite terrestre, les dates et les trajectoires de retombée de deux débris de fusées soviétiques pourraient correspondre.
Disloqués par le lancement, les restes des fusées ayant servi en juin et en mars dernier à mettre sur orbite des satellites pourraient être à l'origine de ce feu d'artifice matinal. Leurs retombées étaient prévues vers les 10 et 13 septembre, mais avec plusieurs jours d'incertitude.
LE RETOUR DES VIEUX DEBRIS. - Mis sur des orbites erratiques après le lancement, les débris des lancements, ou les vieux satellites ralentissent peu à peu leur course et rentrent à des vitesses élevées dans l'atmosphère, où ils se désintègrent et se consument à la manière de météorites.
"De telles chutes d'objets ont lieu presque tous les jours à travers le monde, et une ou deux fois par an en France, et des morceaux allant jusqu'à quelques centaines de grammes peuvent parvenir au sol, a expliqué hier M. Jean-Jacques Velasco, du GEPAN, le groupe d'étude des phénomènes aérospatiaux non-identifiés du CNES de Toulouse.
Pour ce spécialiste de l'enquête sur les OVNI, rompu aux divergences des témoignages et aux récits fantaisistes, les premiers éléments d'observation de ce mardi, et la coïncidence avec les prévisions de retombées du NORAD alimentent la thèse d'une chute de débris spatiaux.
A l'association d'étude sur les soucoupes volantes (AESV) d'Aix-en-Provence, on avance la même hypothèse: "le fait que l'on n'ai rien vu sur les radars français et la petite taille du phénomène lumineux militent pour la chute d'un satellite artificiel, estime M. Perry Petrakys, l'un des animateurs de cette association.
A l'avenir les spécialistes français devraient être plus rapidement fixés sur les origines de tels phénomènes: le CNES met actuellement en place une cellule qui sera chargée de suivre les prévisions de rentrée des satellites dans l'atmosphère de plus près. Les martiens y perdront-ils leurs couleurs?