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Les OVNIS dans la presse quotidienne:

La vague française de 1954 dans la presse:

L'article ci-dessous est paru dans le quotidien Le Courrier de Saône-et-Loire, France, page 5, le 18 novembre 1954.

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L'Académie de médecine se penche sur les soucoupes volantes:

illusion d'optique ou psychose collective...

PARIS. -- L'Académie de médecine vient de se pencher sur le problème des soucoupes volantes.

Le psychiatre George Heuyer a soutenu la thèse de la psychose collective.

- Il n'est pas, affirmait jadis Auguste Comte, de limite entre le physiologique et le pathologique. L'existence d'un délire, c'est-à-dire la conviction fausse, et irréductible au raisonnement, évoluant simultanément, et sous la même forme, chez deux sujets de la même famille et vivant ensemble, est connue depuis longtemps par les psychiatres qui ont conclu de ces phénomènes psychologiques qu'il se produit, dans la réalisation de ce délire à deux, un élément inducteur "de ce dérèglement" mental et un élément "induit" qui accepte sans contrôle les idées délirantes du premier.

Un processus semblable vaut pour les psychoses familiales et collectives. Il aboutissait jadis à faire incinérer le sorcier du village. Il aboutissait aussi aux paniques grégaires, comme celle de l'an 1000. Ces grandes psychoses comportent constamment les trois éléments: l'idée fausse, la peur, certaines conditions de groupe et de milieu.

Le psychiatre Heuyer, très ferme sur ses bases scientifiques, n'a pas manqué de préciser ce qu'il pense des "soucoupes volantes".

- Ici, l'idée fausse est évidente et contraire aux données scientifiques. Certes, il ne peut être nié que des phénomènes lumineux peuvent traverser le champ de la vision. Mais il peut exister aussi des illusions optiques. L'heure habituelle de la soucoupe volante n'est-elle pas souvent celles ou descend normalement la planète Vénus? Les fables imaginées par des romanciers visionnaires alimentent l'anxiété humaine. D'autres éléments contribuent également à produire des psychoses collectives qui, à la longue, pourraient devenir dangereuses pour la santé mentale collective.

Je ne vais pas "démonter" l'entièreté du propos de Georges Heuyer donné ici, il est probablement très mal rapporté.

Deux remarques toutefois:

Heuyer se réfère à Auguste Comte.

Auguste Comte (1798-1857), enseignant en mathématiques et en astrononomie, a été à l'origine du "positivisme", qui initialement se devait de lutter contre la métaphysique, trop abstraite et vague, et contre la théologie et les croyances. Il a également défendu l'idée que la science de son temps - la physique Newtonnienne - connaissait tout ce qu'il y avait à connaître - à part quelques détails sans importance. Malheureusement, il estimait alors que les croyances du public en matière de science devaient être strictement réglées et surveillées par un corps constitué, composé d'hommes jugés compétents et armés de toutes les rigueurs du bras séculier...

En 1954, après les travaux d'Einstein sur la relativité et la naissance de la physique quantique, nées de fameux "détails sans importance", il aurait dû apparaître à Heuyer que la science n'était pas du tout "terminée", et que le dogmatisme n'est pas du tout productif.

Heuyer assure que l'heure "habituelle de la soucoupe volante" est souvent "celle ou descend normalement la planète Vénus". L'argument est d'une sottise monumentale. Ai-je besoin de rappeler que Vénus ne se couche pas tous les jours à heure fixe? Voilà le genre de bourdes que commettent ceux qui pensent que la "psychologie" est la seule science valable pour approcher la question. Aucunement; même les fameuses "illusions d'optique" (mirages, halos...) ne sont pas réellement des "illusions" et ne sont pas du tout connues parce que "la psychologie" les explique; c'est généralement la physique qui les explique. Ce qu'apporte la psychologie, lorsqu'elle est bien comprise, est qu'il convient de distinguer l'interprétation et la description. Par exemple, en 1954, se décrivent souvent d'évidents météores, reconnaissable entre autres par les descriptions, qui sont souvent appelés "engins", ce qui relève de l'interprétation.

Le "grand souci" de Heuyer était qu'une "soucoupe volante" étaient parfois rapportée par de nombreux témoins. Un seul témoin ne mettait pas Heuyer dans l'embarras: ce devait être le délire d'une cervelle mal formée. Mais la fameuse "hallucination collective" laissait certaines personnes assez dubitatives - à raison. Il avait alors repris l'idée de la "folie à deux", l'étendait à plus que deux, et finalement, en faisait la "psychose collective" qui pour lui était la solution de la question des "soucoupes volantes".

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Cette page a été mise à jour le 15 mai 2025.