L'article ci-dessous est paru dans le quotidien L'Aurore, Paris, France, le 21 mars 1972.
Les soucoupes volantes n'ont pas manqué leur rendez-vous de printemps avec les Terriens. On a même cru que les "Envahisseurs" avaient de mauvaises intentions envers nous puisqu'ils avaient choisi de poser un de leurs "objets volants non identifiés" sur la commune de Civières, dans l'Eure. En fait, on pourrait croire à une histoire de fous, si le témoin de l'atterrissage de la soucoupe n'était un homme équilibré et sachant parfaitement ce qu'il dit.
Pour en être sûr, je suis allé le rencontrer chez lui, et je me suis rendu en sa compagnie sur le "terrain d'atterrissage" de la "chose".
Il s'appelle Daniel Loretz. Il habite Tourny, dans l'Eure, où il a un magasin d'appareils de radio et de télévision. C'est un homme solide, né dans la région, qui avoue soixante-trois ans et en paraît dix de moins. Pompier bénévole depuis 1937, il est commandant de la brigade locale depuis 1949. C'est donc un gaillard qui en a vu d'autres et qui ne s'en laisse pas compter. Il a même hésité au début à faire le récit de la scène dont il a été le témoin.
"Je n'en ai parlé aux gendarmes que trois jours après, m'a-t-il dit. Cela s'est passé l'autre vendredi, dans un champ du hameau d'Aubigny, à Civières. Il était 21 h. 25. Je revenais de Pacy-sur-Eure où j'avais une réparation. Je roulais tranquillement au volant de ma R-6 quand j'ai vu un objet sombre venant du ciel se diriger vers moi. J'ai freiné aussitôt. L'engin s'est posé dans un champ, à environ 150 mètres, pratiquement à la verticale. C'était une forme sombre d'environ deux mètres de haut. A l'avant: deux hublots d'où partait une lumière pâle dirigée vers le sol. A l'arrière: une lueur rouge peu puissante. Trente secondes après l'atterrissage, les feux se sont éteints. Cela faisait le bruit d'un gros tracteur.
"Très impressionné, je suis reparti en voiture. Mais j'ai eu toutes les peines du monde à faire fonctionner convenablement mon moteur pourtant pratiquement neuf. Il a toussé pendant plusieurs centaines de mètres puis est reparti normalement.
"Le lendemain, je suis revenu sur place, mais le champ avait été hersé et toutes les traces qu'avaient pu laisser l'engin avaient disparu.
"Dans la région, on parle, sans plaisanter aucunement, de la mésaventure de M. Loretz, et on se demande ce qu'il a pu voir. Quant aux passionnés des soucoupes volantes, ils ne se montrent pas autrement étonnés. "Cette zone se trouve sur une ligne parcourue habituellement par les O.V.N.I.S.", disent-ils qui passe par le bord de la Suisse, Paris, Nantes, et soit Gibraltar, soit les Cornouailles britanniques.
Toutefois les savants de l'Office national de Recherche et d'Etudes aérospatiales évoquent la fusée "Tibère" quand on parle de phénomènes lumineux observés ces jours-ci. Qui croire?
Alain MATHERON.
Note: en lieu et place de "fusée Tibère" et de prétendue "ligne parcourue par les O.V.N.I.", il aurait peut-être été plus avisé de se demander si Mr. Loretz n'a pas pu confondre, à 150 mètres, cette même machine agricole faisant "le bruit d'un gros tracteur" et qui avait peut-être fait le hersage du champ constaté le lendemain.