L'article ci-dessous est paru dans le quotidien The Edmonton Journal, d'Edmonton, Alberta, Canada, le 5 décembre 1966.
Croyez-vous aux soucoupes volantes? Y a-t-il des engins d'autres mondes arrivant dans notre atmosphère? Y a-t-il des explications secrètes derrière les observations qui restent classées comme objets volants non identifiés?
Pour le moment, c'est une question de conviction personelle, dit cet auteur scientifique qui a passé des mois de recherches pour préparer une série d'articles qui paraîtront chaque lundi dans notre journal.
Peut-être que ses efforts vous aiderons à vous faire une opinion.
PAR CLIFFORD D. SIMAK
Minneapolis Star Science Writer
Kenneth Arnold a vu ses soucoupes volantes au-dessus du Mont Rainier le 24 juin 1947.
Là, le 23 septembre, le chef du Centre Technique du Renseignement Aérien (ATIC) a écrit au général commandant alors les Forces Aériennes de l'Armée en réponse à une demande verbale par le général qu'il lui soit donné un aperçu préliminaire des rapports d'OVNIS.
La réponse a indiqué qu'après cette étude préliminaire il était évident que les phénomènes rapportés étaient réels et il était instamment demandé qu'un programme permanent soit mis en place. La recommandation a été acceptée et le Projet Sign, le précurseur du Projet Blue Book d'aujourd'hui, est né.
Lorsque le Projet Sign a été lancé, a écrit Edward J. Ruppelt, qui a plus tard servi pendant deux années en tant que chef du projet Blue Book, il n'a semblé n'y avoir aucun doute dans les ranks de l'Armée de l'Air que les OVNIS existent réellement. Y correspondait la confiance de ce que la réponse pourrait être obtenue en quelques mois.
Le consensus était qu'ils étaient soit des avions secrets russes ou qu'ils étaient d'origine interplanétaire.
L'Armée de l'Air a pris la situation tellement au sérieux, selon Ruppelt, que le mutisme sur les OVNIS a été mis en place dès juillet 1947. Un journaliste qui s'enquérait au sujet des OVNIS à ce moment-là a reçu approximativement "le même traitement que vous obtiendriez aujourd'hui si vous vous enquériez au sujet du nombre d'armes thermonucléaires stockées dans l'arsenal nucléaire des Etats-Unis."
Le peu qui est connu au sujet de l'histoire des débuts de la recherche OVNI par l'US Air Force est contenu en livre de Ruppelt, "Le rapport sur les objets volants non identifiés," publié par Doubleday en 1956, trois ans après que son auteur ait quitté le projet Blue Book. Dans l'avant-propos au livre, Ruppelt le désignait comme un rapport - excepté pour la forme de l'écriture, exactement ce qu'il aurait écrit s'il avait été invité à écrire un rapport officiel.
Dans une deuxième édition révisée de son livre, éditée en 1959, Ruppelt - en raison d'un changement de convictions ou peut-être de pressions d'une certaine sorte - a changé sa croyance sur les OVNIS. Mais l'essentiel de son livre est resté toujours sans changement en ce qui concerne l'histoire des recherches effectuées par l'US Air Force.
Il a assuré la direction du projet en septembre 1951 et a continué à en être le chef jusqu'à septembre 1953. Les mémorandums et la correspondance dans les dossiers lorsqu'il a repris le projet ont prouvé que dans les premières années la situation OVNIS a été considérée sérieuse. Les échelons les plus élevés dans l'Armée de l'Air voulaient une réponse rapidement, et une confusion qui s'est parfois élevée jusqu'à la panique a eu cours dans le Projet Sign.
Vers la fin de 1947, cependant, le projet s'était changé en opération routinière.
L'idée que les OVNIS pourraient être des engins volants russe a été rapidement dissipée. Une étude a prouvé qu'aucune structure construite par l'homme ne pourrait tolérer les accélérations rapides et les virages brutaux effectués par les OVNIS, et les corps d'un équipage humain ne le pourraient non plus.
En juillet, 1948, a rapporté Ruppelt, une "évaluation de la situation" a été rédigée. L'évaluation a indiqué que les OVNIS étaient interplanétaires. Elle est remontée vers le haut par les canaux de l'Armée de l'Air, et personne ne l'a arrêtée jusqu'à ce qu'elle aient atteint le défunt Général Hoyt S. Vandenberg, alors chef d'Etat-Major. Vandenberg l'a rejeté.
Aujourd'hui l'Armée de l'Air nie qu'un tel document ait jamais existé. Mais Ruppelt a affirmé l'avoir vu. Il était, a-t-il écrit, un document épais imprimé sur le papier formal Legal, avec une couverture noire avec "Top Secret" imprimé à travers la couverture.
Après que Vandenberg l'ait rejeté, la plupart des copies ont été brûlées. Toutes étaient censés l'être, mais Ruppelt a été convaincu que quelques copies avaient été gardées comme souvenirs. C'était bien après que toutes aient été censés avoir été envoyées à l'incinérateur qu'il a vu une copie.
Dewey J. Fournet Jr., qui travaillait en tant qu'officier de liaison entre l'ATIC et le Pentagone en 1952, a confirmé qu'un tel document a existé et dit qu'il l'a vu. Dans une lettre au Major Donald Keyhoe, directeur du Comité National d'Investigations des Phénomènes Aériens (NICAP), Fournet a indiqué, cependant, que puisqu'il a été classifié, il n'était pas libre d'en indiquer le contenu.
En juillet, 1949, a écrit Ruppelt, la politique de l'Armée de l'Air avait changée. La ligne officielle était maintenant que les OVNIS n'existent pas. Ruppelt fait remonter ceci de nouveau à l'"évaluation de la situation." Ce document avait essayé de prouver qu'ils existent, et avait été rejeté. Maintenant, l'attitude officielle était qu'ils n'existe pas, ce qui, après tout, était plus facile à prouver.
Le Projet Sign est devenu le Projet Grudge [Rancune] le 11 février 1949. Quand Ruppelt a plus tard demandé la raison de ce changement, il lui a été ditque c'était parce que le Projet Sign avait été compromis. Exactementce en quoi il avait été compromis, personne ne l'a dit.
Mais le changement de nom n'a fait aucune différence dans la politique. Il se basait toujours sur la décision que les OVNIS n'existent pas. Le Projet Grudge a sombré dans l'inactivité, et le 27 décembre 1949, un communiqué de presse de l'Armée de l'Air a annoncé que le projet avait été clôturé et qu'un rapport final serait rédigé.
Le rapport, quand il est sorti, a montré que 23 pour cent des observations sont des non identifiés. Une annexe au rapport, cependant, a essayé d'écarter la plupart de ceux-ci.
En peu de temps, une lettre est venue du bureau du directeur du Renseignement, précisant qu'il n'y avait eu aucun ordre pour terminer le projet. La réponse était que Grudge n'a pas été réellement arrêté mais que les rapports d'OVNIS étaient maintenant traités par les canaux normaux.
La situation a durée confortablement jusqu'à septembre 1951, quand un rapport sur une observation particulièrement intrigante a réveillé l'intérêt du GénéralC. P. Cabell, alors directeur du Renseignement. Cabell a demandé à l'ATIC un rapport personnel sur l'observation. Apprenant, pendant le rapport, les conditions dans lesquelles se trouvaient la recherche, Cabell a demandé un examen des 18 derniers mois de son opération. Ruppelt a été invité à en faire le rapport.
Le Projet Grudge a été rétabli le 27 octobre 1951. Puisqu'il avait été affecté à passer en revue le projet, Ruppelt était "l'expert" OVNI et a été assigné comme nouveau chef de projet. Ses ordres: faire le meilleur travail qu'il pourraitpour dépister les rapports d'OVNIS mais ne faire aucune spéculation sauvage.
Ruppelt, à ce moment-là, a eu 10 hommes comme personnel, par rapport aux trois cité en 1966 par le comité ad-hoc qui a recommandé la formation d'équipes universitairespour faciliter les études des OVNIS.
Le nom du projet a été changé en Blue Book en mars 1952.
A ce moment-là, un certain sentiment s'accumulait apparemment dans l'Armée de l'Air pour une considération plus sérieuse du problème. Un groupe d'officiers, a rapporté Ruppelt, a recommandé qu'il était urgent de reconnaitre officiellement que les OVNIS étaient réels et qu'ils n'étaient pas de la terre.
Ils ont également demandé instamment que la classification de sécurité du projet soit augmentée pour conserver le secret jusqu'à ce que l'Armée de l'Air ait eu toutes les réponses, et qu'alors l'information serait donnée au public. Leur recommandation n'a pas eu de suites.
L'Armée de l'Air a assemblé un groupe de scientifiques le 12 janvier 1953, pour peser les preuves des OVNIS accumulées jusqu'ici. Quand le pannel a fini son travail, aucuneconclusion n'a été donnée au public. Depuis lors, deux versions contradictoires ont été proposées.
En 1958, cinq ans après que le pannel s'était réuni, l'Armée de l'Air a publié une synthèse de ses recommandations. Selon la synthèse, le pannel avait conclu que les OVNIS ne constituaient aucune menace physique à la sécurité nationale. Il n'y avait aucune preuve "d'objets artificiels étrangers capables d'actes hostiles" et aucun besoin de révision des concepts scientifiques courants. Le pannel a suggéré "un programme intégré pour rassurer le public sur la totale absence de forces hostiles derrière les phénomènes."
Ruppelt, en son livre, a indiqué que le panneau a recommandé que le projet soit renforcé, la force investigatrice quadruplée en taille et fournie en personnel d'experts qualifiés, que des instruments de dépistages devaient être installés dans diverses parties du pays et que le public soit informé de tous les détails de cette recherche.
Le NICAP a affirmé que le pannel de 1953 avait été réuni par l'Agence Centrale de Renseignement (la C.I.A), bien qu'il n'ait eu aucune preuve de ceci [Mais ils avaient raison, la CIA ayant déclassifié le rapport de synthèse]. C'était en conformité avec la croyance de quelques autres investigateurs privés d'UFO que la C.I.A. et probablement d'autres agences gouvernementales étaient [aussi] intéressés aux OVNIS que l'Armée de l'Air.
Il y a quelques mois il est devenu évident que la C.I.A a été impliquée au moins dans le pannel de 1953. Sur demande de John Lear, le rédacteur scientifique du magazine Saturday Review, le Major Hector Quintanilla, directeur du projet Blue Book, a demandé la déclassification des minutes du pannel [Une copie avait été vue et lue par le scientifique James McDonald dans les archives de Blue Book]. La demande a été accordée par la C.I.A. [d'abord refusée] qui, cela s'est alors avéré, avait rassemblé le pannel.
Les minutes, telles que publiées, avaient été censurées. Il est impossible de savoir si beaucoup ou peu d-exament a été fait. Les minutes, telles que déclassifiées, rendent évident que la synthèse de 1958 de l'Armée de l'Air était un rapport plus précis que celui Ruppelt [le renforcement de Blue Book dont on l'avait assure n'était que de belles paroles]. Elles ont également rendu évident que les membres du Panel étaient loin d'être unanimes dans leur évaluation de toutes les phases de la situation.
Quelques semaines après que le pannel ait terminé ses travaux, Ruppelt a indiqué qu'il a entendu annoncer que les recommandations (dans sa version) seraient suivies. Elles ne l'ont jamais été. Quand il a essayé de constituer son personnel, aucun personnel n'était disponible. Les projets de stations de détection avec du personnel et des caméras, couplées avec des radars, pour détectées les OVNIS, ont été décommandés.
Il y avait une nouvelle politique: Ne dites rien.
Aucun nouvel historien ne s'est présenter pour remplacer Ruppelt, ainsi l'information détaillée comme il l'a fournie manque après 1953.
Depuis cette époque, l'Armée de l'Air semble déterminée à rassurer le public de ce qu'il n'y a rien à craindre des OVNIS. Pour l'essentiel, les relations publiques sont cordiales, mais peu d'information signicative est disponible. Ceci, explique l'Armée de l'Air, est parce qu'il n'y a aucune information. Presque tous les observations sont expliqués comme étant des phénomènes ordinaires.
Les critiques se plaignent que plusieurs des explications ne sont rien de plus, juste des déclarations conçues pour expliquer les observations d'OVNIS, sans la moindre vraie tentative de les étudier.
Ruppelt a terminé son livre en disant que seul le temps fournirait la réponse. Ls OVNIS pourrait être simplement des objets non identifiés, ou ils pourraient être des vaisseaux interplanétaires.
C'était en 1953. En 1959, Doubleday a publié une deuxième édition du livre. Ruppelt a ajouté trois nouveaux chapitres et en ces chapitres a argué du fait que tout les OVNIS pourraient être expliqué en termes conventionnels.
Pourquoi Ruppelt a-t-il fait cela? Personne ne peut le savoir. Il est mort peu de temps après.
Les critiques de l'Armée de l'Air ont crié "pressions." Mais ce ne sont que des spéculations. Personne ne sait la réponse.
Prochain article: William Van Horn explique ses théories sur les OVNIS.