En 2006, sur une liste de discussions fortéennes, on me demande:
"Le dernier numéro du magazine Top Secret nous livre un petit récapitulatif sous la plume de Claude Burkel des observations et anomalies constatées par les astronautes des diverses missions passées. Qu'en est-il de ces anecdotes et de leurs prolongements?"
Il est tout d'abord remarquable que Claude Burkel ne donne pratiquement aucune source (une seule pour un des 15 cas) pour les observations et anomalies présentées. Cela empêche le lecteur de vérifier s'il s'agit d'inventions ou des faits largement reconnus. Annoncer des observations provenant de sources tierces sans même indiquer les références de ces sources tierces, ce n'est pas de l'ufologie.
En couverture, l'article est présenté comme "OVNIS dans l'espace - les astronautes les ont vus, ils ont témoigné - chronologie des rencontres rapprochées de la conquête spatiale." L'article lui-même est titré: "Les astronautes et les OVNIS - les secrets de la NASA et de l'Union Soviétique sur les rencontres rapprochées dans l'Espace."
J'ai repris l'ensemble des observations alléguées listées dans l'article [ts1]:
Claude Burkel indique que la porte de la capsule amerrie de l'astronaute Gus Grissom saute, et que cela a permis à l'astronaute de sauver sa vie avant que la capsule ne coule. L'auteur dit que c'est un "fait inexplicable".
En réalité:
Il y a bien eu un problème, un "fait inexpliqué", mais cela n'a rien à voir avec les OVNIS, et n'est rien de paranormal ou de secret. Cela n'a rien à voir non plus avec une "rencontre rapprochée", ce n'est pas non plus "dans l'espace."
Ce qui s'est passé avec certitude est qu'après l'amerrissage normal et sans encombres de sa capsule "Liberty Bell 7" de la mission Mercury-Redstone 4, Virgil "Gus" Grissom a été récupéré in extremis alors qu'il était en train de couler, par l'hélicoptère chargé de cette mission, mais sa capsule qui aurait également dû être récupérée a coulé, car elle s'était emplie d'eau de mer par sa porte.
Il y a plusieurs explications de l'incident.
Selon Grissom, les boulons explosifs de la porte de la capsule ont explosé d'eux-mêmes, prématurément et sans qu'il n'ait rien fait pour cela, et la capsule tout comme sa combinaison - il avait enlevé son casque - ont commencé à s'emplir d'eau et à couler.
Selon la NASA, ce que Grissom a indiqué a été initialement accepté, mais par la suite il y a eu quelques doutes a ce sujet, et l'on s'est demandé s'il n'avait pas paniqué et fait sauter la porte lui-même. Rien ne l'a prouvé, mais cela ne pouvait pas être entièrement exclu non plus. D'autres ont estimé des décennies plus tard que si les boulons avaient sauté, Grissom aurait du être blessé, et ils ont donc suggéré qu'il y avait un défaut de conception dans le système d'ouverture d'urgence de la porte. D'autres encore ont pensé que la poignée de mise à feu de ces boulons explosifs à l'extérieur de la capsule a pu être accrochée par malchance par l'un des parachutes [gg6].
Quoi qu'il en soit, et bien qu'il y ait toujours une controverse à ce sujet, il n'y a là aucun OVNI, aucun phénomène paranormal, aucun secret, aucun mystère autre que celui d'un simple incident technique ayant plusieurs explications possibles qui font l'objet de controverses.
Gus Grissom et sa capsule Aurora 7 au moment de la récupération. |
Gus Grissom est décédé le 27 janvier 1967 par asphyxie en compagnie des astronautes Ed White et Roger Chafee lors de l'incendie au sol d'une capsule Apollo en cours d'un test de simulation de décollage. Par ironie du sort, la capsule n'avait pas de boulons explosifs d'ouverture d'urgence de la trappe, ce qui aurait pu sauver la vie cet équipage [gg1], [gg2], [gg3], [gg4], [gg5].
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Cette histoire n'a jamais été une histoire d'OVNIS.
Selon Claude Burkel, John Glenn en orbite au-dessus de la Terre avec Mercury a vu "des milliers de boules lumineuses" qui l'accompagnent pendant plus de 6000 km.
En réalité:
De nombreux astronautes en orbite terrestre ont parlé de ces "lucioles" de l'espace. Claude Burkel prend soin de ne pas mentionner l'explication: en cognant volontairement ou involontairement sur les parois de leur capsule, les astronautes faisaient décoller des cristaux de glace et des éclats de peinture qui y étaient accrochés.
Pour ce qui est des histoires de "censure", ce sont pures inventions. Glenn a librement raconté l'histoire des "lucioles" dans Life magazine à l'époque et de très nombreuses fois par la suite:
"Là, s'étendant aussi loin que je pouvais voir, il y avait littéralement des milliers d'objets lumineux minuscules qui étaient incandescent dans le ciel noir, comme des lucioles. Je passais lentement à travers elles, et la sensation était comme de marcher à travers un pâturage où quelqu'un aurait agité une baguette magique et fait s'arrêter toutes les lucioles où elles étaient et les fait briller en continu."
L'histoire des "lucioles" est racontée partout. Elle est racontée dans le film "L'Etoffe des Héros", elle est racontée par les astronautes, elle est racontée par les historiens de la NASA, elle est racontée sur les portails Internet consacrés au spatial, elle est racontée sur Wikipedia. Il n'y a jamais eu la moindre censure à ce sujet, sauf celle par Claude Burkel qui censure volontairement ou involontairement l'explication de ce mystère, explication disponible un peu partout depuis longtemps.
Quand les astronautes ont compris ce qui faisait les lucioles, ils ont même joué avec ce "phénomène:" il ont vu qu'il suffisait de donner un coup dans la paroi de leur engin pour en faire décoller.
Selon Claude Burkel, quand Glenn rentre dans l'atmosphère, il voit un globe de feu suivre la cabine. Selon Claude Burkel, Glenn a nié que c'était un météore et il a été alors censuré à cause de cela et mis à l'écart jusqu'à 77 ans quand il a eu le droit d'être passager dans un vol orbital.
En réalité:
Il n'a vu aucun "globe de feu suivre la cabine," ceci n'est qu'une interprétation fantaisiste des choses:
Quand il était dans la portée radio de la station de Murchea en Australie où se trouvait Gordon Cooper, il lui a dit que tout se passait bien, et qu'il pouvait voir une lumière brillante et ce qui lui semblait être le contour d'une ville. Cooper lui a dit que c'était sûrement les lumières de la ville australienne de Perth. Il n'a pas été question d'OVNI ici.
Pendant ce temps, le contrôle de mission au sol avait un sacré souci: une alarme automatique signalait que le bouclier thermique n'était plus bien arrimé.
En début de phase de réentrée, Glenn a vu les fameuses "lucioles." Elles lui semblaient venir de l'avant de la capsule. De fait, comme il s'est avéré qu'un détecteur signalait que le bouclier thermique à l'avant de la capsule n'était plus arrimé correctement, il est possible que ces "lucioles" étaient des particules de glace ou de peinture qui en avaient été secouées quand il s'est désarrimé. Il n'est toujours pas question d'OVNIS.
Tout de suite après, Glenn a entendu comme des heurts légers, comme "des petites choses qui auraient frotté contre la capsule." Puis il a signalé au contrôle de mission, "C'est comme une boule de feu là-dehors" et juste à ce moment il a pu voir une des fixations des rétrofusées venir flotter le long du hublot. C'est de cela que Burkel fait une sorte d'OVNI...
Il y a ensuite eu de la fumée, et lui comme le contrôle au sol ont compris que les rétrofusées qui devaient ralentir sa réentrée dans l'atmosphère avaient partiellement brûlé. En principe, le pack des rétrofusées devait être éjecté après usage, mais comme tout le monde avait compris que le bouclier thermique ne tenait plus, il avait été décidé de ne pas éjecter le pack, en comptant qu'il suffise à maintenir le bouclier. Cela a fonctionné et Glenn s'est tiré vivant de ce mauvais pas.
L'idée qu'il ait été "mis à l'écart" des missions est également pure invention; les astronautes faisaient peu de missions, chaque programme et chaque mission faisait voler de nouveaux équipages. Qu'il ait de nouveau été dans l'espace à 77 ans n'a rien à voir avec une "mise à l'écart", au contraire, c'est un privilège qui lui a été accordé là.
Glenn s'était lancé dans la politique, rejoignant le parti démocrate. Il était un ami des Kennedy, et a été quatre fois sénateur de l'Ohio, en 1976, 1980, 1986 et 1992.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
L'histoire des lucioles de Glenn est parue dans les journaux sans aucune censure, puis en 1972 dans un livre italien sur l'astronautique par Francesco Ogliari [og1]. Selon des tiers, Ogliari aurait rapporté les faits ainsi: John Glenn, durant son passage au-dessus de l'Australie, a indiqué à Houston qu'il voyait des milliers de particules lumineuses, qui l'ont escorté sur 6000 km. Lors de la rentrée il a vu un "globe lumineux" dont il a dit que ça ne pouvait pas être un météore, et "à cause de cela il sera interdit de vol".
En 1975, quand l'ufologue et astronome Joseph Allen Hynek s'est embarqué dans un livre co-écrit avec Jacques Vallée [ed1], il voulait comme à son habitude s'en tenir à des affaires vérifiées, voir des affaires vérifiées personnellement. Mais Jacques Vallée a insisté pour ajouter en annexe en fin de livre un "catalogue d'observations d'OVNIS par les astronautes". C'est l'ufologue George Fawcett qui a fourni ce catalogue, en prenant simplement ce qui lui semblait bizarre dans des histoires d'astronautes ici et là dans la littérature ufologique et les magazines, estimant que cela avait "sans doute" été vérifié par leurs rapporteurs respectifs. Jacques Vallée ne semble pas s'être posé trop de questions à ce sujet et J. Allen Hynek a simplement cédé et fait confiance à Jacques Vallée, précisant toutefois par la suite qu'il s'agissait bien d'une simple annexe livrée au jugement du lecteur, et non de la casuistique vérifiée qu'il propose dans le corps de ses livres.
Pour cette affaire là, le texte de Fawcett était totalement fantaisiste: il racontait que trois objets ont suivi la capsule de Glenn puis l'ont dépassé à des vitesses variables.
Par la suite, J. Allen Hynek lui-même s'est attaché à vérifier ces observations, s'est rendu à la NASA, a obtenu les documents qu'il voulait, les a étudié, et a fait savoir qu'en réalité, dans ces observations-là, il n'y a vraiment rien qui ait quoi que ce soit à voir avec le phénomène OVNI.
Ensuite, le debunker James Oberg [ma1], qui avait également été un contrôleur de mission à la NASA, a écrit des articles pour affirmer que puisque Hynek avait laissé passer ces histoires dans son livre, toutes les affaires d'OVNIS étaient à rejeter comme fariboles.
C'est un jugement totalement outrancier; mais le fait demeure que ces affaires, on le voit ici, ressurgissent sans arrêt dans la littérature d'ufologues peu soucieux de vérifier ce qu'ils racontent...
La plus ahurissante des légendes sur le vol de Gordon Cooper est dans un livre fantasmagorique de Jacques Bergier et George Gallet [be1]: les auteurs prétendent que Cooper a capté des extraterrestres parlant sur sa radio et que la NASA les a enregistré et a déterminé que leur langue n'a rien à voir avec aucune langue terrestre.
Selon Burkel, Scott Carpenter fait un "vol fertile en éléments mystérieux" et "tous les rapports" sont "déclarés TOP SECRET..."
Cette fois encore, il n'y a pas d'OVNIS.
Le premier "mystère" allégué de la mission de John Carpenter, selon Claude Burkel, est qu'il a vu "venir vers lui les fameuses boules lumineuses" qui "allaient très vite" et dont l'éclat était "plus brillant que celui des étoiles." Carpenter a appelé le contrôle au sol et leur a dit d'informer Glenn: "Elles existent bien! ce sont elles, faites-le savoir à Glenn."
En réalité:
Carpenter [sc1] a pu voir les fameuses "lucioles" dont je donne les explications plus haut. Elles n'étaient pas encore expliquées à ce moment, et il a donc contacté le contrôle au sol et demandé qu'on dise à Glenn qu'il n'avait pas rêvé. C'est bien la moindre des choses! Burkel joue le mystère à ce sujet en évoquant "les fameuses boules lumineuses", "leur éclat était plus brillant que celui des étoiles." Bien évidemment, des particules de glace près de hublots sont tout à fait naturellement plus brillantes que des étoiles et qu'elles "allaient très vite" par rapport aux étoiles. Il n'y a pas d'OVNI ici, pas de secret, pas de mystère, rien d'autre qu'un phénomène pas encore compris mais compris depuis, comme je l'explique plus haut.
Burkel voit un autre mystère dans une interruption des communications radio pendant une heure lors de la réentrée et jusqu'à ce qu'on le récupère. Il dit que Carpenter a été retrouvé dans un "état de confusion" et a demandé aux militaires venus le récupérer "Qui-êtes-vous? D'où venez-vous?" et ajoute que selon le colonel Power, porte-parole de la NASA, "contrairement aux lois de la physique", la capsule n'avait pas du tout été endommagée par la réentrée et le bouclier était intact.
En réalité:
Il y a eu un problème avec un système de contrôle de col automatique et Carpenter a dû rentrer en manuel, une opération plus que risquée, et inédite. Il y a réussi, mais naturellement la capsule a dépassé son point d'amerrissage prévu. Carpenter était tout à fait normalement dans son canot gonflable près de la capsule, et évidemment il n'avait pas de radio pour communiquer pendant les 36 minutes qu'il a fallu pour le retrouver. Mais tout le monde savait où il se trouvait! Il était repéré par les télémètres et les radars pendant toute la descente. Il n'y a simplement pas de radio dans le canot pneumatique, d'où le "silence radio", et les inquiétudes des médias pendant ce temps, mais il n'y a aucun vrai mystère là dedans. [sc3]
Voyez comment les choses deviennent mystérieuses: selon la version rapportée par Claude Burkel, Carpenter était dans un "état de confusion" et a demandé "Qui-êtes-vous? D'où venez-vous?" aux militaires venus le récupérer. On ne sait pas très bien que Claude Burkel essaie de suggérer par là, cela a l'air très mystérieux... Le lecteur imaginatif est mené à fantasmer sur un "temps manquant" ou je ne sais quel enlèvement extraterrestre, mais il n'y a strictement rien de sensé dans tout cela.
Mais la façon dont cet épisode s'est déroulé réellement [pm1] fait complètement disparaître ce pseudo-mystère à deux francs cinquante: 36 minutes après l'amerrissage, il a pu voir arriver deux avions, un P2V et un Piper Apache qui prenait des photos. Ensuite, plusieurs SC-54 sont arrivés, et comme il ne pouvait pas regarder tous ces avions en même temps, il n'a pas vu les deux plongeurs qui sautaient de l'un d'eux, mais un peu trop loin. Il y avait quelques vagues qui les cachaient, ils ont nagé vers le radeau, et c'est quand le premier est arrivé au radeau que Carpenter a été surpris, (et non pas "dans un état de confusion", ne l'ayant pas vu sauter ni nager, et a demandé "d'où sortez-vous?"
Les trois hommes dans le radeau ont encore du attendre avant de pourvoir être récupérés. Là encore, on se demande quel est le rapport entre cette histoire et des "observations d'OVNIS par les astronautes" et autres "secrets de la NASA!"
Alors que rentrer en manuel est un exploit, et que le mauvais fonctionnement du système de contrôle de vol de la capsule n'était vraiment pas de sa faute, Carpenter a été littéralement attaqué par Chris Kraft qui dans son livre "Flight" le blâme d'avoir amerri trop loin. Toute sa vie, Carpenter devra souffrir de ces critiques et des controverses interminables à ce sujet. C'est là encore une histoire où des types dans leurs fauteuils se montrent prétentieux envers un autre assez courageux pour s'attacher dans un fauteuil accroché au sommet d'un missile balistique aller pour faire des tours de la terre...
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Cela s'est passé exactement comme avec la précédente: par le catalogue non vérifié de Fawcett dans le livre de Hynek suite à la suggestion de Vallée:
Fawcett écrivait que Scott Carpenter avait rapporté avoir photographié des objets du genre lucioles (firefly-type objects) et aussi pris ce qui semblait être un bon cliché de soucoupe volante.
Cette fois encore, des sources indiquent le livre de Francesco Ogliari [og1], qui indiquerait une partie de ce que rapporte Claude Burkel: les lucioles, une lueur autour de la capsule, et une histoire sans détails de capsule "restée froide à l'intérieur."
Claude Burkel rapporte que "les journaux" ont rapporté en première page que "plusieurs Soviétiques ont disparu dans l'espace", un homme et une femme lancés depuis Baïkonour le 17 février et qui ne se sont pas désatellisés" puis "tout passa dans les oubliettes."
Il dit que selon des stations radio au sol comme celle de Meudon où les enregistrements existent, ces deux astronautes se sont exclamés qu'ils "voyaient quelque chose" et que s'ils ne survivent pas à la mission "le monde ne saura jamais."
En réalité:
La mission la plus proche chronologiquement était le vol de Vostok 3 et 4, les deux capsules se rejoignant pour voler en formation, mais c'était le 11-12 août 1962. Il n'y a pas trace du moindre autre vol soviétique que Vostok 3 et 4 pour l'année 1962.
Pour le jour du 18 juin 1992 indiqué par Claude Burkel, le seul lancement est celui d'une fusée US Thor lancée depuis la base aérienne de Vandenberg, et il n'y avait absolument pas de cosmonautes russes dans l'espace ce jour-là!
On se demande comment Claude Burkel, qui date l'incident du 18 juin, peut imaginer que cela aurait un rapport avec une mission lancée le 17 février. A cette époque, aucune mission ne pouvait avoir une telle durée! La première, celle de Gagarine en 1961, avait durée 108 minutes. Les missions de longue durée ne sont pas possibles dans ces petites capsules, elles sont seulement possibles dans des stations spatiales, qui n'existaient pas encore, comme Skylab, MIR ou l'ISS.
Bien que le compte rendu de Claude Burkel donne toutes les apparences de la pure fantaisie, j'ai essayé de trouver les journaux que Burkel évoque, en s'abstenant d'en donner la référence, ce qui rend les recherches très difficiles. Il est déjà osé de croire ce que des journaux écrivent, mais quand ces journaux ne sont même pas indiqués, cela devient franchement risible.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Le même livre de Francesco Ogliari [og1] donne un récit selon lequel Pavel Popovich, lors de la mission Vostok 4, le 12 août 1962, a vu les fameuses "lucioles" qu'avaient vu les Américains.
Quand aux cosmonautes disparus après avoir un OVNI, l'histoire paraît en France sans plus de détails ou sources dans un livre de Jacques Pottier en 1975 [po1], lequel date l'affaire au 24 février 1962 à 20:00 heure, heure de Moscou. Il ajoute que les conversations radio ont été écoutée à Meudon, Turin et Bichum et que les soviétiques n'ont ensuite ni confirmé ni démenti l'incident.
Le cosmonaute Pavel Popovich avait oeuvré en 1984 pour la création d'un groupe d'étude officiel Russe des observations d'OVNIS. [sh1].
Selon Claude Burkel, Gordon Cooper voit un disque approcher sa capsule.
En réalité:
Pure foutaise! Cooper a écrit ses mémoires en 2000 [gc1], traduites en français en 2001 [gc2]. Il n'y a qu'à le lire et respecter ses témoignages sur les OVNIS: il en a vu, comme pilote de chasse, en 1951 en Europe, mais jamais lui-même dans l'espace.
Cela faisait des décennies que Gordon Cooper devait constamment refaire cette mise au point parce que des auteurs qui ne vérifient rien et semblent ne pas savoir quoi que ce soit sur ce sujet lui attribuent des observations d'OVNIS dans l'espace:
"La légende dit qu'en gravitant autour de la terre dans ma capsule Mercury, j'ai été le premier astronaute à voir des OVNIS depuis l'espace. Et cette légende ma poursuivie pendant des années, amplifiée par de nombreux articles, livres et documentaires télévisés." [gc2, p.93]
"L'histoire s'est répandue et s'est enrichie au fil des années... Seule problème avec ces histoires: ça n'est jamais arrivé. Je n'ai jamais vu aucun OVNI depuis l'espace. J'ai publiquement démenti cette histoire à plusieurs reprises, mais elle a la vie dure." [gc2, p.94]
"Gordo". |
Gordon Cooper a vu des OVNIS en tant que pilote de chasse. Des amis pilotes de Gordon Cooper ont vu des OVNIS. Il a été impliqué dans une affaire d'atterrissage d'OVNI dont le film n'a jamais refait surface. Il pensait fermement que nous avons des visiteurs extraterrestres. Il l'a dit aux Nations Unies. Tout cela est vrai et est expliqué dans son livre. Mais il n'a jamais vu d'OVNIS dans l'espace!
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
C'est encore une fois une histoire présente dans le catalogue de Fawcett inclus par Vallée dans son livre avec Hynek. Fawcett y raconte que le 16 mai 1963, et non le 15, Gordon Cooper aurait rapporté voir un OVNI verdâtre avec une queue rouge, et qu'il aurait aussi rapporté "d'autres choses mystérieuses au-dessus de l'Amérique du Sud et de l'Australie. Il aurait aussi vu un "objet" au-dessus de Perth en Australie qui a "été vu sur les écrans du contrôle au sol." Cooper a sans arrêt expliqué que tout cela n'était que foutaises, et interprétations stupides d'observations de choses naturelles telles que de aurores boréales, cela n'empêche pas certains ufologues de continuer à propager ces bêtises. Elle est reprise notamment par Jacques Pottier [po1].
Claude Burkel écrit que Vostok 5 a été poursuivi par un objet.
En réalité:
L'affaire totalement dépourvue de détails est probablement pure invention. A ma connaissance, personne n'a jamais vérifié quoi que ce soit à ce sujet.
Vostok-5 a été lancé de Baikonur à 11:58 TU le 14 juin 1963, emportant le cosmonaute Valeri Bykovsky. Les communications par radio entre les stations soviétiques ont été entendues de l'ouest, et les transcriptions existent. Rien ne s'est produit qui soit en rapport avec les OVNIS en ce qui concerne toutes les sources astronautiques. Les paroles de Bykovsky n'étaient rien de plus intrigante que ce passage typique:
"Pour moi, élevé dans les fermes d'états, c'est un grand plaisir d'exécuter un mission si honorable pour la patrie soviétique. C'est un rêve pour moi d'être un communiste de notre grande partie léniniste. De toute mon âme je remercie les soviétiques pour leurs bons souhaits et je ferai tout pour exécuter avec succès le programme de vol. Cosmonaut Bykovsky."
Le plus proche d'une "observation d'OVNI" n'était rien de plus que:
"La nuit, par le hublot, je pouvais voir des éclairs de la foudre et les villes de de l'Amérique du Sud."
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Encore une fois, il semble que la source de Claude Burkel soit tout simplement le même livre de Francesco Ogliari [og1], qui indique:
"14 Giugno 1963: Valery Bykovsky su Vostok 5: "Qui Nibbio, qui Nibbio: qualcosa mi accompagna nello spazio... vola accanto alla mia capsula, mi scorta". |
Soit:
"14 juin 1963: Valery Bykovsky sur Vostok 5: "Ici Nibbio, ici Nibbio : quelque chose m'accompagne dans l'espace... vole auprès de ma capsule, m'escorte". |
D'autres sources, souvent Italiennes, donnent toutes sortes de versions de l'histoire: "14 Giugno 1963: Leonov avvista un misterioso oggetto rotondo" - "Leonov [sic] a vu un mystérieux objet rond".
Claude Burkel rapporte que la capsule Gemini est poursuivie par 4 OVNIS selon un savant jésuite de Buenos Aires.
Claude Burkel a encore trouvé un récit bizarre. Voici ce qu'il en est réellement.
Selon Henri Durrant [du1], le 8 avril 1964 au lancement de la première mission Gemini, deux scientifiques présents sur les lieux indiquent que lors de la première orbite, quatre OVNIS viennent approcher la capsule, détectés par les radaristes bouche bée. Ils entourent la capsulent pendant une orbite puis s'évanouissent dans l'Espace. Durrant indique un article du major Keyhoe dans TRUE Magazine de janvier 1965 [ke1] qui a l'avantage d'être disponible sur mon site.
Toujours selon Durrant, Cap Kennedy informe le 28 janvier 1965 qu'aucun OVNI n'avait été repéré, et que ces objets détectés au radar étaient des pièces mineures de la capsule qui se détachent librement au cours de la séparation de la capsule et de son lanceur. Durrant se demande commet ces pièces ont alors pu suivre la capsule sur toute une orbite et surtout s'éloigner dans l'espace.
Il y a quelques mystères là. La première chose est que Donald Keyhoe n'écrivait pas n'importe quoi. Ancien militaire, par ses contacts avec l'US Air Force et d'autres agences - qui le détestaient cordialement - il obtenait beaucoup d'informations officieuses de sources fiables, et leur exactitude s'est vérifiée plus tard quand les documents secrets sur les OVNIS ont été déclassifiés. S'il écrit que deux scientifiques lui ont parlé de cette affaire, il y a de fortes chances qu'il ne l'ait pas inventé.
Il est à noter que certains ufologues n'ont pas bien lu ce qu'il a écrit et ont inventé une "erreur" qui n'en est pas une: ils disent que Keyhoe aurait écrit qu'il y avait deux astronautes dans la capsule. C'est faux, Keyhoe savait très bien qu'il n'y avait personne à bord et a simplement écrit que c'était une capsule pour deux hommes. Ceci explique qu'il n'y a aucun témoignage d'astronautes dans cette observation là. Cette erreur est née chez d'autres auteurs comme Maurice Chatelain ou Alberto Perego, puis reprise encore et encore et attribuée injustement à Keyhoe. Il y a même des sources qui assure que "le Major Kehoe a vu quatre OVNIS lors de la mission Gemini 1"!
Le 28 janvier 1965, après que le Congrès ait été averti par le NICAP de Keyhoe qu'il y avait là quelque chose à creuser, et que le Congrès ait demandé à la NASA de s'expliquer, leur directeur des opérations des vols du programme Gemini, Leo Abernathy, leur a répondu par écrit qu'il n'y avait eu aucune observation d'OVNI lors de cette mission, et que les objets observés avaient été identifiés comme étant des pièces qui se détachent normalement au cours de la séparation entre le dernier étage du lanceur et la capsule.
Le 8 août 1965, la NASA est encore interrogée, et la réponse écrite de leur officier des relations publiques pour les vols habités A.P. Albrando donne une autre version, contradictoire, celle qu'il n'y a pas eu de séparation entre le dernier étage du lanceur et la capsule lors de ce vol d'essai, ce qui est d'ailleurs indiqué sur les journaux de la mission.
L'histoire est ensuite reprise dans plusieurs livres ufologiques. Par exemple, Jacques Pottier [po1] raconte que Gemini I a été rejointe par 4 OVNIS qui se sont déployé en formation autour de la capsule, 2 au-dessus ,1 à côté et 1 au dessous et que parmi "tous les observateurs" un savant, le père Jésuite Reyna, "professeur de physique théorique à l'Université de Salvador de Buenos Aires, directeur de l'observatoire de physique cosmique de San Miguel et directeur de deux observatoires" aurait décrit que les performances de ces OVNIS étaient "littéralement acrobatiques." [po1] Cela se poursuit encore avec Jean-Francis Crolard qui écrit un livre sur les extraterrestres en 1995 [cr1] avant de passer au sujet de la vie après la mort pour deux autres livres.
L'histoire est encore racontée par un certain Clark McClelland qui écrit des livres sensationnalistes et assure avoir été à la NASA lors de cet épisode et en avoir entendu parler: quatre OVNIS détectés par radar, toutes les explications triviales éliminées, et le Pentagone qui impose le secret à ce sujet. Il est intéressant de noter qu'alors qu'il n'y a aucune réfutation de son rôle à la NASA, certains assurent avoir vérifié et obtenu confirmation - non pas de son propos sur les OVNIS mais de la réalité de son emploi à la NASA. [ml1] (J'ai encore récemment demandé des explications sur le cas et sur la réalité de la carrière de McLelland à un debunker connaissant normalement bien le sujet, mais cela est resté sans réponse.)
Claude Burkel résume brièvement l'affaire de l'OVNI vu par McDivitt, qui est très connue et a été discutée longuement et retournée en tous sens. Pour Claude Burkel, il a vu et photographié un "objet extraordinaire, objet rond avec des genres de bras." Il ajoute que quelques minutes après, deux autres de ces objets sont apparus, et qu'une des photos a été diffusée, montrant un objet de forme ovale et discoïdale avec une traînée lumineuse.
En réalité:
Le compte rendu de Burkel est exagéré, il n'y a jamais eu "des bras" mais un bras, les "deux autres OVNIS" sont une erreur de certains auteurs, et la photo n'a rien à voir avec l'observation. Mais il y a bien eu observation d'OVNI. La controverse porte sur la question de savoir si c'était ou si ce n'était pas un satellite Russe ou un bout de sa propre fusée. Le "rapport Condon" [co1] avait écarté les satellites comme explication: pour tous les engins dont le NORAD connaissait la présence, donc l'enquêteur du groupe Condon, Franklin E. Roach conclut: "Ils n'apparaissent pas comme des candidats appropriés pour l'objet vu par l'astronaute."
Selon Roach, qui a interrogé McDivitt le 3 octobre 1967, l'observation est à résumer ainsi:
"McDivitt a vu un objet de forme cylindrique avec une prolongation comme une antenne. L'aspect était quelque chose comme le deuxième étage d'un Titan (n'impliquant pas nécessairement que c'est réellement ce qu'il a vu) dont n'était pas possible d'estimer la distance mais qui avait une étendue angulaire telle qu'il n'est pas apparu comme un "point." Il donnait un aspect blanc ou argenté comme vu contre le ciel de jour. Le vaisseau spatial était en vol dérivant libre quelque part au-dessus de l'océan Pacifique. Une photographie a été prise plus quelques séquences de film noir et blanc. L'impression n'était pas que l'objet se déplaçait parallèlement au vaisseau spatial mais plutôt qu'il se rapprochait de lui et qu'il était proche. La réaction de l'astronaute a été qu'il pourrait être nécessaire d'agir pour éviter une collision. L'objet a été perdu de sa vue quand le soleil a brillé sur le hublot (qui était plutôt sale). Il a essayé d'obtenir de nouveau une vue de l'objet en manoeuvrant pour que le soleil ne soit plus dans le hublot mais il n'avait pas pu le revoir."
Comme on le voit, on est loin de la description sommaire et revue par Claude Burkel d'un "objet rond avec des genres de bras"... Mais en même temps, le rapport Condon raconte également cette histoire de "bras", au pluriel. Une autre chose désopilante dans le rapport Condon est qu'à un endroit, en contradiction avec la conclusion générale sur ce cas, il est écrit que McDivitt aurait accepté que "a positive identification has been made". En réalité, il n'a jamais dit cela, et l'a toujours démenti. Roach quant à lui, a été interrogé là-dessus par James Oberg et ne se souvient pas d'avoir écrit une telle chose, et il est permis de soupçonner que le cher docteur Condon ou son assistant Robert Lowe on purement et simplement trafiqué l'article de Roach en ajoutant cette phrase!
Au cours des années qui ont suivi son observation, c'est une véritable armada de "sceptiques" et de "convaincus" qui a poursuivi McDivitt, les uns tentant de lui faire dire qu'il n'avait pas vu d'OVNI, ou qu'il voyait mal, ou qu'il dormait, ou qu'il avait vu seulement un débris de fusée Titan ou un satellite ou une "petite comète", les autres essayant de lui faire confirmer qu'il aurait bien vu un engin extraterrestre.
Le plus sage est de ne pas participer aux déformations de ses propos par les uns et les autres et d'écouter ce que McDivitt a toujours dit, comme écrit par exemple dans une lettre à un auteur sceptique [ku1]:
"Au cours de mon vol à bord de la capsule Gemini 4, j'ai effectivement vu ce que certains appellent un OVNI. Je rappelle que l'acronyme OVNI signifie "Objet Volant Non Identifié. L'objet que j'ai vu reste non-identifié. Cela ne veut pas dire que c'est un vaisseau cosmique d'une planète éloignée de l'Univers. Cela ne veut pas dire non plus que ce n'est pas un vaisseau cosmique. Cela veut seulement dire que pendant le vol, j'ai vu quelque chose que ni moi ni quelqu'un d'autre n'a jamais pu identifier."
En 1975, le sceptique forcené Philip Klass a tenté sa chance pour expliquer l'OVNI comme étant le second étage de la fusée Titan. Il en a discuté avec le NORAD, qui lui a donné une photo prise dans l'espace d'un étage de Titan II. Klass a alors envoyé un tirage de cette photo à McDivitt, sans lui dire ce que c'est, et en lui demandant simplement de dire si c'était ce qu'il avait vu.
McDivitt a répondu:
"Merci de m'avoir envoyé la diapositive de la photographie de Gemini 4. J'ai très rapidement identifié l'objet sur la photographie comme étant le deuxième étage de la fusée Titan qui nous a lancés... Je suis sûr que ce n'est pas une photographie de l'objet que j'ai décrit de nombreuses fois et auquel beaucoup de gens se réfèrent en tant que l'OVNI de Gemini 4."
Pour James Oberg [ob1], McDivitt a dû prendre l'étage de Titan II pour un OVNI, ayant les yeux irrités, et le soleil en face.
"McDivitt lui-même est le premier à dire qu'il ne pense pas que sa "cannette de bière" était susceptible d'être le moindre vaisseau spatial extraterrestre ou phénomène aussi extraordinaire."
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Cela s'est fait tout simplement: McDivitt en a parlé! Ce qui prouve que les allégations sur les astronautes "censurés par la NASA" n'ont pas grande valeur.
Mais cela s'est vite gâté. Quand les media ont voulu voir "la photo de l'OVNI de McDivitt", la NASA leur a montré une autre photo, sans rapport avec l'observation, qui montrait quelques taches qui pouvaient bien être des reflets quelconques. Mais puisque l'OVNI était accepté comme non identifié par le rapport Condon, et que la NASA avait donné cette photo, les médias et les ufologues ont tout naturellement accepté la photo comme étant la bonne. Comme il y avait plusieurs "choses" sur la photo, on retrouve alors George Fawcett commentant à partir de cette image, que "McDivitt a rapporté avoir photographié plusieurs objets étranges... dont un objet en forme d'oeuf avec une espèce de tuyère." Et également, plusieurs analyses de ces photos qui ne sont pas les bonnes... et cela continue avec l'article de Claude Burkel, car la photo dont il parle n'est évidemment rien d'autre que cette image-là. L'histoire fausse est reprise notamment par Jacques Pottier [po1].
Pour certains, le fait que le vrai film n'ait pas été diffusé est du à une censure à la NASA, qui aurait confisqué les images. Pour McDivitt, ce n'est pas le cas. Il avait regardé image par image tout ses films pour y retrouver l'OVNI, mais ne l'avait pas retrouvé. Il a pensé que le film en question avait probablement simplement été jeté à la poubelle, et il en a donné la raison: beaucoup d'images tournées lors de ces missions sont surexposées ou floues, et les développeurs les jettent, tout simplement.
Selon Claude Burkel, Young et Collins sont en mission Gemini 10 quand Collins photographie 4 soucoupes volantes qui les encerclent, et Collins montre ces photographies à la TV.
En réalité:
Ce sont là de pures inventions. Le vol Gemini 10 de Young et Collins a eu lieu le 18 juillet 1966. Le 4 décembre 1965 est la date de la mission Gemini 7, et non 10, avec Borman et Lovell, et non pas Young et Collins.
Ce qui se raconte d'habitude pour cette date est que Frank Borman et James Lovell à bord de Gemini 7 auraient vu un OVNI "à une certaine distance de leur capsule," que le contrôle au sol leur aurait répondu que c'est le dernier étage de leur fusée Titan et que Borman aurait dit que cela ne pouvait pas l'être parce que l'objet était différent.
L'histoire sur une observation du 4 décembre 1965, selon le debunker James Oberg [ma1], est encore toute différente, et montée de toutes pièces par un journal sensationnaliste.
Le journal avait utilisé une photographie montrant les lumières des fusées de stabilisation sur la capsule des astronautes, en assombrissant la photo pour que les lecteurs ne voient plus la capsule mais seulement les lumières, et ont publié cette photo obscurcie pour faire croire à des OVNIS.
Je dispose de la photographie en question, reproduite par le magazine français "La Recherche" [re1] dans un article de James Oberg et Michel Granger qui défendent qu'aucun astronaute n'a jamais vu d'OVNI:
La flèche de gauche montre les "OVNIS", qui sont en réalité la lumière des fusées de stabilisation de la capsule Gemini 7. La flèche de droite indique le bord du nez de Gemini 7. |
Claude Burkel dit qu'à bord d'Apollo 8, Borman, Lovell et Anders vont vers la Lune et un astronome photographie un "mystérieux objet lumineux" dans le ciel à Milan.
En réalité:
On peut se demander où est le rapport entre une "chose" vue dans le ciel par un astronome à Milan et la mission Apollo 8. La "chose" était-elle leur fusée?
Ironiquement, lors de cette mission, Frank Borman et Jim Lovell ont bien rapporté "quelque chose"; Borman l'a désigné comme "un bogey dix miles plus haut."
Mais Borman avait comme habitude d'appeler "bogey" tout objet non identifié, y compris par exemple un booster ou morceau de fusée, et "bogey" ne désigne donc pas nécessairement un engin extraterrestre ou quoi que ce soit de mystérieux, si l'on en croit cette explication de James Oberg.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
L'une des seules allusions à des OVNIS au cours de cette mission se trouve chez Otto Binder, auteur de science-fiction de livres sur les OVNIS, qui, parce qu'il avait été question de tangage de la capsule, spécule que des "pilotes d'OVNIS" auraient voulu empêcher les astronautes de faire le tour de la Lune. [sa1] Elle est reprise notamment par Jacques Pottier [po1].
Claude Burkel raconte que le 18 mai 1969, la mission Apollo 10 devait tester le LEM sans le poser sur la Lune. Le LEM s'est mis à tournoyer, ils ont alors largué son étage de descente pour pouvoir perdre du poids et rejoindre le module de commande en orbite.
En réalité:
Burkel raconte qu'ils ont vu l'étage largué "au-dessus, puis en dessous, puis derrière eux" et semble trouver cela mystérieux. Mais cela n'a rien de mystérieux puisqu'ils étaient en train de tournoyer... A la NASA, Cernan a été réprimandé parce que lors de l'incident, il avait lâché un "son of a bitch" sonore alors que la presse écoutait les transmissions. Il n'y a aucun OVNI dans cette histoire de toute façon.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Elle ne l'est pas devenue. Il n'y a pas d'OVNI dans cette histoire.
Selon Claude Burkel, Apollo 13 voit une escadrille d'OVNI et le "Congrès International d'Astronomie qui se déroulait en Angleterre en août 1970" a "approuvé à l'unanimité" de "garder un silence absolu sur cette observation.
En réalité:
Personne n'a vu d'escadrille d'OVNI lors de la mission Apollo 13. Les congrès d'astronomes en Angleterre n'ont absolument rien à dire sur la moindre mission Apollo et la politique de la NASA.
La mission Apollo 13 n'a pas eu lieu en novembre 1969 mais en avril 1970!
Le rapport officiel sur l'incident (sans OVNI) de la mission Apollo 13 est disponible. [a13]
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Il y a bien dans le catalogue de Fawcett une histoire d'OVNI, mais le 14 novembre 1969, pas le 19. D'après cette histoire, Pete Conrad, Alan Bean et Dick Gordon lors de la mission Apollo 12 ont dit qu'un OVNI les a précédés en allant vers la Lune jusqu'à arriver à 132.000 miles de notre satellite naturel.
Selon Oberg [ma1], ils n'ont jamais dit cela, plaisantant simplement avec le contrôle au sol à propos d'un morceau de booster qui tournoyait en produisant des reflets, et plus tard, ils ont été étonnés par une lumière sur la terre, qui s'est révélée être un reflet de la lune dans l'Océan Indien.
Claude Burkel indique que Luna XV et Apollo XI ont reçu des "signaux sous forme de distorsion des champs magnétiques" sur Mars et la Lune.
En réalité:
Claude Burkel, qui n'indique aucune source du tout dans l'ensemble de cet article, pour cette fois seulement en indique une: le magazine français "Valeur actuelles N.1725", un magazine qui n'a aucun rapport avec le sujet des voyages spatiaux. Qu'est-ce que ces signaux auraient de mystérieux? Où sont les OVNIS là dedans?
Luna XV ou Lunik 15 était la deuxième sonde automatique envoyé par les Russes sur la Lune pour tenter de ramener sur Terre des échantillons de sol avant les Américains qui allaient se poser sur la lune 3 jours plus tard. La mission a échoué, la sonde s'est endommagée en se posant dans Mare Crisium sur la Lune.
Tout cela n'a rien à voir avec Mars. Le site Internet RR0 [rr0] indique: "Certaines sources indiquent que l'un but de Luna 15 était de déterminer l'origine des signaux captés sur la Lune, et qu'elle capta des émissions identiques en approchant Mars." Mais les "certaines sources" ne sont pas mentionnées et Lunik 15 n'a jamais été prévu pour aller vers Mars.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
L'auteur fantasque Don Wilson, dans un livre arguant que la lune toute entière est un vaisseau spatial extraterrestre [dw1] mentionne "des bruits radio" pendant la mission d'Apollo 11, qui "ressemblaient à des sirènes de pompiers", et il affirme que le contrôle au sol a demandé aux astronautes s'ils "sont sûrs d'être vraiment seuls là-haut?" L'auteur de science-fiction Otto Binder, qui affirme avoir été membre des équipes des missions Apollo à la NASA, écrit qu'Aldrin a parlé au contrôle au sol lorsqu'il marchait sur la Lune pour leur dire qu'il y avait plusieurs engins extraterrestres énormes posés au bord d'un cratère, et que "les enregistrements (ce la conversation) ont été effacés." Jacques Bergier et George Gallet [be1] prétendent qu'Armstrong a dit au contrôle au sol qu'il voit "des traces de chenilles comme celles d'un char" alors qu'il marchait sur le sol de la Lune. Les bruits radio dans leur livre sont "comme des sifflets", et les auteurs affirment que la NASA n'a jamais démenti ni confirmé cela mais a tout dissimulé en cachant leurs informations sur les OVNIS dans l'espace.
Claude Burkel assure que "tout n'a pas été dit", "on n'a pas vu toutes les photos" et fait allusion à la fois à des photos qui ne seraient pas "d'origine lunaire" et à des "radiations inconnues" et autres extraterrestres utilisant la Lune comme base.
En réalité:
Faute de photos d'OVNIS ou de rapports, faut-il en inventer? Quel sens donner à une série d'affirmations qui consiste à dire "je n'ai rien en main, mais il y a des choses que l'on ne sait pas"?
Un grand nombre de choses sont affirmées par phrases lapidaires. Les soi-disant "dômes sur la Lune" ne sont que des cratères ordinaires, ils n'ont jamais impressionné l'astronaute Michael Collins, Surveyor III n'a jamais été déplacé par quiconque sur la surface de la Lune etc. Pas une seule source n'est indiquée et le paragraphe se termine sur l'affirmation qu'à partir d'Apollo XII "tous les autres vols Apollo ainsi que les lancements des astronautes ont été fait dans le secret le plus total", cette ineptie affirmée tout de go en dépit des preuves du contraire.
Comment cette histoire est devenue une histoire d'OVNIS:
Des douzaines de livres racontent n'importe quoi au sujet des missions Apollo. Ce ne sont pas des livres sérieux par des ufologues sérieux, mais des livres idiots reprenant et amplifiant n'importe quelle histoire de tabloïd.