Les sylphes, en anglais "red sprites," sont des flashes lumineux qui teintent le ciel en rouge en formant une tache aux contours étranges, aléatoires. Cette tache rouge s'étend sur une quinzaine de kilomètres jusqu'à une cinquantaine de kilomètres.
Le phénomène est extrêmement bref: trois dixièmes de secondes. Du fait de cette extrême brièveté, on n'avait jusqu'en 1990 pas voulu croire les pilotes d'avions qui le rapportaient. On expliquait de tels rapports comme étant de nature hallucinatoire ou lié à un problème de vision du pilote.
Les premières images de sylphes ont été obtenues en 1990 depuis le sol et depuis la navette spatiale américaine Discovery.
Ci-dessus: la première image de télévision couleur prise depuis un jet de la NASA date de la nuit du 3 au 4 juillet 1994, lors d'un projet de recherches de l'Université de l'Alaska sur ce phénomène.
Le phénomène se produit très haut dans le ciel, et monte jusqu'à une centaine de kilomètres au-dessus des zones orageuses. Ils sont très régulièrement visibles sur les enregistrements vidéo de l'ancienne station orbitale Russe MIR, sur ceux pris au cours de vols de navettes spatiales Américaines.
Un pilote verra rarement le phénomène, car les éclairs orageux nécessaires à son apparition sont d'une intensité lumineuse largement supérieur à celle du sylphe, ce qui le rend encore moins discernable qu'il ne l'est déjà du fait de sa brièveté et de sa couleur rouge, plus discernable par la vision périphérique de par la vision au point focal.
Il existe également un projet de les filmer à partir de la Station Spatiale Internationale (ISS), dans le cadre d'un projet d'étude du Département Analyse Surveillance de l'Environnement (DASE) du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) Français. L'expérience baptisée LSO (Lights and Sprites Observation) devra déterminer si un petit satellite baptisé Taramis, en cours d'étude pour spécifiquement recueillir des données sur ce phénomène, sera lancé par le CNES.
L'explication:
Les physiciens qui les ont étudiés pensent que ces flashes extrêmement brefs sont dus aux radiations cosmiques arrachant des électrons à la surface supérieure des hauts nuages. Le faisceau d'électrons ainsi créé agit sur les molécules d'azote de l'atmosphère et la réaction produit la couleur rouge caractéristique constante du phénomène. Celui-ci est accompagné d'émissions de rayons X et gamma.
Les sylphes et le phénomène OVNI:
Il est erroné de penser que le phénomène OVNI se réduit au phénomène des sylphes pour plusieurs raisons:
Les sylphes sont des phénomènes de très haute altitude, leur sommet atteint l'extrême limite de l'atmosphère, il n'expliquent aucun cas d'OVNIS sous les couches nuageuses ou volant à basse altitude ou atterrissant, ou témoignage de rencontre avec des êtres extraterrestres.
Les Sylphes ne se déplacent pas, ils sont trop brefs. La plupart des rapports OVNI mentionnent un déplacement, et il n'y a quasiment aucun exemple de rapport OVNIS considérés sérieux pour lequel la durée de l'observation est en dessous de la seconde.
Les sylphes sont un phénomène naturel, ils ne peuvent expliquer les rapports OVNIS dans lesquels le ou les OVNIS ont montré un comportement intelligent en effectuant par exemple des manoeuvres d'approche ou d'évitement de l'avion des observateurs.
Les sylphes sont des phénomènes lumineux, de couleur rouge. Les observation d'OVNIS se rapportent souvent à des objets décrits comme solides, éventuellement métalliques, avec de nombreux cas ou il s'agit bien de la description d'une machine, et non pas d'un phénomène lumineux. La couleur rouge n'est pas non plus une constante dans les observations d'OVNIS.
Aucune armée de l'air n'a jamais ordonné à ses avions de poursuivre des sylphes, aucun cas qualifié d'OVNI n'a jamais fait l'objet d'un rapport de pilote à la suite duquel il aurait été avéré que le pilote aurait considéré un sylphe comme un engin volant d'origine extraterrestre.
La taille de ces sylphes dépasse la cinquantaine de kilomètre de hauteur, ce qui est incompatible avec la majorité des phénomènes OVNIS rapportés depuis des avions.
Les sylphes n'apparaissent qu'au-dessus de zones d'orages, tandis que les observations d'OVNIS ne se font aucunement seulement en cas d'orage.
Autrement dit, une observation d'OVNI est explicable par le phénomène du sylphe si et seulement si:
le phénomène dure moins de trois dixièmes de secondes, aux approximations près,
le phénomène a son point le plus bas au-dessous d'une vingtaine de kilomètres d'altitude, et une hauteur de 15 à 50 kilomètres,
le phénomène est de couleur rouge,
le phénomène se produit au-dessus d'une zone d'orages,
le phénomène est uniquement lumineux,
le phénomène ne montre aucun signe de contrôle intelligent,
le phénomène ne montre ni occupants, ni hublots, ni structure artificielle,
le phénomène est stationnaire.
concrètement, je n'ai pas encore trouvé de serait-ce qu'une seule affaire d'OVNI qui s'expliquerait par un sylphe.
Références:
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