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'Oumuamua:

Appareil extraterrestre ou objet naturel?

Le 19 octobre 2017, un objet passant dans l'espace a été repéré par le télescope Pan-STARRS 1 de l'Observatoire du Haleakala à Hawaï, à seulement 30 millions de kilomètres de la Terre.

Il y a eu un consensus des astronomes sur le fait que cet objet ne faisait pas partie de notre système solaire, mais le traversait, provenant forcément d'un autre système solaire.

Il n'y a pas eu de consensus total quant à ce que cet objet était.

Dans ce dossier, j'explique pourquoi il y a eu des raisons de penser que l'objet n'était ni une comète ni un astéroïde.

La détection:

Le 19 octobre 2017, à l'Observatoire du Haleakala à Hawaï, l'astronome canadien Robert J. Weryk repère sur des images prises par le Pan-STARRS 1 (Panoramic Survey Telescope & Rapid Response System 1), la trace sous forme de point lumineux d'un objet. Il braque le télescope dur cet objet et le suit, et mesure que sa vitesse est si grande qu'il ne peut pas être un objet soumis à l'attraction gravitationnelle du Soleil.

Photo.

Ci-dessus: Ce sont les images combinées qui montrent cet objet interstellaire découvert (au centre de l'image dans le cercle bleu). Ce que vous voyez autour, ce sont les traces photographiques d'étoiles ténues qui laissent ces traînée parce que le télescope suint l'objet.

Crédit image: ESO/K. Meech et al., source
https://solarsystem.nasa.gov/asteroids-comets-and-meteors/comets/oumuamua/in-depth

Les 12 images combinées ici ont été prises en 45 secondes au total. Chaque jour l'objet parcourait environ 6,2° du ciel observé.

Visiteur interstellaire:

Le 22 octobre 2017, deux choses étaient devenues claires: l'objet était sur une orbite hyperbolique, ce qui signifie qu'il ne s'est approché de notre Soleil qu'une seule fois et qu'il s'éloignait à nouveau, pour ne jamais revenir près du Soleil. Et, d'après son orbite, il n'était nullement originaire de notre système solaire, mais d'un autre système stellaire.

C'était un objet interstellaire entrant et sortant de notre système solaire, le premier jamais observé - pas le dernier comme nous le verrons plus tard.

Pan-STARRS 1 est un télescope géré par l'Université d'Hawaï, financé dans le cadre du programme Near-Earth Object Observations (NEOO) NASA; programme qui cherche et suit les astéroïdes et les comètes dans le voisinage de la Terre.

Toutes les équipes de reherches de NEO utilisaient alors des caméras dites à charge de couple (CCD). Le processus consiste à prendre trois imagesou CCD ou plus, séparées par plusieurs minutes, de la même région du ciel. Ces images sont ensuite comparées pour voir si un "NEO" (Near Earth Object" s'est déplacé vers différentes positions d'une image à l'autre.

Bien sûr, ce n'était pas une grande surprise de découvrir un objet interstellaire parcourant notre système solaire; les astronomes soupçonnaient que de tels objets devraient probablement exister.

Immédiatement après sa découverte à l'aide de Pan-STARRS 1, des télescopes du monde entier, y compris le Very Large Telescope de l'ESO au Chili, ont été mis en oeuvre pour mesurer l'orbite, la luminosité et la couleur de l'objet. L'observation à partir de télescopes au sol était urgente, pour obtenir les meilleures données, car l'objet semblait se déplacer extrêmement rapidement et serait bientôt perdu de la vue pour télescope, en quittant le système solaire.

Weryk a repéré 'Oumuamua quelques jours après son passage au plus près de la Terre, alors qu'il s'était approché à moins de 0,16 UA de notre planète, soit en peu plus de 60 fois la distance de la Terre à la Lune. Il avait dépassé sa position la plus proche du Soleil plus d'un mois auparavant, volant à moins de 0,25 UA de notre étoile le 9 septembre 2017. Il était entré dans le système solaire en se déplaçant à environ 26 kilomètres par seconde et avait tourné autour du Soleil à près de 55 miles (88 km) par seconde.

Les astronomes avaient eu à peine quatre mois pour l'observer. Même le télescope spatial Hubble a perdu sa capacité à le repérer après janvier 2018. Ainsi, entre octobre et janvier, les astronomes se sont précipités pour observer l'objet avec autant de télescopes que possible. Au total, plus de 800 observations ont été faites. Les chercheurs ont commencé par mesurer la lumière qu'il reflétait, ce qui, au fil du temps, leur a permis de créer une courbe de luminosité qui a montré que l'objet devait être en rotation sur lui-même dans l'espace, ainsi que des indices sur sa taille et sa forme.

Trajectoire.

Ci-dessus: Trajectoire de l'objet dans le système solaire, par Roen Kelly, dans Astronomy.

Première fonctionnalité étrange trouvée :

En combinant les images de l'instrument FORS sur le télescope de l'ESO utilisant quatre filtres différents avec celles d'autres grands télescopes, une équipe d'astronomes dirigée par Karen Meech de l'Institut d'astronomie d'Hawaï a découvert que l'objet variait en luminosité d'un facteur de 10 en tournant sur son axe toutes les 7,3 heures.

Aucun astéroïde ou comète connu de notre système solaire dont la luminosité varie périodiquement aussi largement, n'a jamais été trouvé auparavant.

L'équipe a alors déclaré:

"Cette variation inhabituellement importante de luminosité signifie que l'objet est très allongé: environ dix fois plus long que large..."

Il s'agit bien entendu d'une interprétation astronomique de la variation périodique de la luminosité. L'idée est la suivante: l'objet tourne sur lui-même toutes les 7,5 heures, montrant successivement son profil le plus long et son aspect le plus discret quand il est de face.

La luminosité de l'objet est causée par le soleil qui l'éclaire. Si l'objet avait été en forme de boule, sa luminosité ne varierait pas.

Mais parce que sa luminosité variait d'un facteur dix, cela signifierait que l'objet était presque dix fois plus long que grand.

Ce serait une forme inhabituelle, car, je cite l'équipe de l'ESO, "les objets spatiaux les plus allongés vus à ce jour n'ont jamais été plus de trois fois plus longs que larges."

(Voir :
https://solarsystem.nasa.gov/asteroids-comets-and-meteors/comets/oumuamua/in-depth)

Ci-dessous: les astronomes ont montré le changement périodique de la luminosité apparente de l'objet par ce graphique:

.

Cette courbe de lumière montre la luminosité de l'objet au fil du temps. Elle montre la luminosité de l'objet pendant trois jours en octobre 2017; chaque couleur représente les mesures prises dans un filtre différent, qui ne visualise que des longueurs d'onde spécifiques de la lumière visible ou infrarouge. Les fortes baisses de luminosité ont fait dire aux astronomes que l'objet était long mais fin, ressemblant plus à un cylindre qu'à une boule. La ligne pointillée représente la courbe de lumière d'un objet modélisé qui serait 10 fois plus long que large.

Source :
magazine Astronomy: Roen Kelly, d'après Olivier Hainaut (ESO)/ K. Meech et al., image sur https://astronomy.com/-/media/Images/Magazine%20Articles/2020/02/ou4.png

Le nom de l'objet:

L'objet recevrait le nom 'Oumuamua. C'est un mot hawaïen signifiant quelque chose comme "éclaireur", ou, selon l'Union Internationale d'Astronomie "le messager qui est venu de loin et qui est arrivé le premier"...

Mais l'objet devait avoir un nom plus scientifique, et bientôt l'énigme est devenue apparente.

D'abord, l'Union Internationale d'Astronomie l'a nommé "C/2017 U1", où le "C" signifiait "comète". Mais ensuite, ils l'ont renommé "A/2017 U1", où le "A" signifiait "astéroïde". Mais finalement, il a été renommé "1I/2017 U1", le "I" signifiant "Interstellaire", parce que la seule chose sur laquelle les astronomes se sont mis d'accord à l'époque était qu'il s'agissait d'un objet interstellaire.

En raison de son élongation, il a pu être montré que 'Oumuamua ne pouvait pas être un tas de gravats lâchement agglomérés; sa rotation l'aurait dispersé. Ce devait être quelque chose de "solide". Comme indiqué par Lee Billings dans un article du 11 décembre 2017, disponible sur le site Web du magazine Scientific American:

Jusqu'à présent, il existe peu ou pas d'explications totalement satisfaisantes sur la façon dont un objet solide extrêmement allongé pourrait se former naturellement, sans parler de supporter les forces d'une éjection naturelle à grande vitesse d'un système stellaire - un processus supposé impliquer un déchirement par rencontre avec une planète géante.

SETI:

A l'institut SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), on a pensé que l'objet pourrait être un engin extraterrestre, et l'a "écouté" avec ses radiotélescopes ATA et GBT pour détecter d'éventuels émissions radio. Mais il n'y en pas eu.

Les média:

Tandis que bien des astronomes et commentateurs se moquaient de la tentative de SETI, et se moquaient de l'idée que la chose puisse être un engin extraterrestres, jugé "improbable" (sans justification argumentée de cette "improbabilité"), les médias ont publié beaucoup d'articles sur la découverte, avec un ton parfois sensationnaliste, parfois goguenard quant à l'idée que cela puisse être un engin extraterrestre.

Le grand public a été largement confronté à cette image:

Artists's view.

Elle était sensée représenter 'Oumuamua. Sans justification bien sérieuse, il apparaît là comme un astéroïde bien naturel, à l'aspect rocheux, et allongé. Je ne peux qu'espérer que personne n'ait pris cela pour une authentique photographie d''Oumuamua!

(La plupart des sites Web montraient l'image sans préciser qu'elle était juste une "vue d'artiste"!)

Deuxième fait à considérer:

Comme nous l'avons vu, l'objet a d'abord été désigné "C/2017 U1", comme s'il s'agissait d'une comète.

Mais l'équipe d'astronomes dirigée par Karen Meech de l'Institut d'astronomie d'Hawaï a écrit:

"Nous avons également découvert qu'il avait une couleur rougeâtre, similaire aux objets du système solaire externe, et avons confirmé qu'il est complètement inerte, sans la moindre trace de poussière autour de lui."

La partie importante est: "il est complètement inerte, sans la moindre trace de poussière autour." Cela signifie qu'il ne s'agit pas d'une comète, ou du moins, il ne ressemble pas à ce que nous appelons habituellement une comète.

Ce que l'on entendait par "complètement inerte, sans la moindre trace de poussière autour de lui", c'est qu'il n'émettait aucun gaz, aucune vapeur. Contrairement aux comètes qui en émettent, ce qui est la cause de leur "queue" qui les rendent souvent visible même à l'oeil nu. Cela suggérait que 'Oumuamua était un corps dense, sans eau ni glace ni gaz. Il a été suggéré que la couleur rougeâtre de sa surface était due aux effets de l'irradiation des rayons cosmiques pendant des centaines de millions d'années. D'autres facteurs pourraient expliquer la rougeur, commune sur les astéroïdes et les comètes: des plaques de matière organique comme des tholins par exemple; des dépôts de fer à la surface; ou l'action de micrométéorites qui modifient les propriétés d'un corps au fil du temps.

C'est parce que l'équipe de Karen Meech a contacté le Minor Planet Center pour l'informer qu'il n'y avait pas eu de dégazage observé sur 'Oumumua, qu'il s'est trouvé reclassé de comète à astéroïde le 26 octobre 2017.

Taille:

On pourrait penser qu'il n'était pas possible de dire grand-chose sur la taille d'Oumuamua. Ne sachant pas de quoi il était fait exactement, on aurait pu deviner qu'il était rocheux et donner une estimation de taille basée sur la luminosité qu'il reflétait.

Mais il y avait eu un moyen de connaître la taille: 'Oumuamua est passé tout près du Soleil, et le télescope spatial Spitzer, pointé là, aurait remarqué son échauffement par le Soleil. Cela n'a pas été le cas.

Cela signifiait que ce n'était pas un très gros objet. L'astronome Abraham Loeb (alias Aby Loeb ou Avi Loeb) a considéré cela et a estimé que l'objet mesurait environ 100 mètres de long et 10 mètres de large, s'il était vraiment en forme de cigare. Et c'était un maximum.

Les autres formes possibles :

Les astronomes ont interprété la forme de 'Oumuamua comme allongée. Bien que l'interprétation soit certainement plausible, il y avait une autre possibilité, apparemment non envisagée car elle soulèverait encore plus de questions que la forme allongée.

'Oumuamua aurait pu être un objet plat, par exemple un disque plat. Ou n'importe quel objet plat, un carré, un triangle. En présentant sa surface puis sa tranche, périodiquement, cela rendrait également compte de la variation de luminosité.

Mais je suppose que les astronomes ont préféré la forme de "cigare" à la forme de "soucoupe" car, même étrange, la forme de cigare semble plus naturelle pour un objet naturel qu'une forme plate, difficilement explicable comme quelque chose de naturel. Alors gardons juste la possibilité de cette forme plate possible à l'esprit pour l'instant.

Deuxième caractéristique étrange trouvée:

En juin 2018, la revue scientifique Nature a publié un article de Marco Micheli du Space Situational Awareness Near-Earth Object Coordination Center de l'Agence Spatiale Européenne à Frascati, en Italie, qui avait découvert avec d'autres que 'Oumuamua ne se déplaçait pas comme un astéroïde devrait le faire. Au lieu de cela, le trajet de 'Oumuamua indiquait une "accélération non gravitationnelle très forte", comme l'a dit Karen Meech, co-auteur de l'article.

Cette accélération n'était pas dirigée vers le soleil mais en l'éloignant du soleil; 'Oumuamua accéléré pour s'éloigner du Soleil.

L'attraction gravitationnelle du soleil ou autres corps du système solaire n'était pas la seule chose qui dictait le mouvement de 'Oumuamua. Quelque chose l'a fait accélérer lorsqu'il a quitté le système solaire...

L'énigme que cela a créée est évidente dans cette citation d'un article sur 'Oumuamua paru sur le site Web de la NASA:

Alors qu'il était à l'origine classé comme une comète, les observations n'ont révélé aucun signe d'activité cométaire après qu'il ait dépassé le Soleil le 9 septembre 2017 à une vitesse fulgurante de 196 000 miles par heure (87,3 kilomètres par seconde). Il a été brièvement classé comme un astéroïde jusqu'à ce que de nouvelles mesures révèlent qu'il accélérait légèrement, signe qu'il se comportait davantage comme une comète.

Oups.

Aucun signe d'activité cométaire, donc ça ne peut pas être une comète, donc ça doit être un astéroïde, mais ça accélère légèrement, donc ça doit être une comète.

Laissez-moi vous expliquer.

Un astéroïde suivrait strictement les règles de la gravité, en tant que corps inerte. Mais une comète se comporte un peu différemment. Sous l'échauffement du Soleil, elle éjecte des gaz, de la vapeur, comme si elle avait son propre moteur à réaction, ou des moteurs à réaction, et ainsi, la trajectoire qui serait un mystère s'il s'agissait d'un astéroïde peut s'expliquer s'il s'agit d'une comète.

Mais il a été clairement observé que ce n'était pas une comète...

C'est la deuxième caractéristique étrange d'Oumuamua. Il doit avoir une forme bizarre, allongée ou plate, et aussi, il doit avoir une sorte de mécanisme qu'un corps rocheux inerte n'a pas, de sorte que sa déviation de la trajectoire attendue pour un corps inerte puisse être expliquée.

A ce stade, ou bien sûr, un ufologue s'exclamerait certainement:

"Vous plaisantez? C'est soit un objet en en forme de cigare soit en en forme de soucoupe, avec son propre système de propulsion! Nous avons parlé de telles choses depuis des décennies maintenant!

Mais ce n'est pas si simple.

Tout d'abord, l'équipe dirigée par Marco Micheli de l'Agence Spatiale Européenne a dû rechercher d'éventuelles causes naturelles de la déviation.

Ils ont énuméré 8 causes possibles, y compris un "frottement ou traînée" changeant sa trajectoire, la possibilité que 'Oumuamua était en fait deux objets ou plus se tirant l'un l'autre, ou qu'un fort champ magnétique à l'intérieur de 'Oumuamua interagirait avec le vent solaire, ou que la pression des photons solaires pousserait sur 'Oumuamua pour l'accélérer.

Ils ont rejeté tout cela. La friction ou la traînée tirerait l'objet vers le Soleil, ne l'accélérerait pas dans la direction opposée. Les images de 'Oumuamua n'ont montré aucun objet supplémentaire assez grand pour affecter son mouvement de la façon dont les astronomes l'ont envisagé. Et même un champ magnétique élevé ne provoquerait pas suffisamment d'interaction avec les particules chargées du Soleil pour pousser 'Oumuamua comme cela a été observé.

Puis vint le meilleur:

L'équipe a expliqué que pour que les photons solaires poussent 'Oumuamua assez fort, la roche spatiale aurait besoin d'une densité incroyablement faible, comme celle d'un aérogel, une substance qui peut être jusqu'à 900 fois moins dense que l'eau.

En bref: la pression des photons du Soleil expliquerait l'anomalie de l'accélération de 'Oumuamua, si l'on voulait admettre que cet objet était d'une densité si faible qu'il ne s'agit pas du tout d'un astéroïde ou d'une comète ou quoi que ce soit de naturel qui soit scientifiquement connu à ce jour.

Une solution par Avy Loeb et Shmuel Bialy.

Sans plus tarder, voici la solution proposée par ces astronomes:

'Oumuamua pourrait être une "voile solaire" (ou plus correctement une "photovoile").

Un vaisseau spatial pourrait utiliser la lumière émise par un puissant faisceau laser ou une autre source lumineuse puissante, dirigée vers une "voile", pour être propulsé dans l'espace. Cette "voile solaire" ou photovoile doit être très plate, voire très fine, et très réfléchissante - pour ne pas chauffer et brûler.

Que l'on relise ce que l'équipe de l'ESA a dit:

"... pour que les photons solaires poussent 'Oumuamua assez fort, la roche spatiale aurait besoin d'une densité incroyablement faible, comme celle de l'aérogel, une substance qui peut être jusqu'à 900 fois moins dense que l'eau...

En bref, un corps incroyablement fin, hautement réfléchissant, avec une grande surface, tout comme... une voile solaire.

Maintenant, il y a encore plus merveilleux.

Avi Loeb et Shmuel Bialy ne sont pas des "farfelus". Avi Loeb est professeur d'astrophysique à l'Université de Harvard, il y dirige le département d'Astronomie depuis 9 ans. Il est l'auteur de 6 livres et de plus de 800 articles scientifiques.

Mais il y a encore plus. Avy Loeb n'a pas juste sorti la solution de la voile solaire de son chapeau tout s'un coup.

Il est en fait l'un des participants, depuis le début, du fameux programme "Breakthrough Starshot".

En 2012, l'ancien physicien puis homme d'affaires à succès Iouri Milner a lancé le "Breakthrough Prize" ("Prix de la Percée"), qui finançait chaque année avec 3 millions de dollars un projet novateur en physique fondamentale, en biologie ou en mathématiques.

En 2015, il a lancé un nouveau projet qu'il a appelé "Initiative Breakthrough". Les objectifs du projet étaient de répondre à deux questions fondamentales: sommes-nous seuls dans l'univers? Et: peut-on atteindre les étoiles?

Avy Loeb a participé à la réponse à la deuxième question. le défi était de trouver une solution pratique pour atteindre Proxima Centauri, l'étoile la plus proche de la Terre aprèS le Soleil, pour prendre des photos d'une de ses planètes, Proxima B, connue pour être dans la zone habitable de l'étoile.

Avec ses étudiants et post-doctorants, Loeb a proposé cette solution: une puce électronique avec une caméra CCD et un émetteur radio constituerait l'engin spatial. Il ne pèserait que quelques grammes, si bien que la propulsion ne demanderait pas trop de temps pour se rendre à Proxima Centauri. Il serait attaché à une photovoile légère, et un puissant faisceau laser dirigé vers lui depuis la Terre le propulserait à environ un quart ou un cinquième de la vitesse de la lumière, de sorte qu'il atteindrait Proxima Centauri en seulement 2 ou 3 décennies.

Lui et son équipe ont calculé qu'un faisceau laser de 100 Gigawatts dirigé pendant plusieurs minutes vers une photovoile d'environ 32 mètres carrés de surface suffirait à propulser le micro-engin spatial à un cinquième de la vitesse de la lumière en deux à trois décennies. Encore 4 ans seraient nécessaires pour récupérer les images. L'équipe de ce qui est devenu connu sous le nom d'initiative "Breakthough Starshot" avait démontré que même si cela coûterait à peu près le même montant d'argent que d'autres projets scientifiques coûteux, même si cela était difficile à développer, cela serait faisable, sans nécessiter aucune technologie que nous ne posséderions pas déjà.

En bref, Aby Loeb était "l'homme le mieux placé" pour trouver logiquement la solution de la photovoile au "mystère d'Oumuamua".

L'étude de la faisabilité du projet "Breakthrough Starshot" est devenue un article scientifique, évalué par des pairs et publié dans la revue scientifique Astrophysical Journal en octobre 2015.

Iouri Milner a donné une conférence sur les résultats positifs de l'étude, avec Avy Loeb, Stephen Hawking et Freeman Dyson à New York le 12 avril 2016.

Quelques paragraphes plus haut, j'avais écrit "Maintenant, il y a encore plus merveilleux." Cela ne s'arrête pas là.

En parcourant les articles scientifiques d'Abi Loeb disponibles gratuitement sur arxiv.org, j'ai découvert que James Guillochon et Abi Loeb avaient écrit un papier intitulé "SETI via Leakage from Light Sails in Exoplanetary Systems", soit "Recherche d'une Intelligence Extraterrestre par la Détection des Fuites d'une Voile Solaire dans des Systèmes Extrasolaires".

L'abstract de de l'article était:

Le principal défi de la propulsion des fusées est le fardeau d'avoir besoin d'accélérer le propre carburant du vaisseau spatial, ce qui n'entraîne qu'un gain logarithmique de la vitesse maximale lorsque le propulseur est ajouté au vaisseau spatial. Les voiles solaires offrent une alternative intéressante dans laquelle le carburant n'est pas transporté par le vaisseau spatial, l'accélération étant fournie par une source de lumière externe. En illuminant artificiellement le vaisseau spatial avec un rayonnement cohérent [laser], les vitesses ne sont limitées que par la surface de la voile, la résistance à la chaleur de son matériau et la consommation d'énergie de l'appareil d'accélération. Dans cet article, nous montrons qu'une fuite d'un appareil de propulsion à voile solaire en fonctionnement autour d'un analogue du système solaire serait détectable. Pour le démontrer, nous modélisons le lancement et l'arrivée d'une voile solaire à faisceau micro-ondes construite pour le transit entre des planètes en orbite autour d'une seule étoile, et trouvons une fréquence de faisceau optimale de l'ordre de dizaines de GHz. Les fuites de ces faisceaux produisent des transitoires avec des densités de flux de Jy et des durées de dizaines de secondes à 100 parsecs. Etant donné que la plupart des voyages au sein d'un système planétaire seraient effectués entre les mondes habitables de ce système, les systèmes exoplanétaires à transit multiple offrent les meilleures chances de détection, en particulier lorsque les planètes sont en conjonction projetée vue de la Terre. Si les voyages interplanétaires via des voiles lumineuses à faisceaux sont couramment utilisés dans notre galaxie, cette activité pourrait être révélée par le suivi radio des systèmes exoplanétaires en transit à proximité. Les propriétés attendues du signal définissent une nouvelle stratégie dans la recherche de l'intelligence extraterrestre (SETI).

L'article a été accepté pour publication dans une revue scientifique professionnelle après examen par les pairs (dans Astrophysics Journal).

Et surtout, l'article avait été rédigé le... 3 septembre 2015. Cela signifie que deux ans avant la découverte de 'Oumuamua, Loeb avait déjà deviné qu'il serait possible un jour de trouver des photovoiles extraterrestres dans l'espace, y compris atour d'autres étoiles que la nôtre!

17 mois plus tard, 'Oumuamua a été découvert.

Abraham (Avi) Loeb est titulaire de la chaire Frank B. Baird, Jr. de professeur de sciences à l'Université Harvard et auteur à succès (dans les classements du New York Times, du Wall Street Journal, du Publishers Weekly, de Die Zeit, de Der Spiegel, L'Express et plus). Il a obtenu un doctorat en physique de l'Université Hébraïque de Jérusalem en Israël à l'âge de 24 ans (1980-1986), il a dirigé le premier projet international soutenu par l'Initiative de Défense Stratégique (1983-1988) et a ensuite été membre à long terme de l'Institut d'Etudes Avancées de Princeton (1988-1993). Loeb a écrit 8 livres, dont le plus récent, Extraterrestrial (Houghton Mifflin Harcourt, 2021), et environ 800 articles (avec un h-index de 116) sur un large éventail de sujets, dont les trous noirs, les premières étoiles, la recherche de la vie extraterrestre et l'avenir de l'Univers. Loeb est le directeur de l'Institute for Theory and Computation (de 2007 à aujourd'hui) au sein du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, et est également à la tête du projet Galileo (de 2021 à aujourd'hui). Il a été le plus ancien président du département d'astronomie de Harvard (2011-2020) et le directeur fondateur de la Black Hole Initiative de Harvard (2016-2021). Il est membre élu de l'American Academy of Arts & Sciences, l'American Physical Society et l'Académie Internationale d'Astronautique. Loeb est un ancien membre du President's Council of Advisors on Science and Technology (PCAST) à la Maison Blanche, un ancien président du Board on Physics and Astronomy of the National Academies (2018-2021) et un membre actuel du conseil consultatif pour "Einstein: Visualize the Impossible" de l'Université Hébraïque. Il préside également le comité consultatif de la Breakthrough Starshot Initiative (2016-présent) et est directeur de la théorie scientifique pour toutes les initiatives de la Breakthrough Prize Foundation. En 2012, le magazine TIME a sélectionné Loeb comme l'une des 25 personnes les plus influentes ence qui concerne le spatial et en 2020, Loeb a été sélectionné parmi les 14 Israéliens les plus inspirants de la dernière décennie.

(Bio par l'Université de Harvard, voir https://lweb.cfa.harvard.edu/~loeb/)

Pourquoi aurait-il tort?

Bien sûr, la solution photovoile aux étrangetés d'Oumuamua proposée par Avi Loeb et Shmuel Bialy a été "rejetée" par la "communauté scientifique."

Bien sûr, je me suis demandé pourquoi, et, m'attendant à trouver une "meilleure" solution, qui n'aurait pas besoin des "extraterrestres", j'ai cherché ce que les opposants à l'idée de la photovoile proposaient comme alternative.

Eh bien, j'ai été assez surpris de trouver que ce rejet ne soit guère assuré.

Consultez l'article du magazine Astronomy sur :
https://astronomy.com/magazine/2020/02/our-first-interstellar-visitor

Un article y rappelle l'histoire d'Oumuamua, mentionne la solution de voile solaire en une seule ligne, et dit:

Bien que l'idée que 'Oumuamua soit un vaisseau spatial extraterrestre ou une technologie extraterrestre abandonnée soit certainement excitante, Meech et d'autres soutiennent qu'elle est extrêmement improbable physiquement, d'autant plus qu'une explication que son équipe a étudié fonctionne plutôt bien: "La seule chose qui reste, celle qui est la plus logique, c'est que c'est du dégazage", explique Meech.

Le dégazage est la fuite de gaz et de poussière sous forme de glace à la surface d'une comète qui se sublime, passant directement d'un solide à un gaz lorsque l'objet s'approche du Soleil et se réchauffe. Le gaz qui s'échappe donne à la comète une poussée supplémentaire dans la direction opposée. "C'était le même niveau de force que vous verriez généralement dans les comètes", explique Meech à propos de l'accélération d'Oumuamua, s'il perdait environ 2,2 livres (1 kilogramme) de matière par seconde. D'après ce que nous savons des comètes du système solaire, ce n'est pas inhabituel. Et, après tout, les astronomes s'attendaient à ce que 'Oumuamua soit une comète dès le début.

Maintenant qu'en est-il du fait qu'aucun dégazage n'a jamais été observé sur 'Oumuamua?

L'article dit:

Mais 'Oumuamua n’avait toujours pas de queue, même dans les observations les plus approfondies. Meech faisait partie d'une équipe à la recherche de gaz s'échappant d'Oumuamua, notamment du CN, du CO, du CO2 et de l'H2O. Le gaz CN, qui est brillant et facile à repérer, est entraîné par les comètes de notre système solaire lorsque l'eau quitte la surface, explique Meech. Il peut être utilisé comme indicateur de l'eau, qui est plus difficile à observer. L'équipe s'attendait également à beaucoup de CO et de CO2 car, à mesure que 'Oumuamua s'éloignait du Soleil, les températures baissaient et l'eau devenait plus difficile à sublimer depuis la surface.

Les chercheurs ont suivi 'Oumuamua pendant 30 heures avec le télescope spatial Spitzer à recherche infrarouge, mais rien ne s'est présenté. C'était étrange, car ils s'attendaient à ce qu' "une bonne partie" du gaz, en particulier de l'eau - et, par conséquent, du CN - s'échappe si l'accélération de 'Oumuamua était due au dégazage, dit Meech.

Et:

Mais malgré leurs mesures fines, "il n'y avait aucun CN du tout vu. Et cette limite supérieure était suffisamment forte pour que s'il y avait autant d'eau qui s'échappait, cela indiquerait que cette comète est également inhabituelle, chimiquement", dit-elle. Après tout, les comètes de notre système solaire peuvent être assez abondantes en eau.

"Il est toujours un peu difficile d'interpréter trop de choses dans le fait de ne pas voir quelque chose", prévient-elle. Mais malgré tout, "ce n'est pas tout à fait comme une comète typique."

Ensuite, on nous dit ce que serait 'Oumuamua:

"'Oumuamua est probablement un planétésimal ou un bloc de construction éjecté du processus de naissance des planètes", explique Meech.

Nous apprenons alors que...

Coryn Bailer-Jones de l'Institut Max Planck d'Astronomie à Heidelberg, en Allemagne, a calculé la trajectoire d'Oumuamua - qui provenait de la direction de la Lyre - avant son entrée dans le système solaire. Ses calculs ont remonté l'horloge de plusieurs millions d'années pour comparer la trajectoire de 'Oumuamua aux positions passées de 7 millions d'étoiles de la Voie lactée mesurées par le satellite Gaia. Comme les étoiles se déplacent dans la galaxie au fil du temps, il a dû rembobiner leurs orbites, en plus de celle d'Oumuamua, pour rechercher des endroits où les deux pourraient raisonnablement se chevaucher.

C'était certainement une bonne idée. Mais:

Il a trouvé quatre candidats possibles qui sont passés assez près de la piste rembobinée du mouvement de 'Oumuamua pour en être le lieu de naissance. "Assez proche", dit Meech, signifie que Bailer-Jones a identifié des étoiles dans un rayon de 1 à 2 rayons du nuage d'Oort - 100 000 à 200 000 UA - de la trajectoire de 'Oumuamua. Mais une rencontre rapprochée ne signifie pas nécessairement que l'étoile est le point d'origine d'Oumuamua. De plus, les rencontres ont montré qu'Oumuamua aurait été éjecté de son système d'origine avec une vitesse élevée, comprise entre environ 6 et 16 miles (10 et 25 km) par seconde. "Il est assez difficile d'obtenir des vitesses d'éjection aussi élevées juste à partir d'un planétésimal qui se rapproche trop de planètes géantes (dans le même système)", explique Meech. Ce processus aurait envoyé 'Oumuamua filer à quelques kilomètres par seconde seulement. Et aucune des quatre étoiles n'a de planète connue.

La vitesse élevée serait plus probable, dit-elle, si 'Oumuamua venait d'un système stellaire binaire. Mais aucun des quatre candidats n'est binaire." Donc, alors qu'il s'agissait de nos meilleurs candidats, aucun d'eux ne s'est démarqué pour que nous puissions dire: "Ça y est! C'est le système d'origine!'" dit-elle. La prochaine publication de données Gaia - attendue fin 2021 - pourrait aider, permettant aux astronomes de retracer les mouvements d'encore plus d'étoiles et éventuellement de trouver de meilleurs candidats. "Ce serait formidable de revoir cela dans quelques années", déclare Meech, lorsque davantage de données seront disponibles. Mais pour l'instant, les astronomes sont incapables de déterminer d'où vient 'Oumuamua".

Donc, le "dégazage" est un processus chimique inconnu jamais vu et jamais imaginé auparavant, et impossible à observer avec nis appareils, et le système extrasolaire d'où est venu l'objet interstellaire est introuvable, du moins jusqu'à présent.

Pire, "Il est assez difficile d'obtenir des vitesses d'éjection aussi élevées juste à partir d'un planétésimal qui s'approche trop près des planètes géantes..." Bien sûr, ce ne serait pas du tout un problème si l'on considérait que 'Oumuamua est une photovoile...

Puis une proposition a été avancée: peut-être qu'Oumuamua n'était pas riche en poussière, en monoxyde de carbone, en eau ou en dioxyde de carbone, mais riche en hydrogène gazeux. Si l'hydrogène moléculaire ne couvrait que 6% de la surface d'Oumuamua, ont calculé les scientifiques Darryl Seligman et Greg Laughlin, la sublimation de ces glaces une fois qu'Oumuamua est entré dans notre système solaire aurait pu provoquer l'accélération excessive, tout en évitant la détection même par nos meilleurs instruments du moment.

Mais il est apparu un gros problème: la glace d'hydrogène se sublime très rapidement, même dans l'espace interstellaire. Dans l'intervalle de ne serait-ce que 100 millions d'années, environ le temps qu'il aurait fallu à 'Oumouama pour sauter d'une étoile voisine à la nôtre, il se serait entièrement évaporée même si il avait été plusieurs fois plus gros. Et d'évidence, il ne venait pas d'une étoile proche de la notre...

Aby Loeb et Thiem Hoang ont rejeté cette solution d'hydrogène gazeux dans leur article "Destruction de la glace d'hydrogène moléculaire et implications pour 1I/2017 U1".

Je n'ai trouvé aucune objection publiée à cet article jusqu'à présent. Au contraire, il semblait accepté comme rejetant correctement la solution d'hydrogène gazeux; j'ai trouvé de nombreux articles de vulgarisation scientifique sur des sites Web d'astronomie où il a été présenté comme valide, ou l'on rejetait l'idée de l'hydrogène gaseux.

Mais un autre composant candidat a alors été proposé: la glace d'azote moléculaire (N2). La glace d'azote existe en abondance sur les grands objets externes du système solaire, notamment Pluton et Triton. La proposition a été qu'un morceau d'un tel corps a été projeté depuis un autre système stellaire et a atteint le nôtre. Et l'azote moléculaire échappait en principe à nos appareils de détection.

Mais encore une fois, un article d'Amir Siraj et d'Abraham Loeb a vérifié et rejeté cette possibilité:

Abstract: Récemment, un iceberg d'azote a été proposé comme origine possible pour le premier objet interstellaire, 1I/2017 U1, également connu sous le nom de `Oumuamua. Ici, nous montrons que la quantité de masse dans les planètes de type exo-Pluton nécessaire pour expliquer la détection de `Oumuamua comme un iceberg d'azote arraché d'une surface planétaire nécessite une masse d'éléments lourds dépassant la quantité totale bloquée dans les étoiles avec une certitude de 95\%, rendant le scénario intenable car seule une petite fraction de la masse des étoiles se retrouve dans des exo-Plutons.

Je n'ai trouvé aucune objection publiée à cet article jusqu'à présent.

Il semble que les tentatives de rejet de la solution photovoile semblent la rendre un peu plus crédible à chaque fois.

Le deuxième visiteur interstellaire:

Le 12 octobre 2019, le deuxième visiteur interstellaire à entrer dans notre système solaire a été détecté par le télescope spatial Hubble. Il a même été photographié (ci-dessous, crédit NASA, ESA et D. Jewit, UCLA).

Interstellar comet 2I/Borisov.

Il a été nommé "Comet 2I/Borisov" et il montre clairement sa queue, contrairement à 'Oumuamua.

Astronomy a dit :

L'équipe de Meech a déjà observé l'objet et estime sa taille entre 1,2 et 10 miles (2 et 16 km). Ils ont déjà repéré du gaz CN sortant de sa surface, bien que la comète était encore trop faible en octobre 2019 pour que l'on puisse détecter d'autres gaz, dit-elle. Mais "avec 2I, nous avons une très longue période d'observation d'un an", explique Meech. Cela permettra aux astronomes d'explorer sa chimie - contrairement à ‘Oumuamua - même si, dit-elle, le gaz et la poussière de la comète peuvent entraver les tentatives pour bien comprendre la forme et la taille de son noyau. Mais finalement, [2I] ressemble à une comète, et il est rouge, et il a du CN."

Cela signifie qu'il ressemble beaucoup à une comète typique du système solaire - et montre des caractéristiques très différente de celle du voyageur interstellaire 'Oumuamua. Mais ces différences sont précieuses pour les astronomes qui tentent d'en savoir plus sur la façon dont les autres systèmes solaires se forment, qu'ils ressemblent ou non au nôtre.

Ce qui rend la solution photovoile voile pour 'Oumuamua, encore une fois, un peu plus forte.

Preuve?

Non, ce n'est pas un fait prouvé que 'Oumuamua est une photovoile extraterrestre ou un autre artefact extraterrestre. Avi Loeb ne prétend d'ailleurs pas cela. Il explique seulement pourquoi la solution photovoile ne doit pas être rejetée.

Ce qui est frappant pour Avi Loeb, et moi-même, c'est que toute la question est d'opposer ce qui serait "probable" à ce qui serait "improbable". De nombreux astronomes seraient maintenant d'accord pour dire qu'il est très peu justifié d'affirmer que nous ne pouvons qu'être les seuls êtres intelligents de la galaxie. Beaucoup conviendraient que cela paraît improbable, étant donné ce que nous savons déjà, que la vie n'existerait que sur une sele planète, la nôtre, alors qu'il y a apparemment des planètes autour de presque toutes les étoiles, et au moins 1 planète habitable autour de 1 étoile sur 10, et au moins 200.000.000 étoiles dans notre seule galaxie, et entre 200.000.000 et 100.000.000.000 galaxies dans l'univers observable, soit au moins 1.000.000.000.000.000.000.000.000 étoiles. Il me semble qu'il serait hautement improbable que la vie soit apparue et ait subi une évolution darwinienne conduisant à des espèces intelligentes et technologiques sur une seule planète. Mais, curieusement pour moi, beaucoup utilisent encore l'argument "improbable" pour préférer n'importe quelle solution, aussi improbable soit-elle, qui n'implique pas que nous ne sommes pas seuls.

L'idée que 'Oumuamua pourrait être une photovoile n'a jamais été écartée sur ses propres mérites; elle n'a été écartée qu'au motif qu'une photovoile extraterrestre doit être, pour une raison qui m'échappe, "improbable", et que toute autre solution serait "forcément meilleure", même lorsqu'elle n'est pas prouvée, même lorsqu'elle est seulement légèrement plausible.

Le rasoir d'Ockham? Un bon principe, à condition qu'il ait été démontré au préalable que les "extraterrestres" sont réellement "improbables" plutôt que "probables". Où est cette démonstration?

Je ne suis pas astronome, je suis ufologue. Je vois le même problème avec certains rapports d'observations d'OVNI. Pour certaines personnes, elles doivent toutes être des interprétations erronées et des canulars, car toute explication doit aussi contestable puisse-t-elle être, doit être préférée à celle des "extraterrestres". Les extraterrestres sont "improbables", n'est-ce pas?

Il est peu probable que nous sachions jamais avec certitude ce qu'était 'Oumuamua. Mais peut-être que les corps interstellaires seront mieux étudiés à l'avenir. En fait, je suis sûr qu'ils le seront.

Livre:

Avi Loeb a raconté la découverte et les controverses à propos de 'Oumuama et a expliqué sa solution dans un livre, rendant le tout plus lisible pour le grand public. Il a également discuté des caractéristiques de 'Oumuamua qui renforcent sa solution que je n'ai pas présentées ici (comme sa position dans le LSR).

Alors que je n'ai donné que les points saillants de l'histoire dans cette page Web, le livre en dit plus à ce sujet.

Book cover EN. Book cover FR.

Sources utiles et lectures additionnelles:

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Cette page a été mise à jour le 29 juillet 2021.