L'article qui suit est paru dans le bien connu "Figaro Magazine" en France le 13 avril 1991, durant la vague Belge.
Dix-huit mois d'observations et de témoignages ininterrompus. Le Phénomène a pris une ampleur telle que scientifiques, militaires et civils belges ont décidé d'unir leurs efforts. Pour traquer cette millénaire énigme de l'univers: l'ovni
PAR PIERRE FLIECX/PHOTOS C. FRANÇOIS
Le "patron" de l'armée de l'air belge:
"- Même si, jusqu'à présent, il n'y a pas eu de menace, il faut aujourd'hui reconnaître que le ciel belge, depuis seize mois, est témoin de phénomènes assez extraordinaires. Exceptionnels."
Le physicien de l'université de Louvain, spécialiste de la question:
"- J'ai la certitude qu'il existe un problème extraordinaire et d'une ampleur considérable. On est probablement en présence d'une technologie extraterrestre. En tout cas, non terrestre."
Le secrétaire général de la Société belge d'étude des phénomènes spatiaux:
"- Nous sommes en présence d'engins, de machines. Qui sont bien le produit d'une technologie. Qui font preuve d'un comportement intelligent. Mais dont les caractéristiques sont incompatibles avec tout ce qui est connu."
L'unanimité! La vague d'observations d'ovnis (objets volants non identifiés) qui déferle sur la Belgique depuis près de dix-huit mois réunit dans ses conclusions: MM. De Brouwer, Meessen et Clerebaut. Drôle d'histoire. Car Wilfried De Brouwer n'est rien moins que général-aviateur de la force aérienne, numéro trois de la hiérarchie militaire belge. Auguste Meessen est un éminent enseignant de l'université catholique de Louvain-la-Neuve. Et Lucien Clerebaut est le secrétaire général de la Sobeps, qui s'apprête à fêter ses vingt ans. Du sérieux, pour un problème qui ne l'est pas moins.
Rappelez-vous: l'an dernier, à pareille époque, nous avions participé pendant quatre jours et trois nuits (Figaro-Magazine du 23 avril 1990) à une "chasse" à l'ovni organisée conjointement par les militaires, des scientifiques et les bénévoles de la Sobeps. Opération médiatique et médiatisée ("trop", avouent les organisateurs), qui avait parfois fait sourire. Pourtant, cette conjonction "militaires-scientifiques-civils" constituait une première mondiale. Et un an plus tard, les ovnis sont toujours là! Plus présents encore.
Depuis dix-huit mois, pas une semaine ne s'est écoulée sans qu'un cas d'observation n'ait été signalé (de un à cinq, six, voire dix témoins). Avec trois dates majeures pour ce début d'année 1991: le 21 janvier, où le témoin est Martine Matagne, journaliste de radio bien connue en Belgique. Puis le 23 février. Avant l'apothéose du 12 mars dernier.
Cette nuit-là, près de deux cents personnes sont témoins, en des endroits différents et à des heures différentes, de la même observation. Mieux: par deux fois, à Brame-le-Comte, dans l'Ouest, et entre Haillot et Marchin, près de Huy, des amateurs ont la présence d'esprit et le temps de le filmer au Caméscope. Documents d'importance, puisque durant d'une à près de cinq minutes. Pour Richard Rodberg, Concessionnaire d'un garage à Haillot, c'est le hasard qui en fait un témoin. il est près de 21 heures quand sa femme émet le souhait de faire un tour à Namur pour regarder les vitrines.
Richard sort mettre du carburant dans la voiture:
"- Au loin, dans la nuit, à près de deux kilomètres, en direction d'un radar militaire, j'aperçois une forte lumière. Là où il n'y en a jamais. J'appelle ma femme, mon beau-frère, mon fils et son copain (deux adolescents). Et ma femme propose de prendre la voiture pour aller voir. Nous l'avons retrouvé. A trois kilomètres. Il planait à une trentaine de mètres du sol, complètement silencieux, à environ trois cents mètres de nous. Et brusquement, il est venu droit sur nous et s'est immobilisé au milieu du champ qui borde la route. C'est là que j'ai filmé. C'était incroyable: le champ entier était baigné dans une lumière blanche comme je n'en ai jamais vue. On aurait trouvé une aiguille dans l'herbe. Puis... sans virer ni pivoter, il s'est éloigné sur notre gauche, en direction de la centrale nucléaire de Tihange."
Lors de la reconstitution, nous avons mesuré les distances: l'objet s'est trouvé à moins de soixante mètres des cinq témoins. Plusieurs témoins confirmeront sa présence près de la centrale. Quant au beau-frère de Richard Rodberg, depuis, il se relève chaque nuit pour guetter à sa fenêtre. "Pour revoir. Savoir ce que c'était."
"- Des cas comme celui là nous en avons des centaines. Avec des témoins fiables qui, à plus de 90 % décrivent, sans le savoir, sans se connaître ni s'être concertés le même objet triangulaire, avec un énorme phare à chaque angle."
Dans le bureau de la Sobeps, à Anderlecht, Lucien Clerebaut ouvre des placards, des tiroirs, sort les dossiers. Lui-même témoin l'an dernier, il n'entend pas lâcher le morceau. Vingt ans de bénévolat et la chance d'être, cette fois, en première ligne en Belgique. Car l'affaire est d'importance: les descriptions, toutes concordantes, font état d'un objet de cinquante à cent mètres d'envergure!
L'épaisseur du triangle? Près de deux étages! Et des déplacements ou sustentations inexplicables. Un mystère à éclaircir. Ne serait-ce, ajoute Clerebaut, que pour savoir "ce que signifie cette violation quasi quotidienne de notre espace aérien."
Un problème qui a dû "chatouiller", bien entendu, les ministères de la Défense et de l'intérieur. Des notes officielles, et loin d'être tenues secrètes, en attestent. D'autant que l'armée détient les "preuves" d'un phénomène encore inexpliqué: les films de cinémitrailleuses de chasseurs F16 mis en alerte et envoyés en interception d'échos radars suspects depuis la base de Beauvechain. Neuf tentatives "de verrouillage" de l'objectif (lock on) ont été tentées par les F16. Trois ont réussi, dont nous publions les photos. A chaque fois, l'approche par les chasseurs a provoqué une brutale modification dans le comportement de l'objet.
Analyse du général De Brouwer:
"- Il restait deux hypothèses, en fin de compte: un phénomène d'interférence électromagnétique, ou un objet réel. Techniquement, il est possible d'avoir une interférence. Donc, sur le radar d'un avion en vol. Mais pas sur deux. D'autant que les F16 volent à plusieurs kilomètres de distance. C'est un phénomène qu'on ne peut pas simuler: inexplicable, car dans le même temps un autre radar, au sol, le radar OTAN de Glons, donne lui aussi les mêmes indications; et il est totalement impossible que les trois radars soient victimes de la même interférence or le phénomène a été enregistré à deux reprises."
Au début de la vague d'apparitions, certains ont évoqué un avion furtif américain F117 comme hypothétique "coupable". Le général De Brouwer dément catégoriquement:
"- Exclu. Nous sommes en présence d'un objet qui ne se déplace guère, reste stationnaire, évolue à des altitudes très basses: ça ne colle absolument pas avec les performances des avions furtifs. Aucun doute là-dessus."
La science peut elle apporter la bonne réponse? Professeur de physique et chercheur passionné, Auguste Meessen s'intéresse au sujet depuis plus de vingt ans, à l'échelle mondiale:
"- Depuis longtemps, je me suis rendu compte qu'il y a là un problème non résolu. Comme il possède des aspects physiques et que je suis physicien ça m'interpelle", dit-il.
Rigueur et patience du scientifique! Auguste Meessen est allé sur le terrain des premières manifestations: sa région natale, les cantons belges de langue allemande. Il a recueilli les témoignages. Puis s'est penché sur les radars et leurs mystères, grâce à la compréhension et la collaboration des autorités militaires. Il travaille aujourd'hui avec les données de quatre radars civils et militaires. Auguste Meessen garde une prudence professionnelle. Demande encore du temps, des expériences. Mais lâche:
"- Le phénomène semble technologique. Mais les formes décrites ne correspondent pas du tout à notre système de propulsion et de portance. Pas d'ailes d'avion, de tuyères, d'hélices, pas ou peu de bruit. C'est inexplicable. Et c'est ce qui m'intéresse: comment cela fonctionne-t-il? Il se passe quelque chose de remarquable en ce moment en Belgique. il est dommage que la communauté scientifique ne relève pas le défi. Parce que les scientifiques sont très occupés. Mais aussi parce qu'on vit dans un monde où on attache plus d'importance aux croyances qu'à l'examen des faits."
Et les faits sont là. Encore et toujours là, depuis que l'"ufologie" (de l'américain UFO "unidentified flying objects" existe depuis près d'un demi-siècle). En 1967, lors du 7e Congrès international des experts en UFO, Hermann Oberth, père de la navigation spatiale et "maître" de Wernher von Braun, déclarait:
"- Les UFO sont sans doute des vaisseaux spatiaux venus d'autres mondes. Les êtres qui les dirigent sont en avance sur nous et, si nous nous comportons intelligemment, ils peuvent nous apprendre beaucoup de choses."
A suivre...
PIERRE FLIECX