La page d'accueil concernant les cas de la vague française de 1954 se trouve ici.
Référence pour ce cas: Fin-oct-54-Chambligny.
Merci de citer cette référence dans toute correspondance avec moi en rapport avec ce cas.
Vers 2015, le groupe d'ufologie Comité Nord-Est des Groupements Ufologiques (CNEGU) publiait une nouvelle version de son catalogue des "rencontres d'humanoïdes" dans le Nord-Est de la France, et y notait que selon le journal La Bourgogne Républicaine des 30 - 31 octobre 1954 et 1er novembre 1954, il y avait eu le récit suivant:
En octobre 1954, à Chambligny, deux paysans rentrant chez eux par les champs de nuit avaient observé une "soucoupe" ou un "cigare" posé dans un pré. Ils s'en sont approché et ont vu un "Martien" aussi large que haut, la tête dans une grosse boule de verre, "un type énorme". Les témoins lui ont adressé la parole et ont reçu un "coup de rayon qui les projette dans le fossé" où ils sont restés inconscients. Au réveil tout avait disparu, et leur entourage ne les a pas cru.
Le CNEGU explique qu'il s'agissait d'une pseudo-lettre d'un correspondant, qui était en réalité une satire inventé par l'écrivain ufologue Charles Garreau; la localité avait été créée pour l'histoire.
J'ai lu l'article de la Bourgogne Républicaine du 30 octobre 1954.
Le récit, une parodie évidente et interminable de rencontre de Martiens, par deux poivrots, est purement humoristique.
Elle n'a probablement pas été écrite par Charles Garreau.
Charles Garreau était alors un journaliste de La Bourgogne Républicaine, et était depuis les débuts très intéressé par les observations de soucoupes volantes, en Bourgogne et dans le monde. Cala était évidemment connu de sa rédaction, car il avait signé de nombreux articles sur le sujet dès avant 1954. La parodie en question est en fait écrite par un chroniqueur humoriste du journal, "le Bareuzai", qui écrivait presque quotidiennement dans sa rubrique "A la bonne franquette" des histoires se voulant amusantes, qu'il mettait en scène dans un village imaginaire, effectivement: Chambligny.
Il est évident que "le Bareuzai", avec cette parodie de rencontre de "Martiens", avait tout simplement voulu "charrier" son collègue passionné de soucoupes volantes Charles Garreau.
Ce "cas", ou plutôt cette histoire, n'est pas un "canular journalistique" parce qu'il n'y a strictement aucune chance qu'un seul lecteur de ce récit ait pu croire un seul instant que ce serait de vrais événements qui y étaient rapportés. Il n'y avait nulle intention de tromper, et ce n'était pas l'écrit d'un journaliste, C'était en fait une satire humoristique.
[Ref. lbr1:] JOURNAL "LA BOURGOGNE REPUBLICAINE"":
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par LE BAREUZAI
Monsieur Garreau,
EXCUSEZ-MOI si je vous occasionne du dérangement, mais faut absolument que vous soyez au courant de l'affaire, et comme tout ceux-là qui voient des soucoupes volantes vous écrivent, moi aussi je mets la main à la plume, dans l'espoir que des individus d'autres pays auront vu mes Martiens et vous permettront d'établir le chemin qu'ils ont suivi.
Parce que, vous entendez, il y a eu des Martiens à Chambligny, à la limite c'est vrai, mais quand même sur le territoire de la commune, personne pourra dire le contraire: Les Comottes, c'est de Chambligny.
Et on est deux à les avoir vu, le Charles notre doyen (le Vieux Charles, on lui dit) et puis Bibi.
Au village, le monde veut pas nous croire. Comprenez, ils sont jaloux! Pourquoi nous deux le Charles est pas eux? Ça les fait bisquer.
Alors ils disent:
- Pourquoi que des Martiens s'intéresseraient aux vignes?
- S'ils sont civilisés, pour quoi qu'ils s'y intéresseraient pas?
Mais pourquoi Chambligny plutôt que Ladois, Chambolle, Vougeaot ou Meloisey? Voui, pourquoi Chambligny?
Et pourquoi pas Chambligny, s'il vous plaît?
Toc! Ils la bouclent.
Ah mais!...
Pareil la même chose pour les gens de la ville. Ils peuvent pas avaler qu'aucune soucoupe vient se poser sur la place Darcy ou au jardin de l'Arquebuse à Dijon (pas davantage sur la place de la Concorde à Paris), ni même vole au-dessus de leur cité ("notre belle cité!")
C'est pourtant comme ça: si les martiens ont le goût champêtre, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?
Et pourquoi qu'ils vont jamais au-dessus de la Suisse? Et pourquoi ni les Rouskis ni le Chinois n'en voyent, pendiment que tout partout ailleurs le ciel en est encombré et que nous autres Français, à ce point de vue-là, on est comme qui dirait des petits gâtés?
Allez donc les comprendre, ces drôles d'oiseaux! Ils ont leur manière de voir, qui est pas la nôtre. Et des raisons, sans doute, qu'on ignore.
Toujours est-il qu'ils se sont intéressés à Chambligny, puisque comme je vous disais, Monsieur Garreau, il s'y sont posés. Je peux vous montrer l'endroit exact bien que les traces aient disparu.
Alors, laissez causer le monde et écoutez le récit circonstancié de notre aventure.
Ah pardon! Avant, je dois encore vous dire que M. Rebouillat, qui est correspondant de presse pour Chambligny que vous connaissez sans doute en qualité de collègue, je dois vous dire que Monsieur Rebouillat nous a envoyés balader quand tout de suite après le phénomène, vers les une heure du matin, on l'a réveillé afin de lui annoncer la chose et il a même tout juste été poli: pour un peu, il aurait dit qu'on avait un verre dans le nez, que le Charles était un vieux gâteux et moi un homme pas sérieux. Espèce de d'adiupète! Si c'est comme ça qu'il renseigne les abonnés du journal!... Faut pas s'étonner qu'il y ait jamais rien sur le pays!...
Bon.
On était donc allé chez le Maurice, à Pernagy, histoire de causer de choses et d'autres, la vendange qui venait de finir. Et puis, vous savez ce que c'est, de fil en aiguille on reste goûter, le temps passe sans même qu'on se rendre compte.
C'est agréable de se trouver entre copains.
Ecoutez: sans vouloir mal parler d'elle (elle a ses qualités et ses défauts, comme tout le monde), je me trouvais mieux à mon aise que si ma vieille avait été là. Ça vous étonne? Pour un peu, je me serais cru loin, loin en arrière, au temps où j'étais un junhomme (pour causer à la façon de la Caloune).
Joli junhomme, voui! A plus de quatre vingt ans!
Enfin, bien mangé, bien bu, bien fumé, bien causé, passé les onze heures du soir, nous vla repartis. De notre pied, parce que le Maurice voulait nous reconduire dans sa bagnole, mais pensez-vous! Ça nous ferait du bien de marcher. (Et puis dites, heureusement qu'on a refusé, car si on était rentré en auto, on aurait pas vu nos Martiens!)
La nuit était claire et un peu frisquette. On pouvait prédire de la gelée blanche au matin, si sûr que deux et deux font quatre.
On s'en allait donc les deux en se tenant bras dessus bras dessous, kif kif les conscrits (ceux-là de la semaine passée comme ceux-là d'il y a un siècle) et on chantait des vieilles chansons de route du temps de notre service.
Bon.
Le vieux Charles, il avait légèrement son pompon, mais rien: à peine du vent dans les voiles. Lui faut si peu de choses, à c't'heure.
Moi, j'étais aussi calme que vous me voyez en ce moment, en train de vous écrire, à huite heures du matin.
D'ailleurs, nos témoignages s'accordent parfaitement, ce qui serait pas le cas s'il s'agissait d'hommes soûls.
On venait donc tranquillement sur le chemin et on arrivait vers les Comottes, la vigne de Monsieur Renaud; plus exactement on était à hauteur de la friche qui se trouve avant et était autrefois au Mouillebec qui l'a bazardée pour une bouchée de pain au Mulot, quand le vieux Charles s'arrête pile et me dit:
- Si on pissait un coup? (sauf votre respect, mais il a dit comme ça.)
- Comme tu veux.
On se tourne donc vers le fossé, à droite, en regardant du côté de Beaune, et tout en versant de l'eau on se cause du temps qu'il ferait demain. Pas trop couvert et même beau. Enfin, au bout de cinq bonnes minutes, comme on en avait à peu près fini, on se retourne, et, vingt dieux! Qu'est-ce qu'on voit à environ cent mètres de nous: une soucoupe posée dans la friche!
Je dis cent mètres. Le Charles prétend: pas même cinquante mètres. Mais pardon: il l'avait pas vu, c'est moi que je lui ai montré: une soucoupe! Une soucoupe!! Une soucoupe!!!
Alors je maintiens cent mètres. Elle avait la forme d'un plat à rôti, un œuf, si vous voulez, ou encore un gros cigare ventru.
Notre doyen veut que ça ait été une boule rouge. Discutons pas: boule ou cigares, on est d'accord. Seulement je la voyais pas rouge, mais gris-bleu-vert, avec un peu de rouge par en dessous. En faisait une drôle de lumière, une lumière... enfin quoi, une lumière!
Bougeait pas plus qu'un homme qu'on rase.
Nous non plus on bougeait pas. Cloués sur place on était, dites donc il y avait de quoi! Et la bouche ouverte. Et le Charles a fait machinalement le Nom du Père, c'est vous dire.
Un moment, il m'a soufflé en s'agrippant à moi:
- "En a une autre, à côté, regarde, à gauche."
Mais non, il y en avait rien qu'une et c'est bien suffisant.
Pour vous dire la vérité, Monsieur Garreau, j'avais une belle frousse et je me sentais tout ragreumsi, tour ratatiné, et du froid me coulait entre les deux épaules.
Moi qui, encore le dimanche d'avant, chez le Tienne, me foutais de ceux qui y croyaient aux soucoupes (sans vouloir vous offenser, Monsieur), à ce moment-là, je me suis fait des sacrés reproches et donné des jolis noms!...
Tout de même, on s'est ressaisi, vu qu'on était chez nous, après tout, sur le territoire de la commune! Alors on avance de quelques pas pour aller se rendre compte de plus près.
Est-ce qu'on découvre pas un individu hideux, dit le vieux Charles, mais c'est faux), un individu, aussi large que haut, la tête dans une grosse boule de verre, un type énorme qui devait bien faire dans les trois cent livres.
Quel coup!
Ainsi, c'était donc bien vrai!
Allons, je me dis, Martien ou pas Martien, soyons polis.
- Bonjour! je lui crie. Ça va?
- Ça va? demande le vieux Charles en écho, la voix tremblante.
(Moquez-vous si vous voulez: c'est pas des émotions pour des hommes de nos âges!)
Et on s'avance la main tendue, comme vers un vieux copain.
- Va vers l'homme, me souffle le vieux Charles, moi je vais vers la femme.
(Quelle idée, puisque y avait rien qu'un Martien sortie de la soucoupe, je le jure. Mais à l'intérieur s'en trouvaient d'autres, probable. Celui-là, il avait dû ensorceler notre doyen en lui faisant voir une femme, je sais-t-y moi?) Bref c'était un Martien ou des Martiens.
D'ailleurs, on n'a pas eu le temps d'éclaircir la chose, ni même d'en discuter, car il nous a envoyé le Rayon de la Mort: on s'est senti tout choses, des frissons tout partout, et vlau! On est tombé doucement dans le fossé, sans se faire de mal, pareil que quand on est entourné d'avoir voulu valser comme au bon vieux temps si vous voyez ce que je veux dire: doux, mou, flou.
A partir de ce moment-là, on se rappelle plus de rien, ni moi, ni le vieux Charles. C'est le froid qui m'a ravigoté. J'ai secoué la camarde. On s'est ébroués. Plus de soucoupe ni de Martiens. Disparus. D'après ma montre, mais au jugé quand même, on a dû rester presque une heure sous l'influence du Rayon (je disais Rayon de la Mort, c'est pt'être Rayon de l'Evanouissement, à petites doses, et de la Mort en pleine charge).
Pas besoin de vous expliquer qu'on était babas.
Tout seul, j'aurais cru que j'avais rêvé. Mais le Charles avait vu comme moi. Ça concordait exactement. Alors...
Alors on a réveillé M. Rebouillat, qui nous a reçu comme des chiens dans un jeu de quilles, ainsi que je vous disais tout à l'heure. Puis la Pointue pour que la nouvelle coure le pays, mais la vieille charogne nous a traités de soûlots et lancé dessus le contenu de son ce que vous pensez. (Tant pis, faut bien souffrir pour la Science!). Le Maire nous a envoyé faire foutre (sauf l'honneur de la compagnie(, disant que ça le regardait pas. Du coup, j'ai posé le Charles à sa porte et je suis rentré chez nous dare-dare.
La Mélanie s'était pas couchée. Elle m'espérait, inquiète, en tricotant. Et pas gracieuse! Au point qu'elle a fait celle qui n'entend pas quand je lui racontais ma soucoupe. Elle écoutait, pourtant, mais j'ai bien vu qu'elle en croyait pas un seul mot.
Ça m'a fait de la peine, vous vous en doutez.
Et pas davantage le lendemain, même quand le vieux Charles lui a confirmé la chose et elle pensait le de mèche avec moi pour lui dire des craque, car elle lui répondait que par proverbes:
"Qui se ressemblent s'assemble."
"Dis-moi qui tu fréquentes..."
"Les loups se mangent pas entre eux", en lui faisant une mine malgracieuse.
Vieille tête de buis!
Pour ce qui est des gens du pays, comme je vous l'expliquais, Monsieur Garreau, on a pas pu les convaincre, parce qu'ils y mettent de la mauvaise volonté par méfiance et par jalousie.
Alors, venez donc à Chambligny avec le photographe, je vous donnerai tous les détails et moi et le Charles 11 conduira à l'endroit, afin que vous jugiez par vous-même.
C'est ça, venez, venez, ça serait-il que pour faire bisquer ma vieille, la Pointue, le Maire et de façon générale tous les habitants du patelin. Parole d'honneur, si vous faites le déplacement et un bel article sur le journal avec photo, M. Rebouillat en prendra la jaunisse, sûrécertain, et sa dame idem, la même chose: elle est si glorieuse... Vingt dieux! et on boira une bonne bouteille!
Dans l'espoir que, recevez et que cétéra et que cétéra...
[Ref. cnu1:] GROUPE D'UFOLOGIE "CNEGU":
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Cas n° 21:
En octobre 1954, à Chambligny (21), deux paysans rentrant chez eux par les champs de nuit observent une soucoupe ou cigare posé dans un pré. Ils s'approchent et voient un " martien " aussi large que haut, la tête dans une grosse boule de verre, " un type énorme ". Les témoins lui adressent la parole et reçoivent un coup de rayon qui les projette dans le fossé. Ils restent inconscients. Au réveil tout a disparu, et leur entourage ne les croient pas.
Explication: Cette pseudo-lettre d'un correspondant est en fait un conte satirique inventé par l'écrivain ufologue Charles Garreau. La localité aussi a été créée pour l'histoire. C'est donc un canular journalistique.
Source: La Bourgogne Républicaine n°252, 30/31 octobre et 1er novembre 1954.
[Ref. cnu2:] RAOUL ROBE ET JEAN-MICHEL ABRASSART - "CNEGU":
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N° | Date | Lieu (Numéro de département) | Category |
21 | Octobre 1954 | Chambligny (21) | U |
Effectivement, "Chambligny" n'existe pas.
Mais ce nom de ville est cité maintes fois (presque tous les jours en 1954!) dans La Bourgogne Républicaine, à l'instar de l'accueil "Saint-Roustan", la ville imaginaire chère à l'humoriste Pierre-Emmanuel Barré. Le chroniqueur de La Bourgogne Républicaine "Le Bareuzai" se servait de ce faux nom de localité presque tous les jours dans ses textes, satires et inventions publiées dans sa rubrique "A la bonne franquette" (6 juin 1954 page 6, 23 septembre 1954 page 6, 26 septembre 1954 page 6, 20 novembre 1954 page 6, etc.)
En fait "Le Bareuzai" avait même compilé un livre de ses chroniques, en 1952, justement titrée "Chronique de Chambligny":
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Sa rubrique n'a porté qu'une seule fois sur les "soucoupes volantes", c'est le présent "cas", paru dans la page des nouvelles littéraires, qui n'a jamais rien contenu d'autre que... des nouvelles littéraires et des fictions.
Il devait donc être évident pour les lecteurs que cette histoire de Martien à Chambligny était une fiction, et cela doit l'être pour les lecteurs de ce "cas".
Le "Bareuzai" est une statue se trouvant depuis 1904 au centre de la place François Rude à Dijon; "Bareuzai" signifie littéralement "bas rosé", des bas couleur de rose, partie du costume d'un ancien vigneron célèbre de Dijon. On a ensuite appelé "Bareuzai" ceux qui connaissaient le patois Bourguignon.
En 1954, Charles Garreau était à ce moment journaliste au journal La Bourgogne Républicaine; il avait un intérêt marqué pour les rapports de soucoupes volantes et a écrit de nombreux articles dans France-Soir puis dans ce journal sur des observations dans sa région et ailleurs au début des années 1950.
Il devint ensuite un ufologue bien connu, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Il était clairement un écrivain "pro OVNIS", mais se trompait souvent car il n'exerçait pas suffisamment de prudence et omettait fréquemment les explications ordinaires des cas qu'il relatait.
Ce "cas", ou plutôt cette histoire, n'est pas un "canular journalistique" parce qu'il n'y a strictement aucune chance qu'un seul lecteur de ce récit ait pu croire un seul instant que ce serait de vrais événements qui y étaient rapportés.
Ce "cas" est en fait une satire humoristique.
(Ces mots clés sont uniquement destinés à aider les recherches et ne préjugent pas des faits.)
Chambligny, Côte-d'Or, Martien, soucoupe, cigare, paysans
[----] indique des sources que je n'ai pas encore pu consulter.
Version: | Créé/changé par: | Date: | Description: |
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1.0 | Patrick Gross | 16 octobre 2025 | Première publication, [lbr1], [cnu1], [cnu2]. |